La bruine qui en tombant sur Rabat samedi dernier devenait glaciale en empruntant au froid du souffle du vent matinal n’a pas dissuadé les volontés bien trempées de participer au premier séminaire national sur le dispositif d’accueil des enfants en situation difficile au Maroc.
Organisée par l’association Bayti −avec le concours de prestigieux partenaires internationaux tels que les monégasques «Apprentis d’Auteuil» ou la suédoise «Save the children»−, la manifestation qui s’est déroulée autour du thème central du placement familial comme substitut à l’institutionnel a enregistré la participation de nombreux représentants de l’administration sociale de l’État et de la société civile. Lequel constat est allé au-devant des vœux des organisateurs pour qui «l’événement se veut une rencontre entre les acteurs de la société civile, les instances étatiques et privées œuvrant dans le domaine de la protection de l’enfance et les professionnels de la sociologie, de la psychologie et de la justice afin d’échanger, de partager et de mener une réflexion sur le dispositif famille d’accueil comme alternative à la prise en charge institutionnelle au regard du contexte marocain».
A l’ouverture des travaux, le président de l’association Bayti a précisé ce contexte d’abord en soulignant l’urgence qu’il y a à entreprendre pour alléger la pression exercée sur l’accueil institutionnel. Pour Jaouad Chouaib, nourrie au marasme économique, la précarité sociale qui met un nombre croissant d’enfants en situation difficile rend nécessaire la recherche de structures d’accueil autres que les centres classiques. Car aussi performants qu’ils soient, ils sont non seulement en capacité moindre que l’exige la demande, mais encore ils n’offrent pas l’accompagnement psycho-affectif que nécessite le traumatisme subi et son dépassement en direction de l’insertion sociale. Cet accompagnement de tous les instants, seule la famille peut l’offrir. Pas n’importe quelle famille cependant, mais celle qui y a été préparée. C’est pourquoi Bayti pense que la bonne démarche est de s’assurer que le foyer d’accueil est apte à recevoir et, cela fait de former les parrains-tuteurs à leur nouveau métier.
Au demeurant, encore que les lignes d’orientation onusiennes soient prééminentes en la circonstance, l’association tient l’accueil pour spécifique au contexte culturel des pays. Ce que d’aucuns ont tenu à évoquer à tort ou à raison – en rappelant que si les principes du droit en vigueur invitent à la prise en charge, ils interdisent l’adoption. Mais même réduit à un simple placement en famille, se sont-ils empressés d’ajouter, l’accueil est d’une très grande utilité sociale. Cette utilité, M. Chouaib l’a dite clairement. Sur les centaines d’enfants pris en charge par Bayti, seuls 37% trouvent une famille de remplacement. Pour booster la procédure, l’association lance donc un pressant appel en direction des autorités afin de donner un cadre légal et réglementaire à l’insertion familiale.
Les débats du séminaire ont porté sur la qualité de la prise en charge dans le cadre des lignes directrices des Nations Unies relatives à la protection de remplacement pour les enfants, le système de protection de l’enfance au Maroc, les réalités et les perspectives concernant la famille d’accueil, le processus de mise en place et les difficultés rencontrées au niveau du dispositif, les assises juridiques du placement et les alternatives à l’emprisonnement. La réunion a également été marquée par des témoignages de membres de familles d’accueil.