Le séminaire qui a démarré jeudi sur les différents acteurs de la chaîne visant à protéger les femmes victimes de violence a permis de remettre sur le tapis un sujet bien sensible. Et la pandémie n’a fait qu’alimenter la violence contre les femmes, à travers le monde. Le Maroc n’est pas en reste. L’Association Jossour FFM, en partenariat avec l’association des jeunes avocats de Rabat, se mobilise avec des instances institutionnelles pour mettre des procédures claires visant à endiguer ce fléau. Explications.
C’est un fait. La pandémie a alimenté les violences à l’égard de millions de femmes et de filles dans le monde qu’elles soient physiques, sexuelles ou économiques. Le Maroc avait déjà adopté la loi 103-13 de lutte contre la violence à l’égard des femmes, appuyée par la Déclaration de Marrakech pour mettre fin à cette forme d’agression physique ou morale. Elle avait été, en effet, signée le 8 mars 2020, lors d’une cérémonie présidée par SAR la Princesse Lalla Meryem, présidente de l’Union nationale des femmes du Maroc (UNFM). Tout récemment, un protocole territorial a été adopté aux niveaux régional et local pour renforcer la prise en charge de ces femmes. Un tel processus a été coordonné par la présidence du ministère public dans la région pilote Tanger-Tétouan-Al Hoceima.
Et c’est dans cette même optique que l’association Jossour FFM, en partenariat avec l’Association des jeunes avocats de Rabat, a élaboré un cycle de formation animé par des personnalités représentées par des magistrats, des avocats et des experts qui œuvrent en tant qu’acteurs dans la chaîne de prise en charge des femmes victimes de violences. «Ces experts vont contribuer à la rédaction d’un guide de procédure facilitant la compréhension des rôles des acteurs intervenant dans la chaîne de prise en charge des femmes victimes de violence», expliquent les organisateurs. Pendant deux jours, les 20 et 21 mai, en présentiel et en rediffusion, la formation aura vulgarisé non seulement le cadre normatif national et international mais aussi les différents services et procédures dédiés à la cause.
L’occasion sera donnée à la sensibilisation, en faveur des femmes victimes de violence, sur le rôle des acteurs intervenant dans la chaîne de leur prise en charge. Concrètement, une chaîne a été instaurée. Elle est principalement axée sur les droits consacrés par la Constitution et les conventions internationales adoptées par le Maroc. Acteur d’association, gestionnaires EMF, avocat, étudiant de droit, assistante sociale, chargée d’écoute et d’orientation, chargée d’accueil, psychologue, centres d’écoute représentant les maillons de la chaîne de prise en charge. Et le contenu du séminaire de formation qui a été organisé pour l’ensemble de la chaîne s’appuie sur plusieurs dimensions dont la prévention, la protection, la prise en charge pour garantir les principes de la dignité et de justice sociale.
Le panel des intervenants retient Maître Zhour El Horr, avocate, ex-magistrate, présidente de la Commission nationale de lutte contre la violence à l’égard des femmes, et présidente de l’Association marocaine pour le soutien à la famille (AMSAF). Celle-ci a animé, jeudi, une thématique sur «Le rôle des acteurs dans la chaîne de prise en charge des FVV» (ministères, acteurs institutionnels, rôle de la commission). De son côté, Dr Anas Saadoun, juge et membre du Club des magistrats, a éclairé la salle, le même jour, sur «le cadre normatif et juridique des droits des femmes, aux niveaux national et international» (loi 103-13, loi 65-15, loi relative à la lutte contre la traite, CEDAW…). Aujourd’hui, Dr Imane Khachani, gynécologue obstétricienne, membre du bureau d’AMLAC, sensibilisera les différents acteurs à «la lutte contre les violences basées sur le genre». Enfin, Me Souad Batal, avocate au barreau de Rabat, apportera les précisions nécessaires sur «le rôle de l’avocat pour l’accompagnement de la femme victime de violence».
Le programme retient le principal : une chaîne de services pour protéger les femmes victimes de violence… Les enjeux sont énormes. La politique du genre ne pourra se mettre en place que de cette manière. Car la violence contre les femmes atteint toutes les catégories socioprofessionnelles. Les études en témoignent.