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Seulement 20% des femmes interviennent dans les émissions de débat

© D.R

Présentation du manuel pratique de lutte contre les discriminations dans les médias

«En tant qu’expertes, les femmes représentent seulement 20% des intervenants, notamment dans les émissions de débat». Le chiffre ressort, mardi à Casablanca, du manuel pratique de lutte contre les discriminations dans les médias, conçu et présenté par 2M. Une publication qui révèle également que les femmes sont peu présentes dans les structures médiatiques. «Elles représentent 11% des directeurs de publication, 20% des directeurs de rédaction. 35% sont des rédactrices en chef et 30% sont des journalistes», détaille le manuel qui relève aussi que la fiction et la publicité continuent à perpétuer les stéréotypes. Et ce n’est pas tout ! Cette publication aborde non seulement des femmes mais aussi d’une autre catégorie sociale assez importante.

Des représentations de personnes en situation de handicap (PSH)
A ce propos, le même manuel fait le constat que «l’accent est souvent mis sur le traitement de la déficience et les limitations fonctionnelles que sur la personne elle-même». Cette publication estime également que la PSH est objet de charité et de surprotection tout en mettant l’accent sur la présence de stéréotypes négatifs (une victime, un être négatif, etc.) ou bien de stéréotypes positifs (superhéros, modèle d’inspiration, etc.).
Cela étant, le manuel se veut de sensibiliser les professionnels des médias aux bonnes pratiques permettant d’éviter les situations de discrimination dans le contenu proposé. Comme il cible les professionnels des médias soucieux de proposer du contenu respectueux et non discriminatoire. De même, il est destiné à tous les intervenants dans le processus de création, de production, de diffusion et de promotion de contenu d’information ou de divertissement. Dans ce sens, la présidente du Comité parité et diversité et directrice du pôle Support de 2M, Khadija Boujanoui, indique que le manuel illustre «les engagements de la chaîne depuis sa création». «Il est à la fois ludique et facile pour tous les professionnels des médias et faiseurs de contenus», poursuit-elle. L’objectif ultime étant, tel qu’elle l’explicite, de «s’éloigner des stéréotypes». Le tout en rappelant que cette publication est disponible en versions arabe et française ainsi qu’en fichiers imprimables et téléchargeables.

Aperçu du débat sur le manuel
Le bal de la discussion est ouvert par la directrice des études à la Haca, Latifa Tayah, qui estime : «On ne peut pas avoir une image uniforme de la femme». L’intervenante, qui donne l’exemple du regard compassionnel sur la femme et les PSH, ressort également une dernière étude de la Haca sur le traitement journalistique de la femme. «Il est vrai que la question est traitée par des journalistes femmes et hommes mais on pose très rarement la question dans sa dimension sociétale», détaille-t-elle. Mieux encore, un travail sur les stéréotypes est, selon Mme Tayah, à faire. «Quand un journaliste aborde la portée pénale, cela rappelle qu’on est en violation de droit», ajoute-t-elle. Par l’occasion, elle met en avant l’intérêt de l’étude aux supports de presse électroniques. «Il y a une dichotomie entre médias», commente-t-elle dans ce sens. En termes de scénarios, elle révèle qu’un effort est déployé. «Mais parfois on tombe dans le néo-stéréotype», avance-t-elle. A son sens, il faut trouver une juste ligne.
De son côté, l’acteur associatif et militant en faveur des droits des PSH, Idir Ouguindi, précise : «L’image des PSH ne représente pas la réalité». Même en terminologie, rares sont, tel qu’il le martèle, ceux qui utilisent PSH. «Avant d’être handicapées, nous sommes des personnes», s’exprime-t-il clairement. Pour lui, le handicap c’est la déficience dans les interactions avec l’environnement. De plus, il présente une étude de 2020 dont il ressort la publication d’une trentaine d’articles avec le mot handicap. Quant à l’image des PSH, elle est, à ses yeux, associée à la pauvreté et la maladie qui nécessitent de l’affection. «Pour un appel à la charité, on recourt aux PSH», regrette-t-il. M. Ouguindi, qui trouve que le manuel est «innovant», propose des «campagnes de sensibilisation pour les journalistes qui doivent se rapprocher des PSH en leur donnant la parole au lieu de consacrer environ 90% des articles aux journées nationale et internationale qui leur sont consacrées». Il propose également des expressions et comportements à adopter à l’égard de ces personnes. «La femme en situation de handicap est doublement discriminée», constate-t-il.
Egalement de la partie, la directrice de la régie publicitaire et solutions digitales de la SNRT et membre de la Commission de sélection des programmes, Ilham Hraoui, met l’accent sur la tendance au «respect» des femmes et PSH, notamment dans les scénarios et les spots publicitaires. «Une sensibilisation est faite auprès des acteurs créatifs», conclut-elle.

 

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Recommandations

– Intégrer l’approche genre en faisant émerger et en donnant la chance aux compétences féminines dans les instances dirigeantes des médias
– Intégrer une sensibilité au genre dans le traitement des contenus d’information
– Diversifier les personnages féminins dans la fiction tout en veillant à rester fidèle à la réalité de la femme
– Identifier et prendre conscience des stéréotypes féminins au stade de la conception et de la réalisation d’un spot publicitaire
– Normaliser le handicap, mise en avant d’une personne en situation de handicap (PSH) sans faire référence à sa condition
– Utiliser la terminologie adéquate quand il s’agit de définir une personne en situation de handicap, de décrire un type ou une situation de handicap
– Eviter l’utilisation de musiques tristes, dramatiques ou exagérément positives qui font appel au sentimentalisme et renforcent les stéréotypes sur les personnes souffrant de handicap
– Augmenter la visibilité des PSH et des thématiques liées au handicap dans les médias en proposant régulièrement des articles et des reportages sur le sujet.

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