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Sida: La moitié des séropositifs ignore son statut

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Depuis des années, le Dr Bezad plaide pour que l’éducation sexuelle soit enseignée à l’école. Elle vise à permettre aux élèves d’adopter des attitudes de responsabilité individuelle et sociale.

Elles ne le savent pas mais leur vie est en danger. Sur les 24.000 personnes qui vivent actuellement avec le VIH au Maroc, la moitié ignore son statut sérologique. «On estime que  12.000  personnes ne savent pas qu’elles sont séropositives.  Ces sujets sont à l’origine de la majorité des cas de transmission du virus à de nouvelles personnes», indique Dr Nadia Bezad, présidente de l’Organisation panafricaine de lutte contre le sida (Opals). 

Pourquoi ces personnes ne se font-elles pas dépister ?  Le Dr Bezad  explique cette situation par le fait que les personnes ont peur  à l’annonce d’un résultat positif pour le VIH. «Ce qui montre que le programme de prévention n’a pas marché», déplore la présidente d’Opals. La solution ? «Il faut sensibiliser et impliquer les jeunes qui constituent une population à risque. Lorsqu’un jeune est sensibilisé aux dangers du sida, il retarde son premier rapport sexuel et utilise le préservatif», signale-t-elle. Depuis des années, le Dr Bezad plaide pour que l’éducation sexuelle soit enseignée à l’école. Elle vise à permettre aux élèves d’adopter des attitudes de responsabilité individuelle et sociale. Outre l’éducation sexuelle, la présidente d’Opals estime qu’il faut généraliser le préservatif féminin et plus particulièrement chez les prostituées qui figurent parmi les personnes les plus exposées au VIH. «Il constitue un moyen de protection majeur contre les infections sexuellement transmissibles (IST) et le sida sachant que le préservatif masculin est peu utilisé», signale- t-elle. A ce sujet, il faut rappeler que sur la base des résultats d’une étude réalisée par l’Organisation en 2010, celle-ci avait  élaboré un plaidoyer au  ministère de la santé, pour que ce préservatif soit commercialisé et que les achats se fassent à un prix convenable étant donné que ce moyen de contraception coûte  trop cher. «Le ministère n’a pas donné suite à nos revendications et aucun appel d’offres n’a été lancé pour l’achat de ses préservatifs qui constituent pourtant un moyen efficace pour éviter de nouvelles contaminations et des décès  chez les travailleuses de sexe», indique-t-elle. 

Par ailleurs, la présidente d’Opals appelle à la création d’un comité national de lutte contre le sida qui serait chargé   de la coordination et de la gestion du Programme national de lutte contre le sida sur l’ensemble du territoire national. La mission essentielle serait ainsi  d’offrir un cadre national d’interventions, d’élargir la réponse nationale à l’épidémie et de coordonner la mise en œuvre des activités de lutte contre le sida.

A travers son programme de prévention, Opals cible non seulement les prostituées, les migrants et les homosexuels mais également les détenus dans les prisons. Celle-ci a d’ailleurs signé   une convention de partenariat avec la délégation générale de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion. Depuis 4 ans, l’Organisation propose des tests de dépistage aux prisonniers. A travers son travail dans 35 pénitenciers, l’organisation a  pu constater que les hommes étaient plus touchés par le VIH que le sexe féminin. Pour celles qui  ont eu le VIH, elles ont pour la grande majorité été contaminées par leurs conjoints.

Les données du ministère

La prévalence du VIH dans la population générale reste faible (0,1%). Les dernières données nationales estiment les nouvelles infections à 1.200 par an. Selon le ministère de la santé, l’extension de l’offre de dépistage a permis de réaliser plus de 2 millions de tests VIH depuis l’année 2012 et de réduire la proportion de personnes vivant avec le VIH qui ignorent leur statut sérologique de 70% en 2011 à 51% fin 2015. Pour sa part, le nombre de personnes bénéficiant d’un traitement antirétroviral a doublé, passant de 4.047 en 2011 à 9.860 à fin juin 2016.

Le ministère de tutelle a pour objectif d’accélérer la riposte au sida pour atteindre «les trois 90» en 2020, soit 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique, 90% de celles qui connaissent leur statut bénéficient du traitement antirétroviral et 90% de celles sous traitement arrivent à la suppression virale et ce, en vue de converger vers l’élimination de l’épidémie en 2030.     

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