Abdellah Amajoud a consenti un effort exceptionnel qu’il a livré sous forme d’une thèse professionnelle intitulée “Gestion concertée et stratégie de mise à niveau urbaine, cas de l’arrondissement de Sidi Moumen“ qu’il a soutenue récemment à l’ISCAE.
Le fruit de ce travail, gros de 147 pages, réalisé en partenariat avec l’ESSEC, est d’autant plus appréciable, que son auteur occupe le poste de chef de cercle de Sidi Moumen.
En effet, les constats parfois critiques et les données chiffrées consignés dans le document ainsi que les appréciations faites de telle ou telle situation procèdent d’une expérience de terrain de plusieurs années. Fort de sa connaissance des lieux, M. Amajoud a tracé un profil précis, sans fard, de cette zone, avec ses spécificités, ses problèmes et ses insuffisances chroniques. Par un rappel historique, on apprend que Sidi Moumen, sous le protectorat, était une localité connue pour son microclimat qui a poussé les colons à y installer leurs fermes. Certains vestiges témoignent encore de cette période. Mais les politiques successives adoptées en ont fait au fil du temps une zone difficile.
L’auteur cite trois “faits majeurs“ : Primo, l’implantation de la première et plus importante zone industrielle du Maroc à Aïn Sebaâ, secundo, l’ouverture de l’exploitation des carrières pour la production de gravier nécessaire aux routes et tertio l’implantation de la décharge publique de la capitale économique au cœur de Sidi Moumen. Ce n’est qu’au début des années 80 qu’une première tentative d’organisation de la zone sera tentée avec la décision de la transformer en commune urbaine.
Mais rien n’y fait, les maux s’aggravent particulièrement au début des années 90 qui ont vu la prolifération considérable de l’habitat insalubre. L’exode rural qui s’est intensifié a fait le reste, créant un autre problème, démographique celui-là. La problématique centrale exposée dans toute sa complexité par Abdellah Amajoud est liée à la prolifération des bidonvilles dans cet arrondissement devenu célèbre depuis les attentats de Casablanca le 16 mai 2003 (la majorité des kamikazes est issue de cette zone qui compte près du tiers des bidonvilles de la ville avec plus de 20.000 ménages).
Premier frein du passé : le budget de la commune est tellement maigre qu’il pouvait à peine faire face aux dépenses de fonctionnement. Il fallait donc inventer une autre politique pour résoudre le problème de l’habitat insalubre. C’est ce que M. Amajoud appelle “ l’approche participative, basée sur la concertation et la négociation“ qui commence, selon l’auteur, à donner ses fruits. “ Cette nouvelle stratégie d’intervention, de prévention et de traitement, thème de la thèse, est basée sur un partenariat public-privé dynamique, associant tous les intervenants de l’acte de bâtir“.
Il s’agissait aussi pour l’auteur de confronter cette nouvelle démarche de partenariat avec d’autres expériences étrangères, notamment française, histoire de l’améliorer et de l’enrichir pour un avenir meilleur pour les zones urbaines des grandes villes du pays.