Société

Société : Entretien avec Hanaa Trifiss, Présidente de « Handicap ou pas cap ?! »

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ALM : Parlez nous de votre projet «Handicap ou pas Cap?!»

Hanaa Trifiss : «Handicap ou pas Cap ?!» représente le projet à portée sociale et solidaire d’une citoyenne au-delà de mes études à Sciences Po Paris.  Bien plus qu’un projet, c’est une réelle implication, une motivation, une envie de changer les états d’esprit vis-à-vis de la perception que l’on a du handicap.

«Handicap ou pas Cap ?!», comme son nom l’indique, porte en lui la volonté de prendre part au défi que doit relever la société : celui d’une plus grande inclusion des personnes en situation de handicap. A la suite de ce voyage d’observation, nous ferons un retour sur expérience à travers plusieurs supports,  notamment grâce à un film documentaire et une exposition regroupant témoignages et photographies pour illustrer les résultats de nos recherches.

 

Qu’est-ce qui a motivé votre choix par rapport au domaine associatif et aux personnes à mobilité réduite ?

Depuis mon enfance, je suis convaincue que la politique politicienne n’est pas le meilleur moyen de réaliser des actions au plus proche de l’homme et de son quotidien. La vraie relation entre les hommes se passe sur le terrain. L’action concrète devrait, à mon sens, dans un premier temps se passer à l’échelle microscopique. Mon projet est orienté vers les personnes  porteuses d’un handicap car je pense que nous mettons des critères, des barrières pour les placer à la périphérie et les exclure du monde ordinaire. Je suis convaincue que c’est une construction volontaire qui vise à favoriser une catégorie de personnes par rapport à une autre.

 

Vous vous êtes fixé de sillonner un pays par continent et filmer les situations et les actions réalisées dans le sens d’une meilleure intégration de cette population dans le monde actif. Qui vous soutient dans votre action?

«Handicap ou pas Cap ?!» est une aventure humaine qui séduit des acteurs de qualité qui nous soutiennent moralement et financièrement.  C’est le cas de la reporter Leila Ghandi, la marraine de notre projet,  Hamou Bouakkaz, adjoint du maire de Paris et en charge de la démocratie locale et de la vie associative, soutient aussi le projet en tant que parrain. Aveugle de naissance, ce jeune ingénieur télécoms nous aide dans nos actions. Le chercheur du CNRS, Dr Pierre Yves Baudot, expert dans les politiques publiques et le  handicap, encadre le projet.

Notre projet a également convaincu la Commission européenne dans le cadre du Programme jeunesse en action (6.200 euros),  la Direction de la santé et de l’autonomie de la Croix-Rouge, le jury du Prix Max Lazard de la  Fondation nationale des sciences politiques, (1.500 euros)  le jury du prix Paris Jeunes Aventures (500 euros) et la Mairie de Bezons (1.500 euros). Ces fonds permettront en effet de financer le film et les déplacements des équipes dans les pays choisis, en l’occurrence le Cambodge, le Brésil, l’Afrique du Sud, le Canada et le Maroc. Audrey Peguin qui travaille pour de grandes chaînes télé telles que TV5 et Canal en est la réalisatrice. L’ambassadeur de notre projet est Pipoye. A 14 ans, Si Mohamed Haidar, artiste marocain qui réalise des prouesses grâce à sa perception si spéciale du monde, liée à l’autisme.

 

Parlez-nous de votre expérience qui vient de se terminer il y a quelques semaines au Cambodge…

J’ai choisi le Cambodge en raison des nombreux conflits politiques qui ont eu des effets néfastes sur la santé des populations. A cause, en effet, des mines, le fléau des unijambistes est flagrant chez les hommes en ville et touche beaucoup  les jeunes filles qui travaillent dans les champs. 70% de la population est analphabète et le manque d’accès aux soins médicaux contribue à la prolifération de maladies infectieuses. Par ailleurs, comme nous l’a confirmé un bonze khmer, ce malheur est accentué par une interprétation erronée de la religion bouddhiste. Pour les populations, le handicap est le fruit d’une  mauvaise réincarnation. Au Cambodge, quand la personne est pauvre et a un handicap associé, il s’agit d’une honte. 

 

Le mois prochain, direction le Brésil. Comment faites-vous pour créer les ponts avec les associations existantes sur place ?

A chaque fois, les contacts sont réalisés à travers le réseau que j’ai pu construire grâce à mes engagements associatifs et lors de mon parcours à Sciences Po, Paris. Je suis convaincue que tout est entre les mains de l’humain et que c’est l’interaction et le lien qui créent le projet. Nous allons être reçus par l’association Rodas Da Liberdade, et une fois sur place, je suis sûre que nous effectuerons de belles rencontres comme au Cambodge.

 

Le Maroc est programmé pour l’année prochaine. Avez-vous déjà entamé les prises de contact avec les organisations qui travaillent sur place dans le domaine du handicap ?

Je suis née en France mais je connais très bien le Maroc pour y avoir effectué deux études. L’une qui m’a valu le prix de la Fondation Zellidja sur la jeunesse marocaine entre rêves et espoirs et l’autre le prix Envie d’agir sur le thème : Le Maroc du 21ème siècle entre authenticité, traditions et culture. Nous sommes en contact avec une association œuvrant dans le quartier populaire casablancais Hay Mohammadi et je pense que nous pourrons entreprendre de bonnes actions le moment venu.

 

Quelles recommandations pourriez-vous faire à tous les jeunes qui entendent contribuer dans l’action sociale pour être efficaces et efficients ?

La première chose à prendre en ligne de compte c’est soi-même. Et quand on veut réaliser quelque chose, il faut toujours avoir l’optimisme. Il faut être convaincu déjà pour convaincre. Pour être efficace et efficient, il faut avoir les reins solides. Il faut essayer de s’entourer de personnes qui partagent les mêmes convictions et c’est bien pourquoi Annabelle m’a rejointe il y a sept mois maintenant. Il faut s’entourer et être encadré par des personnes qui ont déjà fait leurs preuves. Il ne faut pas hésiter à communiquer à travers les réseaux sociaux pour augmenter la notoriété du programme et les chances d’être soutenu davantage.

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