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Sommes-nous mieux armés contre la prochaine pandémie ?

© D.R

La Covid-19 a démontré le déficit de connaissances sur les maladies infectieuses

De nombreux maladies infectent aussi bien l’homme que l’animal, car ils vivent dans les mêmes écosystèmes et pour prévenir efficacement contre ces maladies chez l’homme, il est parfois indispensable de cibler la source animale du virus. Cette approche défendue par l’initiative mondiale «One health» reconnait la santé humaine et la santé animale comme deux éléments interdépendants. Le contexte actuel liée à la Covid-19 met sur les devants de la scène la nécessité de repenser la relation de l’homme à l’environnement qui l’entoure. Pour en débattre, l’association One Health Maroc a organisé le 3 novembre 2020, une table ronde à distance dans le cadre de la journée mondiale de cette initiative. Cet évènement intervient dans cette période inédite qui pousse à réfléchir sur les enjeux sanitaires relatifs à la transmission des maladies et à leurs origines. L’implémentation des mesures de préventions contre les zoonoses s’impose donc plus que jamais.

Le soutien de l’OMS au Maroc

Bien souvent la collaboration multisectorielle se révèle difficile à mettre en place en raison des objectifs fixés par secteur. Au Maroc, la démarche multisectorielle est appliquée. Elle est soutenue par des structures comme l’OMS, à travers divers programmes. «Le Maroc est très actif dans cette lutte multisectorielle contre des questions qui affectent à la fois la santé humaine et la santé animal et qui sont présents dans l’environnement», relève Maryam Bigdeli, Représentante de l’OMS au Maroc. Elle cite pour exemple le Plan National de lutte contre la résistance aux antimicrobiens qui est multisectoriel et préconise une approche «One health». «L’OMS soutient ce plan. Elle n’est pas la seule. Bien sûr nous sommes engagés avec nos partenaires de la FAO et de l’OIE pour appuyer ce plan et aider à sa mise en œuvre», explique la responsable Onusienne. L’OMS accompagne aussi la lutte contre la pandémie grippale un peu partout dans le monde et en particulier au Maroc. «Il est question de surveiller la transmission des virus grippaux de manière à pouvoir contribuer à la fabrication des vaccins pour toutes les années suivantes, et de manière à se préparer à la riposte contre une potentiel pandémie grippale ou à l’émergence d’éventuels nouveaux pathogènes de la grippe. Or vous savez que ces pathogènes circulent à la fois chez l’homme et chez l’animal. On a un programme qui est en place et qui est déjà aussi à l’origine de beaucoup d’interventions qui ont été mise en œuvre pour la lutte contre la pandémie de Covid-19 dans le monde», indique l’experte.

AIEA mise sur le développement des capacités des pays

L’Agriculture, l’environnement, le développement durable et la santé sont parmi les composantes essentielles de One health. Ces volets figurent aussi parmi les champs d’action de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA). Depuis 50 ans, l’AIEA a développé par exemple un programme commun avec la FAO traitant entre autres de la problématique de la sécurité alimentaire et la santé animale. L’agence est active sur le plan de recherche et de développement des capacités des pays membres. Bien avant la Covid-19, l’AIEA a été réactive sur d’autres pandémies, souligne Najat Mokhtar, Directrice adjointe de l’AIEA. En période de la Covid-19, l’agence met en service son savoir-faire par exemple dans l’imagerie médicale et la radiothérapie. Par ailleurs, l’experte indique qu’il y a beaucoup à faire pour se préparer à une éventuelle prochaine pandémie. Pour elle, il faut renforcer les capacités des centres vétérinaires et des centres de santé. D’ailleurs, l’AIEA a créé un programme intégré contre les zoonoses visant le renforcement les laboratoires vétérinaires afin de prévenir toutes éventuelle pandémie. Il est également nécessaire de développer les outils de recherche. « On n’a pas les capacités pour savoir dans le milieu animal (wild life) quels sont les virus susceptibles d’être transmis à l’homme », alerte-t-elle.

Pour un ministère Santé et Environnement

Le besoin de comprendre l’ensemble de l’écosystème de santé impliquent que les chercheurs et experts dans différents domaine conjuguent leurs efforts et travaillent plus étroitement (par exemple vétérinaires, végétales, environnementales) afin de prévenir les risques à venir. «80% du déterminisme de la maladie humaine que nous traitons est lié en dehors de notre corps humain, c’est-à-dire en dehors de notre biologie et de notre génétique. Il est lié donc à beaucoup de phénomènes qui sont extérieurs», déclare Jaafar Heikel, Président de la Société Marocaine de Nutrition, santé et Environnement. Pour lui l’approche One health est donc crucial. Il recommande d’intégrer le concept de la santé comme un tout dans les politiques publiques et prône un ministère qui engloberait aussi bien la Santé que l’Environnement. Le spécialiste propose également une déclinaison de l’approche One Health au niveau local et régional pour mieux servir l’ensemble de la population.

FAO : Penser à une solution globale

La FAO joue de son côté un rôle important dans ce shéma. « Le défi de one health c’est d’équilibrer les besoins des personnes, des animaux domestiques, de la faune, des écosystèmes naturels ou modifiés par l’homme face aux ressources limité et à l’augmentation de la population mondiale et de la consommation» Mohammed Bengoumi, Responsable de la production et santé animales au bureau de l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’Agriculture (FAO) Maroc.

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La Nutrition comme composante du One health en période Covid-19

En sa qualité de Responsable du Programme National de Nutrition au Ministère de la santé du royaume Laila El Ammari indique que : « One health a sa place dans le programme national de nutrition (géré au niveau de la direction de la population qui relève du ministère de la santé) dans la mesure où les principes de ce concept s’allient parfaitement au principe directeur du programme. Celui-ci considère que l’accent doit être mise sur la multisectorialité en tenant compte de la multiplicité des facteurs environnementaux socio-économiques culturels qui interviennent dans le déterminisme de consommation et des habitudes alimentaires ainsi que l’état nutritionnel de la population».

Et de poursuivre : «Le programme considère aussi que l’accent doit être mis sur la création d’un environnement favorable pour assurer l’accessibilité de la population à des aliments surs et sains (que ce soient d’origine animal ou végétal) à travers la sécurité sanitaire des aliments, la sécurité alimentaire, et aussi l’amélioration de la qualité nutritionnelle des produits qui sont commercialisé au niveau national».

Cette démarche intègre les différents acteurs qui œuvre dans le domaine de l’agriculture, l’industrie agro-alimentaire, ou encore la recherche. Pour ce qui est le contexte Covid, la responsable rappelle qu’il y a de plus en plus d’évidences scientifiques qui démontrent qu’une bonne nutrition joue un rôle central dans le renforcement et le maintien du système immunitaire ce qui permet de se protéger contre les maladies infectieuses et aide à se rétablir rapidement. C’est dans ce sens, que le ministère de la santé œuvre pour orienter les professionnels de la santé en matière de prévention et de prise en charge dans le contexte Covid.

 

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