Les passages les plus controversés d’un «plan de mise en oeuvre»des recommandations adoptées en 1992 au sommet de Rio constituèrent le menu des réunions à huis clos des diplomates.
Le plan conditionne la rédaction d’une déclaration de Johannesburg que doivent sanctionner au dernier jour du sommet, le 4 septembre, une centaine de chefs d’Etat et de gouvernement des cinq continents. Parallèlement et pour éviter tout débordement lors d’une marche autorisée de plusieurs dizaines de milliers d’écologistes vers le centre de la conférence le 31 août gardes de l’ONU, policiers et militaires sud-africains bouclaient leur dispositif de sécurité. Des hélicoptères survolaient dimanche la zone pendant que des patrouilles, en voiture, à cheval et à pied sillonnaient les passages avoisinants.
A l’intérieur même du centre de conférence, des contrôles après les filtrages d’entrée, ont déjà donné lieu samedi à un incident avec des journalistes. Sur le plan diplomatique, une demi-douzaine de groupes de travail restreints ont été créés pour les sujets les plus difficiles, notamment finance et commerce (rallonge de l’aide publique des pays du nord au développement du sud, élimination progressive des subventions du nord qui handicapent l’agriculture du sud), « gouvernance » (saine gestion des affaires publiques, lutte contre la corruption, respect des droits de l’Homme) et objectifs chiffrés de réduction de la pauvreté.
Sur ce dernier dossier, les objectifs proposés par les Européens ont été qualifiés « d’irréalistes » par un responsable de la délégation américaine avant son départ pour Johannesburg. Il s’agit notamment de la réduction de la moitié, d’ici 2015, du pourcentage de la population mondiale ne bénéficiant pas « d’assainissement adéquat » (évacuation des eaux usées). Il s’agit aussi d’inverser à la même date la disparition grandissante des ressources naturelles, et de porter à 15% d’ici 2010 la proportion d’énergies renouvelables comme l’éolien et le solaire dans la consommation mondiale d’énergie. Nombreux sont les diplomates qui estiment que le dossier des objectifs chiffrés est moins épineux que les autres. Certains ont même fait état de «progrès» dès samedi sur l’objectif «assainissement» entre les trois principaux camps aux négociations : Européens, Etats-Unis et G-77 (pays en développement). Il est absurde et prématuré de parler d’échec programmé de Johannesburg, estiment les diplomates, se référant au fossé séparant les différents camps sur de multiples enjeux. «Bien sûr on risque de ne pas réussir, mais vues d’aujourd’hui, les chances de réussir ont plutôt augmenté», a souligné l’un d’entre eux dimanche.
De leur côté, les refuzniks sont loin de se comporter comme de simples spectateurs. Des militants du mouvement sud-africain des «sans terre»veulent s’associer à la marche du 31 août, tout comme des groupuscules qui n’ont pas obtenu d’autorisation et qui ont juré de «faire capoter le sommet», rapporte la presse sud-africaine. Samedi soir, à 12 kilomètres du lieu du sommet, la police a mis fin à une marche aux bougies non autorisée de 500 militants en tirant sans sommation trois grenades étourdissantes qui ont fait quelques blessés légers.