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Stress, malbouffe et prise de poids : On est ce que l’on mange…

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La malbouffe fait encore plus grossir quand on est stressé. En état de stress, l’aliment n’a plus le rôle de nourriture, mais d’antistress. Si vous mangez sans en avoir besoin, la prise de poids est effective.

Par Mouna Sqalli (*)

La récente étude menée dans une cinquantaine de pays révèle que «le confinement et le stress liés à la pandémie de coronavirus ont occasionné malbouffe et sédentarité, ce qui a contribué à une prise de poids». Ceci a été confirmé par une autre, conduite dans un centre de recherches biomédicales à Pennington en Louisiane et publiée par le magazine américain Obesity.

Le poids des émotions : Sédentarité et malbouffe

Beaucoup mangent leurs émotions, à coup de malbouffe. Selon l’étude réalisée par Sánchez et Pontes en 2012, «les émotions ne sont pas en elles-mêmes la cause du surpoids, mais il s’agit plutôt de la manière dont nous gérons ces émotions qui auraient le plus d’influence sur l’apparition de surpoids». Dite aussi junkfood, la malbouffe se caractérise par ses nombreuses calories vides, chips, biscuits, pizza, fastfood. Elle est surchargée en lipides et en sucres et perturbe également le bon fonctionnement du cerveau. La malbouffe est dépourvue des nutriments essentiels à une alimentation saine et équilibrée (vitamines, protéines, sels minéraux) nécessaire au bon fonctionnement de l’organisme.
La Junk Food Day, célébrée le 21 juillet, vise à sensibiliser jeunes et moins jeunes à l’importance de l’équilibre alimentaire pour notre poids, notre santé physique et psychique.
La Journée mondiale de la malbouffe arrive directement des Etats-Unis. Une occasion pour mettre en exergue le fait qu’une mauvaise alimentation est associée à un décès sur cinq dans le monde ! Les chiffres sont têtus. L’addition peut être salée, lorsqu’on cumule à la fois le nombre de calories et les glucides. Le surpoids et l’obésité ont progressé plus vite chez les enfants que chez les adultes sur les 35 dernières années. Une étude, publiée dans The Lancet, estimait à 11 millions le nombre de morts liées à une mauvaise alimentation pour l’année 2017, ce qui la rend responsable de plus de décès que le tabac (plus de 7 millions) ou l’hypertension (9,4 millions).
D’ici 2030, le taux d’obésité dans le monde devrait passer de 15,3% actuellement à 21%, selon les prévisions de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Lien entre intestin et émotions

L’intestin, cerveau émotionnel ; se faire de la bile, avoir un nœud à l’estomac, dit bien le lien entre notre ventre et nos émotions. Et c’est à ce titre que F. Joly Gomez, gastro-entérologue, auteure de «L’intestin, notre deuxième cerveau», affirme qu’avec ses 200 millions de neurones du tube digestif, l’intestin est notre deuxième cerveau et produit de la dopamine et 95% de la sérotonine (action anti-dépressive) présente dans le corps, tous deux indispensables à la santé psychique. L’Allemande Giulia Enders, dans «Le charme discret de l’intestin», explique, pour sa part, le rôle que joue le «deuxième cerveau», l’intestin, et son microbiote dans le surpoids, la dépression, la maladie de Parkinson… «80% de ces cellules nerveuses sont en réalité chargées de transmettre des informations depuis l’intestin jusqu’au cerveau».
Selon les études, le microbiote intestinal prend également part à la communication entre l’intestin et le cerveau et influencerait le fonctionnement cérébral. Selon Hans Selye, «le stress est un phénomène d’adaptation du corps qui nous permet de réagir à notre environnement».
Un contexte professionnel, une incertitude de l’avenir, des changements, un manque de temps, des attentes hors d’atteinte, des besoins non comblés sont autant de facteurs qui peuvent entraîner la malbouffe et donc la prise de poids. Il a été démontré, par ailleurs, qu’il y a une tendance plus forte à la prise de poids chez les femmes, liée aux hormones, aux règles, à la grossesse, à la ménopause… En phase de stress, le niveau de sucre (glycémie) dans le sang augmente et en cas de stress chronique, lorsque le taux de glycémie reste élevé, une grande partie du sucre finit par se transformer en graisses. Le cortisol, l’hormone du stress, va déclencher une série de réactions dans l’organisme. L’insuline lors de la prise d’aliments sucrés va favoriser le stockage des graisses. Le stress va aussi augmenter les pertes de minéraux comme le calcium et le magnésium lesquels limitent en temps normal la prise de poids et la rétention d’eau.

Stress, malbouffe et prise de poids : le cercle vicieux

La malbouffe fait encore plus grossir quand on est stressé. En état de stress, l’aliment n’a plus le rôle de nourriture, mais d’antistress. Si vous mangez sans en avoir besoin, la prise de poids est effective. La prise de poids a en effet été, confirmée en cas de stress selon une nouvelle étude australienne. D’après les travaux du Pr Herbert Herzog, chef du laboratoire des troubles de l’alimentation à l’Institut de recherche médicale Garvan à Sidney, les recherches montrent qu’une alimentation riche en calories entraîne une prise de poids supérieure lorsqu’elle est combinée au stress. Sur les colonnes de la revue Cell Metabolism, l’avis est partagé : «Sous l’effet du stress, il est encore plus important de surveiller son alimentation. Une alimentation riche en calories, combinée au stress, entraîne une prise de poids plus importante que la même alimentation sans stress».
Le défi est donc de gérer son stress et adopter un rééquilibrage alimentaire avec une alimentation moins chargée en sel, sucres et acides gras, c’est l’équation de l’équilibre de vie.
Shawn Achor, auteur du Happiness Advantage, docteur en psychologie positive à l’université de Yale, précise qu’«à la base, le stress a une fonction très utile : il permet d’accroître la vigilance; ce n’est pas la situation qui est stressante mais notre capacité ou non à y faire face qui fait la différence. C’est l’excès de stress qui est nocif». Nous avons également des sources de stress bien personnelles, car nous savons fabriquer notre propre stress. Prenez conscience de votre respiration dans la journée, pratiquez la respiration abdominale, la pratique de 30 mn minimum d’exercice physique chaque jour.

(*) Coach certifiée et conseillère nutritionniste, fondatrice de Coach2win

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