La visite du président mauritanien au Maroc s’est terminée mardi par une randonnée autour de plusieurs sites historiques de Marrakech. Aux actes signés lundi, à savoir une convention et deux mémorandums d’entente, sur l’eau –question essentielle pour un pays semi-aride comme la Mauritanie, la pêche maritime – histoire de coordonner la politique commune vis-à-vis de l’appétit des partenaires occidentaux et l’agriculture, a suivi une détente autour des monuments de la ville ocre.
La délégation mauritanienne s’est ainsi rendue aux Jardins de la Ménara, à la mosquée de la Koutoubia, au Palais Al Bahiya et à la célèbre place Jamâa El Fna. L’un des moments forts de cette visite, outre les nombreux entretiens avec S.M le Roi Mohammed VI et les séances de travail entre les délégations ministérielles des deux pays, aura été certainement la rencontre entre Ely Mohammed Vall et la communauté mauritanienne vivant au Maroc. La rencontre tenue tard entre 23 heures et 1 heure du matin, a permis d’aborder tous les thèmes. Les raisons du putsch, les défis de la transition, les élections, et aussi les questions de l’esclavage et des déportés. Sur ces derniers points, le président a dit qu’il faut en parler sans complexes. Les mauritaniens vivant au Maroc, ont à leur tour, fait part de leurs différents problèmes. Les discussions ont accouché de l’ébauche d’un futur ministère dédié aux ressortissants mauritaniens à l’étranger.
Pour le reste, le choix de ceux qui ont eu l’honneur de recevoir le Chef de l’Etat fut des plus difficiles. Le légendaire affairisme du mauritanien, ajouté pour certains, établis au Maroc depuis des décanats, et visant ouvertement un poste dans tel ou tel département à Nouakchott ont transformé une simple formalité de choisir des éléments représentatifs pour accueillir le premier magistrat du pays en une empoignade. Un véritable casse-tête pour les autorités consulaires qui, face à la demande, ont décidé en coupant au couteau, de faire table rase sur l’association des étudiants, quelques éléments incontrôlables de la communauté, y compris dans le petit contingent des journalistes mauritaniens au Maroc (quatre au total).
Conséquence, de nombreux cris de mécontentement de la part de ceux qui n’étaient pas de la fête. Etant un pays multi-ethnique, il n’en fallait pas plus pour réveiller les susceptibilités. Ainsi, dans le camp arabo-berbère, quelques commerçants et même employés du consulat ont dû se contenter de suivre les festivités à la télé. Chez les négro-africains, la frustration était à son comble dans la communauté Soninké (Sud-Ouest de la Mauritanie), irascible de voir leurs cousins Poularaophones conviés en force à l’événement. De spéculations en conjectures, certains n’hésitent pas, une fois le Raïs parti, d’adresser des demandes d’explications aux autorités consulaires.
Au delà des petites frustrations des uns et des autres, la visite du président Ely Ould Mohamed Vall fut un grand moment pour toute la communauté mauritanienne vivant au Maroc. Comme ce fut aussi, concernant le problème du Sahara, l’occasion de clarifier l’option de la solution consensuelle entre les parties. Concernant l’Union du Maghreb Arabe, le président Mauritanien est d’avis que "Le blocage ou la panne qui existe aujourd’hui au niveau de cette institution peut être facilement dépassé si on fait fi d’un ensemble de problèmes qui peuvent être dépassés ou mis à l’écart en attendant d’avancer les choses". Ce dont est pour le moins sûr, c’est qu’entre la Mauritanie et le Maroc, les relations sont au beau fixe.