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Télé-enseignement au Maroc : L’état des lieux du Policy for the New South

© D.R

Fracture numérique, autonomie des étudiants, engagement des parents…

Nous sommes bel et bien dans l’ère de l’apprentissage en ligne. Avec le risque lié à la propagation du coronavirus, les gouvernements du monde entier dont le Maroc ont choisi l’alternative de l’enseignement à distance pour les écoles et les universités. Néanmoins, ce choix nourrit les craintes de voir se creuser la fracture numérique et les disparités sociales.

En effet, 1,6 milliard d’enfants et de jeunes dans 161 pays dans le monde (soit 80% des enfants scolarisés) sont concernés par les contraintes des effets du Covid-19 sur l’enseignement, selon une récente analyse intitulée «Une école en ligne d’avenir, d’équité et de qualité pour tous : Réflexions autour d’un modèle bien conçu» réalisée par Policy for the New South. Celle-ci fait une évaluation des efforts fait par le Maroc jusque-là sur ce nouveau mode d’enseignement et établit une série de recommandations pour développer les moyens mobilisés au profit des élèves et des étudiants.
2.600 cours filmés diffusés au total et 60 leçons/par jour

Au Maroc, le ministère de l’éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, avait annoncé la mise en place d’un enseignement à distance au profit d’environ 10 millions d’élèves, d’étudiants et de stagiaires depuis le début de cette crise. Un premier bilan d’étape réalisé par la tutelle dévoile que depuis le lancement du nouveau dispositif à distance jusqu’au 1er avril, 2.600 cours filmés ont été mis à disposition aux niveaux central, régional et provincial, soit un total de 730 leçons à un rythme de 50 à 60 leçons par jour transmises via les chaînes nationales concernées. Le portail électronique «Telmid Tice» a permis, de son côté, l’accès d’environ 600.000 utilisateurs par jour à un total de 3.000 ressources numériques, tous niveaux et filières confondus.

400.000 classes virtuelles assurées

Les auteurs de cette analyse indiquent que le service «Massar Teams» a pour sa part permis d’assurer une interaction directe entre enseignants et élèves, du public comme du privé, dans plus de 400.000 classes virtuelles comptant plus de 100.000 utilisateurs actifs au total, depuis le lancement jusqu’au 1er avril. Partant de là, le taux de couverture de ce dernier dispositif était, selon le ministère de l’éducation nationale, d’environ 52% sur l’ensemble des classes de l’enseignement public et 15% des classes de l’enseignement privé. «L’effort pour réussir la conversion est donc indéniable. La réponse était rapide alors que le temps est la ressource la plus rare au regard des interventions d’urgence dans les contextes de crises, notamment sanitaires. Laquelle réponse a veillé à ce que toutes les parties prenantes soient impliquées, et que la couverture soit la plus large, eu égard aux capacités limitées.

Elle mérite alors d’être reconnue comme telle», reconnaissent les experts de PCNS. Dans ce sens, il est essentiel de s’arrêter sur les conditions d’accès et d’usage de l’apprentissage à distance, l’engagement des parents dans un contexte d’autonomie, la maîtrise et l’interaction des enseignants, ou encore l’adéquation des moyens technologiques pour assurer un enseignement de qualité. Pour réussir l’enseignement à distance, les auteurs de ce document recommandent de doter les étudiants des moyens leur permettant un meilleur accès aux médias de communication, de veiller à réduire la fracture numérique aux niveaux national, géographique et socioéconomique, aider les parents afin qu’ils puissent s’engager efficacement dans cette démarche qui nécessite une certaine autonomie accompagnée de la discipline dans le suivi de l’enseignement donné en ligne, former les enseignants et les doter des compétences et des pratiques pédagogiques requises en matière de technologies de l’information, réfléchir à des moyens digitaux pouvant réduire la distance en fonction de quatre niveaux : enseignant-étudiant, étudiant-étudiant, étudiant-contenu et étudiant-interface.

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Accès à l’outil digital : encore du chemin à faire !

L’accès à l’outil digital se limite au niveau de la maison alors qu’environ la moitié des étudiants ne dispose pas d’ordinateur portable, de tablette ou de connexion internet, selon les PISA 2018 (enquête de l’OCDE sur l’enseignement). De même, 60% n’ont pas d’ordinateur de bureau, et seulement 24% ont un lecteur ebook. Par ailleurs, les trois quarts des étudiants ont des téléphones portables avec accès à Internet. «Si l’accès à l’outil digital à la maison semble limité, sauf pour ce qui est des téléphones portables avec accès à Internet, l’utilisation de cet outil l’est encore plus. 49% des étudiants enquêtés déclarent avoir fait usage de la connexion internet, 41% utilisent des ordinateurs portables, ce pourcentage retombe à 34% pour les tablettes, 26 pour les ordinateurs de bureau et seulement 14% en ce qui concerne les lecteurs ebook», précise la même étude.

En plus de ces obstacles en matière d’accès et d’utilisation au niveau national, on relève par milieu de résidence la présence d’une fracture numérique entre le milieu urbain et le milieu rural, mais aussi entre les étudiants selon l’appartenance socioéconomique. Ainsi, 67% des étudiants du milieu urbain se dotent et utilisent un téléphone portable avec accès à Internet à la maison et 59% se dotent et utilisent une connexion internet. «Ces proportions sont de l’ordre de 52% et 32% respectivement en milieu rural, soit des écarts respectifs de 15% et 27%», expliquent les experts de PCNS ajoutant que par strates socio-économiques les écarts sont plus importants. «Concernant la possession et l’usage de téléphone portable à la maison, l’écart est d’environ 36%, soit 78% pour les étudiants du quartile supérieur contre 42% des étudiants du quartile inférieur.

Pour ce qui est de la connexion, l’écart se situe à environ 63% alors que seulement 18% des étudiants du quartile inférieur la possèdent et l’utilisent contre 81% des élèves du quartile supérieur», précisent-ils. Au niveau de l’engagement des parents pour l’éducation de leurs enfants, les 3/4 des étudiants reconnaissent l’importance donnée à leur éducation par leurs parents et 76% des étudiants estiment recevoir le soutien de leurs parents au regard de leur éducation. Néanmoins, l’intérêt des parents ne s’exprime pas autant par un suivi du progrès de l’éducation de leurs enfants. Ainsi, seul le quart des parents le fait au niveau national et 20% au niveau rural.

Par ailleurs, seulement 40% des enseignants déclarent avoir des relations de coopération avec les parents, selon les données fournies par PISA.

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