Télévision et scolarité : Pour mieux encadrer la consommation cathodique

Quel est le lien entre la télévision et les résultats des enfants à l’école? Autrement dit, comment la télévision impacte le parcours scolaire de l’élève? Cette question est d’autant plus importante que la télé joue de nos jours, au même titre que la famille et l’école, un rôle de premier plan dans l’éducation de nos enfants. En effet, les pédagogues et les psychologues et même les acteurs de la société civile s’intéressent, de plus en plus, à ce sujet préoccupant. La question est si délicate qu’à fur et à mesure que l’enfant regarde quotidiennement la télévision durant un certain temps, il développe inconsciemment, peu à peu, une dépendance envers elle. Il est, dès lors, important de définir, sur la base des critères pédagogiques, la nature du lien qui doit unir l’enfant à la télé. Tout le monde s’accorde aujourd’hui pour dire que la télé est une arme à double tranchant. Elle peut jouer le rôle décisif d’un outil d’apprentissage bénéfique pour l’élève, étant donné qu’elle ne demande pas beaucoup d’effort à la différence de la lecture. Mais elle peut aussi nuire au parcours scolaire de l’élève en l’absence du contrôle parental. Dans ce sens, le pédopsychiatre Mohamed Amine Benjelloun défend le concept d’une télévision choisie avec l’enfant. «Certes, la télévision est une source d’apprentissage très constructive, mais à condition qu’elle soit bien utilisée. On peut apprendre beaucoup de choses de cet outil. Mais le malheur c’est que la quantité l’emporte désormais sur la qualité. Les images et sons diffusés sur la télé constituent, de plus en plus, un facteur d’excitation qui nuit à la qualité d’apprentissage de l’enfant», explique M. Amine Benjelloun dans une déclaration à ALM. «Trop de télé et trop de bandes dessinées nuisent à l’élève. Si on ne choisit pas les émissions avec lui, si on ne regarde, commente et reprend pas ces émissions avec lui, ceci ne peut être que nocif. Laisser l’enfant scotché devant la télé sans aucun accompagnement est une attitude toxique. Donc, je dis que le problème ne se situe pas au niveau du contenu des programmes télévisés, mais au niveau du rôle des parents et du système de vie qui fait que ces derniers abandonnent leurs enfants», ajoute-t-il. «La télé consommée d’une mauvaise manière ne peut que nuire au parcours scolaire de l’élève. Car ce dernier ne va plus dormir, il sera excité et il ne fera plus l’effort d’apprentissage», conclut-il. Il ressort de l’analyse de ce pédopsychiatre que les parents sont appelés à jouer un rôle décisif pour faire en sorte que l’élève profite des bienfaits de la télévision. Mais, en dehors de l’analyse qui met l’accent beaucoup plus sur le cadre parental, la qualité des programmes de nos télés n’est-elle pas discutable?
«L’influence de la télévision sur le parcours scolaire de l’enfant n’est plus à démontrer. La télévision fait désormais partie de l’espace où se meut l’enfant dès son jeune âge. Par conséquent, elle participe, à sa façon au développement de sa personnalité. Certains programmes peuvent contribuer à développer l’imaginaire de l’enfant, d’autres lui apporter des connaissances concrètes», souligne El Mustapha Benali, président de l’Association marocaine des droits du téléspectateur (voir entretien ci-contre). «Certes, le pôle public se dote depuis plus de cinq ans d’une chaîne thématique qui s’investit dans les champs de la culture et de l’éducation. La création de cette nouvelle chaîne est intervenue dans les perspectives de répondre à plusieurs attentes par le biais d’une programmation ciblée et cohérente. Malheureusement, les résultats acquis ne semblent pas être à la hauteur», ajoute-t-il. M. Benali estime, par ailleurs, que la question du rapport entre la télé et le jeune public reste à défricher au Maroc. Ceci dit, et pour certains pédagogues, la comparaison entre la télé d’autrefois et celle d’aujourd’hui est également valable. «Le problème qui se pose actuellement c’est que la télévision marocaine a changé complètement d’image. Je me rappelle bien que dans les années 80 et au début des années 90, la télé jouait un rôle très important dans l’épanouissement de l’enfant et le développement de son savoir. Il y avait des programmes culturels et des dessins animés très constructifs pour l’élève et qui se répercutaient directement sur son niveau. A l’heure actuelle, la télé se focalise principalement sur la consommation et des produits rentables. Elle constitue, de ce fait, beaucoup plus un danger qu’un outil d’apprentissage pour l’élève», estime, pour sa part, Aziz Hanssaly, professeur d’anglais, dans une déclaration à ALM.