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Tests Covid : Les gains des laboratoires épluchés par le Conseil de la concurrence

© D.R

En dépit de la fixation des prix par l’Etat, ils ont continué à réaliser des marges confortables

Le Conseil de la concurrence a scruté le marché des tests Covid au Maroc en publiant une nouvelle étude. Il faut tout d’abord rappeler que dans son avis n° A/2/2021, le Conseil s’était réservé le droit, une fois les mesures temporaires prises par le gouvernement, de suivre étroitement la situation de ce marché, de l’étudier en profondeur, et de proposer des recommandations à même d’améliorer son fonctionnement concurrentiel. Dans ce cadre, le Conseil a examiné de très près les marges réalisées par les laboratoires. En dépit de la fixation des prix par l’Etat, les laboratoires privés ont continué à réaliser des marges bénéficiaires assez confortables. Ces marges varient en fonction de la taille du laboratoire, le nombre de tests réalisés et le choix d’investissement adopté pour chaque laboratoire. Les calculs réalisés par les services d’instruction du Conseil ont permis de constater que les résultats nets annuels des laboratoires privés peuvent varier de plus de 952.000 dirhams, si le laboratoire ne réalise que la prestation de PCR conventionnelle, à plus de 1,7 million DH en cas de réalisation simultanée de tous les types de tests (PCR conventionnelle, PCR rapide, antigénique, sérologique qualitative/quantitative, test sérologique automatisé).

«De l’avis de certaines sociétés auditionnées, certains laboratoires privés ont dégagé des marges encore supérieures, en optant pour des réactifs moins chers et des équipements de diagnostic, des fois gratuits, accordés dans le cadre des négociations d’achats avec certains importateurs. Ce qui a permis à certains laboratoires privés de bénéficier des économies d’échelle», indique l’étude. S’agissant du prix de revient du test PCR conventionnel, le Conseil note qu’il dépend fortement des coûts de réactifs et consommables à raison de 38% pour un prix minimum de coût de revient, à 61% pour un prix maximum. La part du prix du réactif à lui seul varie entre 13% pour le cas d’un réactif produit localement, à 37% pour le cas d’un réactif importé. Ainsi, les marges bénéficiaires réalisées vont de 12 DH à 115 DH. S’agissant de la PCR rapide, 80% du coût de revient estimé concerne le prix du réactif importé.

Quant aux marges bénéficiaires, elles peuvent aller de 37 à 41 dirhams. Pour ce qui est des tests antigéniques, le Conseil de la concurrence relève que le recours à des produits asiatiques moins chers semble garantir une marge commerciale allant de 38 DH à 64 DH par rapport à la prestation de diagnostic de la Covid par les tests antigéniques au niveau des laboratoires du privé. Concernant le cas des tests sérologiques rapides, la marge bénéficiaire peut aller jusqu’à 23 dirhams. Pour le cas des tests sérologiques automatisés, la baisse de 24% des prix de réactifs a permis de garantir une marge commerciale allant de 25 DH à 60 DH, «puisque la part des réactifs et consommables représente 36% du prix de revient de la prestation liée à ce type de test».

Les principales recommandations
La pandémie de Covid-19 a montré à quel point le système national de santé est dépendant des chaînes d’approvisionnement mondiales, notamment en matière de réactifs de tests et dispositifs médicaux. Ain d’assurer une indépendance du Maroc dans ce domaine, le Conseil recommande tout d’abord de définir un cadre législatif de référence pour la mise sur le marché des réactifs «100% marocains». Ainsi, le Conseil estime que le ministère de la santé pourrait définir des modalités d’évaluation de performances de ces produits, et en spécifier les exigences minimales par le biais des cahiers des charges élaborés en collaboration étroite avec la commission scientifique de réactifs et les laboratoires de référence désignés par le ministère. «La conformité préalable à ces exigences minimales d’évaluation de performance permettrait aux industriels de s’auto-certifier en attendant la validation scientifique de l’autorité compétente désignée par le ministère», précise le Conseil dans son étude. Cette initiative pourrait être couronnée par la définition d’un marquage propre au cas marocain à l’instar du marquage CE et FDA.

Cette étude a aussi fait ressortir la faiblesse de l’industrie marocaine dans le domaine de tests de diagnostic et la rareté des travaux de recherches publiques et privées, à l’exception du cas de la fondation MAScIR. Pour remédier à cette situation, le Conseil de la concurrence recommande d’encourager les start-up pour proposer des solutions techniques aux normes internationales. Il est également proposé de favoriser les accords d’achat publics dans le domaine des tests de diagnostic, en mettant en place une incitation ou une préférence aux produits fabriqués localement, et encourager les industriels nationaux à assurer une capacité de production qui permet de sécuriser l’approvisionnement du marché intérieur. Enfin, le Conseil estime que les lignes du cadre législatif régissant la mise sur le marché de ces produits doivent être revues et simplifiées.

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