Une affaire scandaleuse à Tétouan secoue l’opinion publique locale et les milieux de l’enseignement. Nihad Afroun, un petit ange de six ans, a été victime, la semaine dernière, de violence physique, commise par son instituteur à l’école Sidi Ahmed El Bekkal, sise au quartier Jbel Darssa. Outre les effets psychologiques, cette violence a eu de graves conséquences physiques sur la petite fille. Le visage tuméfié, Nihad présente des ecchymoses au niveau des yeux et des fractures au niveau du nez.
"L’affaire remonte au mercredi 19 avril. À 15 heures, l’école m’a appelée pour m’annoncer que ma fille est tombée. Quand je suis arrivée, elle saignait. Je lui ai alors demandé ce qui lui est arrivé. Elle m’a raconté qu’au moment où les élèves entraient en classe à 13 heures 30 mn, l’instituteur faisait sa prière du "Dohr". Sans faire attention, elle a mis le pied sur son tapis", affirme Fatima Ouled Abdelwahhab, mère de Nihad. Et d’ajouter :" Après avoir terminé sa prière, l’instituteur a donné un coup violent à ma fille au point qu’elle est tombée en se cognant le visage contre le sol. On ne m’a avisée que près de deux heures après l’incident".
"J’ai marché sur son petit tapis. Il m’a frappée et je suis tombée par terre", confirme la petite Nihad d’une voix douce. La mère conduit alors sa fille à l’hôpital "Sania Rmel " à Tétouan pour recevoir les soins nécessaires. "Le médecin m’a dit que ma fille a de graves fractures au niveau du nez", ajoute la mère, le cœur serré d’angoisse. La mère de la victime, scandalisée, a décidé de porter plainte contre l’instituteur, un homme qui a la cinquantaine, également "khatib" d’une mosquée sise à Hay Boujarah.
Selon les témoignages des enfants de l’école, l’instituteur les battait souvent avec une règle sur les doigts. Prenant connaissance des faits, des associations locales ont condamné sans réserve cet acte de violence indigne d’un instituteur, censé donner le bon exemple.
L’Association de défense des droits de l’Homme a dénoncé dans un communiqué rendu public, mardi 25 avril, cet acte de violence qui porte atteinte aux droits de l’enfant et à sa dignité. "L’agression dont a été victime la petite Nihad est un scandale. Nous condamnons l’instituteur Moustafa Lazrak qui est également un imam et khatib à la mosquée de Hay Boujarah", s’indigne Lahbib Haji, secrétaire général de l’Association de défense des droits de l’Homme, qui a tenu à souligner que "nous condamnons également l’attitude du directeur de l’école qui a fait pression sur les enfants témoins de l’incident pour nier les faits".
Par ailleurs, une commission de la délégation provinciale de l’Education à Tétouan a été dépêchée mardi 25 avril sur les lieux pour enquêter sur l’affaire. De même, le parquet général de la Cour d’appel de Tétouan a donné ses instructions pour déterminer les tenants et aboutissants de cette histoire obscure.