Touria Sekkat, s’est éteinte il y a dix ans : responsable active à l’USFP et figure incontournable de la lutte des femmes marocaines pour leur émancipation.
Poétesse sensible à la vie, solidaire de toutes les formes de résistance et de lutte à travers le monde. Cela ne fut guère le fruit du hasard, mais bien l’aboutissement d’une trajectoire de lutte, d’une prise de conscience qui s’est épanouie dans le combat pour un Maroc instruit, digne, prospère, citoyen. L’histoire gardera que cette femme a été amenée très tôt à choisir et à assumer le plus difficile des chemins. Celui qui nécessairement éclaire l’avenir. Elle a souvent résisté et en résistant elle a forgé sa capacité à agir, pour transformer, faire évoluer. Sa rencontre avec son époux El Ouadie Mohamed, a été sûrement un élément déclencheur qui a fait éclore son amour pour son pays. Un amour qui s’est très vite traduit en engagement, infaillible, multiforme. Pour avancer sur ce chemin si difficile, Touria a dû faite souvent preuve d’un sens aigu de l’équilibre, de la souplesse et de l’efficacité. Son engagement permanent et lourd de sacrifices, relevait certainement d’une forte conviction humaine. Sa sensibilité poétique, son amour pour les gens et les belles choses de la vie, sa persévérance à épouser les causes des plus exclus, des plus opprimés a été le signe de la victoire de l’espoir sur toutes les douleurs qu’elle a dû endurer en voyant ses compagnons disparaître, toujours trop tôt, ses proches torturés, privés de leur liberté. Mais Touria était aussi une enseignante. Un champ professionnel qui lui a pleinement permis d’investir et de donner corps à l’importance qu’elle accordait à la culture et à la l’éducation dans l’évolution des peuples. Ainsi était singulier et éternellement présent son engouement pour le savoir.
Toute au long de sa vie, et malgré ses multiples préoccupations, elle a appris, lu, traversé bien des cultures. Ceci n’a pas manqué de la faire accéder à cette largesse d’esprit qui la caractérisait.
Dans son combat, Touria considérait à juste titre, que la connaissance était aussi une arme : mieux comprendre le monde pour mieux le vivre, le transformer, le savoir en tant que moyen d’émancipation de l’Homme et de la conquête de sa liberté. Touria était une femme. C’est ce qui explique sûrement sa sensibilité particulière pour la cause féminine, au Maroc et ailleurs. Mais au-delà de ce fait, Touria a su transposer, projeter, élargir les sphères de ses soucis humains, pour rejoindre toutes les causes du peuple marocain et ses préoccupations. C’est ce qui a fait d’elle une figure particulière du paysage social et politique du Maroc. Ce huit mars 2002 coïncide presque avec le dixième anniversaire de sa mort. Il nous la rend si fraîche, si vivante, si touchante.
La richesse intacte d’une vie qui s’est épanouie dans l’intimité silencieuse de cet amour qu’elle a partagé avec son pays. Et puis cette femme a été simplement tendre, généreuse et si humble.
• Lâarbi El Ouadie, fils.