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Transformation de l’enseignement : L’Appel de Casablanca pour le leadership climatique lancé par l’ESCA

© D.R

Les écoles de commerce à travers l’Afrique devront intégrer la durabilité et le leadership climatique dans leurs cursus.

Durant deux jours, le forum organisé par l’ESCA Ecole de Management aura permis d’aboutir à 6 résolutions suite aux différentes réflexions et interactions entre un panel d’experts représentatif de la question climatique. L’intégration dans les cursus de cet axe pour sensibiliser les jeunes leaders de demain sera bien celle qui ressortira en premier. Les détails.

Le Casablanca Climate Leadership Forum, organisé par l’ESCA Ecole de Management les 23 et 24 novembre, a permis, grâce à un dialogue entre différents orateurs choisis chacun d’univers différent d’arriver à une vision globale. L’échange a en effet porté sur les stratégies de construction de collaborations synergétiques pour l’action pour le climat en Afrique. Et l’équipe scientifique de l’établissement a mis en exergue une synthèse pour sensibiliser le reste de la société. Pour y parvenir, le Forum a débuté par une journée «recherche» où des chercheurs de plusieurs pays ont débattu de questions aussi complexes que diversifiées de l’action pour le climat selon différentes disciplines de gestion. La seconde journée a permis de fédérer l’ensemble des acteurs autour d’une réflexion sur les stratégies concrètes à mettre en œuvre par les parties prenantes pour une Afrique durable et résiliente. En résultera l’Appel de Casablanca pour le leadership climatique qui illustre un engagement sous la forme de transformation éducative. Ses auteurs sont unanimes à décréter que «les écoles de commerce à travers l’Afrique devront intégrer la durabilité et le leadership climatique dans leurs cursus». Concrètement, il s’agira d’intégrer la durabilité dans le tissu même de l’éducation, des programmes de licence à la formation exécutive, des salles de classe aux couloirs, des individus aux institutions… « Nos futurs leaders doivent émerger avec la connaissance et les compétences pour orienter nos industries vers une croissance durable et une prospérité dont les avantages sont capturés localement, au sein de nos économies et communautés locales », affirment, en effet, les chercheurs.
La première réflexion ressortie prioritairement de ces deux journées est donc la transformation de l’enseignement.
Investir dans les stratégies d’adaptation est la seconde réflexion qui émane du dialogue.

«Si l’importance des efforts d’atténuation tels que la capture du carbone et la production d’énergie propre est de mise, il est urgent d’attirer l’attention sur les stratégies d’adaptation climatique pour l’Afrique». C’est ce qu’ont justement fait remarquer les différents experts. L’appel est, cette fois-ci, orienté vers les investisseurs, locaux et internationaux. Ils sont invités à canaliser plus de fonds vers ces stratégies. L’enjeu étant de saisir une opportunité d’innover, de construire des communautés résilientes et de créer des voies de croissance durable pour les différentes nations concernées.

Selon les différents orateurs, « le financement des stratégies d’adaptation en Afrique est aussi crucial qu’urgent ». Les chiffres avancés parlent d’eux-mêmes. Alors que les besoins financiers pour le continent sur la période 2020-2030 ont été estimés à près de 580 milliards de dollars ; 22 % de cette somme, seulement, ont été engagés, laissant un déficit cumulé de 453 milliards de dollars. Les défis à relever sont énormes. Le coût de l’adaptation au changement climatique en Afrique a été, par ailleurs, estimé à environ 35 milliards de dollars par an d’ici 2050. Compte tenu de ces chiffres, le comité scientifique de l’ESCA sera unanime à dire qu’ «il est nécessaire de disposer de professionnels qualifiés capables de mener efficacement des projets d’adaptation ». Partant de cette réflexion, l’intégration des stratégies d’adaptation climatique dans les programmes éducatifs, dans les pratiques commerciales et dans les politiques publiques s’impose ipso facto pour garantir une approche complète et durable de la résilience climatique en Afrique.

La troisième grande réflexion émanant du dialogue renvoie à la collaboration pour des projets de recherche conjoints. «Nous appelons les organisations multilatérales, les banques de développement et les institutions financières à collaborer avec les écoles de commerce et institutions académiques pour promouvoir et soutenir le financement de projets de recherche significatifs sur les stratégies d’action climatique». L’infrastructure verte, l’urbanisme durable aux chaînes d’approvisionnement durables, la finance climatique, l’innovation et l’autonomisation communautaire ont été cités comme thèmes de recherche.
Quatrième réflexion incluse dans l’appel est le développement des compétences qualifiées pour les emplois d’avenir en Afrique. «Avec le potentiel de l’Afrique à devenir une puissance verte, une opportunité significative de création d’emplois émerge dans des secteurs d’avenir tels que les énergies renouvelables, la gestion de l’eau, la technologie verte et les secteurs manufacturiers verts», font remarquer les chercheurs. Et ceci passera, essentiellement, par les écoles de commerce et de gestion et les universités. A ce stade, les chercheurs prônent la collaboration étroite avec des leaders de l’industrie et des organisations multilatérales pour élaborer des programmes de formation spécialisés et axés sur ces secteurs.

Cinquième point important cité dans l’appel, celui du gap financier climatique qui devra être comblé. Seulement 10 % des fonds climatiques mondiaux sont alloués, en effet, à l’Afrique. Pire, moins de 15 % de l’ensemble de ces fonds sont dirigés vers des projets d’adaptation. C’est dans ce sens que les nations gagneraient à ce que les écoles de commerce jouent un rôle crucial dans l’éducation des futurs leaders sur les stratégies et mécanismes de financement climatique efficaces. «Les collaborations avec les institutions financières internationales pourraient impliquer le développement d’études de cas et de projets de recherche conjoints afin d’explorer des modèles de financement novateurs pour l’adaptation climatique et la promotion de la croissance verte», décrètent les auteurs de l’Appel de Casablanca pour le leadership climatique.
Enfin, la dernière résolution serait de scruter de nouveaux horizons. «Avec la demande croissante d’hydrogène vert à l’échelle mondiale, les pays africains dotés de ressources renouvelables abondantes pourraient devenir des acteurs significatifs sur ce marché. Il existe un réel potentiel que nous pouvons exploiter dans le domaine de l’hydrogène vert», affirment les experts. Les écoles de commerce pourront, dans cette optique, élaborer des programmes axés sur l’économie et la gestion de la production et de la distribution d’hydrogène vert, en s’alignant sur des agences énergétiques internationales et des entreprises. Dans la même logique, les écoles de commerce devraient introduire des cours sur l’économie environnementale et le commerce carbone, en mettant l’accent sur la manière dont les pays africains peuvent monétiser leurs écosystèmes naturels pour la séquestration du carbone et la conservation de la biodiversité.
Telles que présentées, ces résolutions constituent une plateforme sur laquelle les parties prenantes sont appelées à bâtir et enrichir. Le comité scientifique du Casablanca Climate Leadership Forum 2023 s’engagera à suivre le bon cheminement de la mise en œuvre de ces résolutions. L’engagement est pris. Les enjeux sont réels.

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