Chaque année depuis 2019, les Nations Unies célèbrent le 24 janvier la Journée internationale de l’éducation. Pour la sixième édition, en 2024, cette journée est dédiée au rôle fondamental de l’éducation pour lutter contre les discours de haine et réaliser une paix durable entre les Etats et au sein des Etats eux-mêmes.
A l’heure où de terribles conflits compromettent toujours la continuité éducative et l’avenir de trop nombreux enfants, jeunes et adultes, il parait impératif d’appeler à l’engagement de toutes les nations en faveur de l’éducation à la paix. Il est en effet prouvé que l’introduction de ce sujet dans les programmes de formation des enseignants, à tous niveaux enseignés, permet de diffuser efficacement des valeurs du vivre-ensemble et de remédier aux messages de haine propagés virtuellement.
Les Etats membres de l’Unesco ne s’y sont pas trompés et ont donné un signal clair en adoptant en novembre dernier la Recommandation révisée de l’Unesco sur l’éducation pour la paix et les droits de l’Homme, la compréhension internationale, la coopération, les libertés fondamentales, la citoyenneté mondiale et le développement durable.
Cet instrument de plaidoyer et d’aide à la transformation des systèmes éducatifs est le fruit d’une consultation extensive, et prend appui sur le rapport de la Commission internationale sur Les futurs de l’éducation, qui promeut un nouveau contrat social pour l’éducation, visant à faciliter la réalisation du droit humain fondamental à une éducation de qualité, accessible et équitable, tout au long de la vie.
La Recommandation rappelle ainsi qu’un système éducatif moderne doit être bâti sur un socle solide de littératie, de numératie, mais aussi de compétences sociales et émotionnelles, et surtout doté de moyens suffisants, afin de devenir un outil efficace de prévention à long terme pour protéger et consolider la paix avant, pendant et après un conflit, mais aussi lutter contre la haine en ligne.
Face à l’omniprésence de l’utilisation des réseaux sociaux par les apprenants, l’usage croissant des outils basés sur l’intelligence artificielle générative pour des usages scolaires, pédagogiques et de recherche, il est plus que jamais crucial de porter attention aux mécanismes de régulation et d’équiper les usagers avec des compétences solides pour résister à la désinformation, connaître les droits et les responsabilités de chacun, pour que nous puissions tous évoluer dans des environnements numériques de façon sûre, efficace et respectueuse. La paix peut et doit être enseignée, et s’étendre partout où l’éducation se construit, à tout âge de la vie.
Malgré toutes les réformes engagées, les systèmes éducatifs du Maghreb – comme ceux de tous les autres pays du monde – restent le lieu de nombreux défis dans les parcours d’éducation et de formation. Cela limite le nombre d’enfants et de jeunes réellement «préparés pour le futur», c’est-à-dire aptes à naviguer dans le monde d’aujourd’hui avec assurance, esprit critique, et en tant que porteurs de valeurs de paix.
En cette Journée internationale de l’éducation, je me permets donc de réitérer aux décideurs politiques du Maroc et des autres pays du Maghreb l’appel de l’Unesco à investir dans l’éducation, financièrement mais aussi qualitativement, pour lutter contre les discours de haine par le meilleur moyen qui soit : la formation d’esprits éclairés.
Pour y contribuer, de nouvelles ressources, comme le Guide de l’Unesco sur le combat contre les discours de haine, sont mises à la disposition des praticiens de l’éducation. Il est en effet fondamental d’accentuer la généralisation des compétences d’éducation à la citoyenneté mondiale et au développement durable dans les programmes de formation des enseignants, dans les évaluations des résultats des apprenants, dans leurs ressources éducatives, et plus généralement dans les environnements d’apprentissage.
A l’orée de 2024, nous souhaitons de plus rappeler que l’Unesco est fermement aux côtés des Etats du Maghreb et de leurs communautés éducatives pour accompagner leurs politiques ambitieuses et transformatrices pour lutter contre toutes les formes de racisme et de discriminations dans les systèmes éducatifs. L’analyse de la réalisation du droit à l’éducation, l’appui au combat contre les discours de haine par l’éducation, mais aussi la formation et le plaidoyer, sont nos meilleurs outils pour avancer dans cette direction et mettre fin aux discours violents.
Bonne Journée internationale de l’éducation à tous et à toutes !.