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Tribune libre : Un nouveau paradigme pour façonner le monde

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Ces jours-ci, le monde entier est confronté à un vaste fléau épidémique dont la non-maîtrise a engendré de grandes pertes sanitaires et économiques, et si on échoue à atténuer ses conséquences néfastes, des années très sombres nous attendent.

L’histoire nous a appris que chaque fois qu’une pandémie ravage un continent, elle discrédite tout son système de croyances et de contrôle car il n’a pas pu se servir d’outils efficaces pour lutter contre la propagation de l’épidémie et par conséquent un nouveau modèle fondé sur un autre système de valeur va prendre place et même les fondements idéologiques de cet Occident fort et stable seraient remis en cause, car il s’est avéré incapable de contenir cette tragédie.
Non loin de l’hémorragie de cette épidémie mondiale, la propagation du Covid-19 (coronavirus) n’est pas sans répercussions sur l’économie marocaine dont plusieurs secteurs comme le tourisme, l’industrie, la construction, les télécommunications, etc. sont fortement touchés.
A cet effet, le gouvernement marocain sous les Hautes instructions de Sa Majesté le Roi Mohamed VI, a adopté plusieurs mesures pour atténuer les effets de cette crise ; parmi lesquelles on peut citer :
– un nouveau mécanisme de garantie appelé «Damane Oxygène» qui permet aux banques de mettre en place rapidement des découverts exceptionnels pour financer le besoin en fonds de roulement pour les entreprises en difficulté.

– Des mesures ont été prises pour préserver le pouvoir d’achat des salariés des entreprises en difficulté; ainsi les salariés relevant de ces entreprises et qui sont déclarés à la CNSS au titre du mois de février 2020 vont pouvoir toucher une indemnité forfaitaire mensuelle nette de 2.000 dirhams pendant la période allant du 15 mars au 30 juin.
– Les ménages bénéficiaires du Régime d’assistance médicale (RAMED) opérant dans l’informel et qui n’ont plus de revenus du fait du confinement obligatoire peuvent bénéficier d’une aide de subsistance qui sera servie par le Fonds spécial pour la gestion du Covid-19, créé par SM le Roi Mohammed VI.
A travers ces mesures et bien d’autres qu’on a pas mentionnées, il est évident de signaler que le pouvoir de l’Etat providence appartiendra à l’Etat qui saura démontrer le plus d’empathie pour ses citoyens, en assurant un certain niveau de sécurité et de bien-être social à l’ensemble de la population.

 

Par El moustaid Mustapha (*)

Néanmoins, il est temps d’interroger notre «humanité» à l’épreuve du coronavirus. Qui sommes-nous? Que valons-nous? Que pouvons-nous faire face à ce coronavirus?
Le virus en plus d’être couronné s’est introduit à pas feutrés dans nos espaces quotidiens et nos consciences pour prendre progressivement le contrôle de notre planète et de notre actualité.
Dans chaque crise majeure, la question du sens surgit avec force même si, une fois le pic de la vague passé, on revient le plus souvent avec précipitation à nos habitudes passées; or que nous dit cette crise d’aujourd’hui?
Que notre humanité est bien fragile et c’est bien pour cela qu’il faut en prendre bien soin, et que ces prétentions à la puissance sont dangereuses pour notre humanité et notre santé.
Que le monde que nous voulons léguer à nos enfants est celui de la quête du sens et l’élévation de notre conscience et non pas celui d’une puissance livrée aux maîtres de la techno finance mondialisée.

Les effets écologiques du coronavirus ne sont qu’un symptôme d’un système économique en crise. Historiquement, quand l’économie va mal, l’écologie va bien ; et inversement. Il est donc grand temps de prendre en compte l’écologie dans le système économique contemporain; car il est possible de défaire ce lien impact écologique – croissance, puisqu’on est capable de produire de la richesse de façon différente, en se basant sur des sources d’énergie moins polluantes, décarbonées, car cette fois-ci la dette envers l’environnement est très lourde et l’alerte sans aucun préavis par le biais d’un virus est une réalité fatale ; pourtant les pionniers de l’agriculture écologique en l’exemple du grand Pierre Rabhi n’ont cessé de nous rappeler : «Un jour il nous faudra bien répondre à notre véritable vocation qui n’est pas de produire et de consommer sans fin, mais d’aimer, d’admirer et de prendre soin de la vie sous toutes ses formes».

Dans une société fondée sur la productivité et la consommation, tout ce qui n’est pas mesurable en argent ou en profit n’a plus de valeur ; tout à coup le Stop arrive, tout à l’arrêt, le virus ferme les entreprises et les écoles et nous oblige à rester dans nos maisons pour trouver des solutions alternatives à l’éducation de nos enfants qu’on a déléguée à des figures et des institutions diverses. Enfin, les mamans et les papas se sont réunis avec leur enfants pour refaire une famille ; car nous nous sommes fait l’illusion que nos relations se jouent à proximité dans ce non espace du virtuel des réseaux sociaux ; puis le virus surgit et nous enlève cette proximité pour nous confronter à notre réalité.

Personne ne doit se toucher, pas d’embrassade, de la distance, le non contact, transmettant en effet un message clair et précis «la seule manière de nous en sortir c’est la réciprocité, le sens de l’appartenance, la famille, la communauté, la sensation de faire partie de quelque chose de plus grand, dont il faut prendre soin et qui prendra soin de nous» ; ainsi en se concentrant sur cette grande chose importante, notre vie agira en résonance avec cette vision et les résultats seront enrichissants grâce à notre soumission et rédemption à une force spirituelle ratifiée dans notre monde musulman par le mot «Allah akhbar» ; afin d’intensifier les miracles et la grandeur de Dieu face aux aléas de la nature, ainsi que la soumission de tous les hommes aux lois de Dieu, tout en reconnaissant Ses dons innombrables et Ses vertus sur nous ; d’où l’importance de la gratitude dans notre vie.

Il est temps en ces moments difficiles d’apprécier les bénédictions de la santé, la sécurité, la liberté, la nourriture, l’air pur, le soleil, le foyer, etc. Mais c’est justement en étant reconnaissant qu’on peut transformer l’ordinaire en extraordinaire et sortir du cercle vicieux de ce virus et le rendre vertueux par la remise en cause de notre système de valeur, en faisant un peu de ménage sur notre façon de faire et notre système de valeur par la redistribution des rôles pour bien assumer la vraie mission qui est notre raison d’être sur cette terre, et je termine avec une citation d’Einstein: «Deux choses sont infinies: l’Univers et la bêtise humaine. Mais en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue».

(*) Coach, conseiller en Communication et Qualité

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