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Triporteurs : Les «rafles» vont commencer

© D.R

L’opération de régularisation a concerné à peine 750.000 tricycles mais le délai vient d’expirer et la tutelle ne compte pas le renouveler

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Depuis 2006, date de l’introdu-ction de ces engins sur le marché local, leurs propriétaires circulaient sur les voies sans être dérangés malgré l’absence d’immatri-culation et forcément de police d’assurance.

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Les estimations non officielles parlent de plus d’un million de triporteurs qui sillonnent les villes et campagnes du pays. Sur ce chiffre, à peine 750.000 engins ont été régularisés jusqu’au mois dernier, selon un dernier bilan communiqué par le ministère de tutelle. C’est donc plus d’un quart de million de triporteurs qui circulent sans immatriculations encore sur les routes. Le hic, c’est que le délai de grâce accordé par la tutelle aux propriétaires de ces engins vient d’expirer le 31 juillet dernier. Après plusieurs prolongations, le ministère chargé du transport est aujourd’hui catégorique.

Mohamed Najib Boulif a affirmé qu’après l’expiration de ce délai, aucune prolongation ne sera accordée. Les triporteurs non encore régularisés sont de facto hors la loi et devraient le rester. Théoriquement, les contrôles sur les routes seront renforcés et les engins non encore régularisés immobilisés. Dans les faits, le dossier est un peu plus compliqué. Les triporteurs sont le plus souvent utilisés dans des activités génératrices de revenus pour des catégories sociales modestes. Ces véhicules représentent ainsi une source de revenus pour cette population, d’où l’indulgence de l’autorité des transports depuis 2014.

En effet, le ministère a institué cette année-là l’obligation pour tous les triporteurs d’être immatriculés. Depuis 2006, date de l’introduction de ces engins sur le marché local, leurs propriétaires circulaient sur les voies sans être dérangés pour autant malgré l’absence d’immatriculation et forcément de police d’assurance. Le boom des ventes de ces engins, grâce à des tarifs très accessibles, a fini par pousser les autorités à agir pour mettre un terme à ce laisser-aller. Le engins concernés sont ceux dont la cylindrée dépasse 50 cm3. Une procédure spéciale a été mise en place. L’immatriculation nécessite, en effet, une visite technique qui se solde par l’obtention d’un titre de propriété délivré par le Centre national d’homologation et d’essais.

Les propriétaires doivent également réunir un dossier comportant notamment la facture d’achat ou tout autre titre justifiant la propriété du véhicule et une copie de la CIN. Mais en plus des engins hors la loi sur les routes, un autre tout aussi grave se pose aujourd’hui avec acuité. Ces tricycles sont de plus en plus impliqués dans des accidents plus au moins graves avec de nombreuses victimes. Ce fut le cas il y a quelques jours à peine dans la ville de Tanger (voir encadré). Alors qu’ils sont destinés au transport des marchandises, les triporteurs sont de plus en plus utilisés dans le transport des personnes. Monnayant la course contre deux ou trois dirhams tout au plus, les triporteurs ont désormais pignon sur rue dans certains quartiers périphériques dans les grandes villes. Pourtant, la loi interdit formellement l’utilisation de ces engins dans le transport de passagers d’un point vers un autre. En attendant, la demande sur les triporteurs ne faiblit pas. A Casablanca notamment, des revendeurs importent des pièces détachées et font monter les tricycles sur place face à une demande de plus en plus forte.

Quand un triporteur provoque  un carnage

Il y a à peine deux semaines, la ville de Tanger était sous le choc en raison d’un véritable carnage provoqué par un triporteur. L’engin ne transportait pas moins de 12 passagers, pour la plupart des mineurs.

Après avoir perdu le contrôle du véhicule sur une pente en raison de la surcharge, le conducteur a fini par provoquer un très grave accident. Le bilan était très lourd et les images choquantes de l’accident ont fait le tour de la Toile et des réseaux sociaux. Un adolescent âgé d’à peine 17 ans a trouvé la mort alors que dix autres blessés gravement atteints avaient été évacués vers l’hôpital régional Mohammed V.

Les autorités locales avaient alors annoncé que le pronostic vital des quatre parmi les blessés était engagé.
Une enquête judiciaire a été ouverte sous la supervision du parquet général afin de déterminer les circonstances de cet accident et pour l’arrestation du conducteur qui avait pris la fuite juste après le drame.

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Triporteurs : Ce que dit le code de la route

Le grand succès des triporteurs sur le marché national fait que ces engins sont aujourd’hui utilisés dans plusieurs activités. Introduites en 2006 notamment pour aider certaines coopératives à transporter leurs marchandises à moindre coût, ces motos sont désormais utilisées dans le transport des personnes. Ces engins sont même devenus au fil du temps un moyen de locomotion incontournable essentiellement dans les périphéries faiblement desservies par les moyens de transport en commun.

Pour mettre un terme à ce phénomène qui expose les citoyens à d’énormes risques, les parlementaires ont profité de la réforme du code de la route en 2016 pour introduire de nouvelles dispositions concernant ce point. La nouvelle version du code de la route entrée en vigueur il y a quelques mois interdit formellement aux propriétaires de ces engins de les utiliser dans le transport des personnes.
Les triporteurs ne sont plus autorisés à transporter plus d’une personne accompagnant le conducteur.

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