Société

Trois ans de prison pour un parjure

© D.R

La chambre correctionnelle près le tribunal de première instance à Settat. Saïd qui se tient devant les trois magistrats a levé sa main droite et a prêté serment ; “Je le jure“. Et les questions du président du tribunal ont commencé à pleuvoir. Saïd n’hésitait pas à répondre sur un ton de confiance. «Oui, c’est lui et son frère qui ont empoché les 60 mille dirhams pour l’aider à immigrer clandestinement vers l’Europe…», témoigne-t-il. Mohamed et Mourad, deux frères qui étaient à la barre des accusés, poursuivis pour escroquerie, se sont étonnés. Ébahis, ils fixaient leurs yeux sur Saïd en s’interrogeant sur les raisons pour lesquelles il se permet de témoigner contre eux. D’ailleurs, ils ne le connaissaient pas. Mais, ils sont surpris lorsque la police les a confrontés et il a affirmé qu’ils sont bel et bien le duo qui avait arnaqué son ami.
Ils ont clamé leur innocence. Mais en vain. Pourquoi un témoin va assumer sa responsabilité pour mouiller des innocents dans une affaire ?, ont pensé les enquêteurs lors des investigations menées pour tirer au clair cette affaire d’arnaque. Et c’est sur la base de ce témoignage que les deux frères ont été mis en garde-à-vue et en détention préventive par la suite avant d’être mis entre les mains de la justice.
Mourad et Mohamed ont expliqué au tribunal que toute l’histoire est un coup monté par le plaignant et qu’ils ne connaissaient pas Saïd. Seulement, après les délibérations, le tribunal a condamné l’un des deux frères, Mohamed, à un mois de prison ferme et il a acquitté l’autre. “Mais je suis innocent“ a clamé Mohamed qui a été conduit vers la prison avec les larmes aux yeux. Il est convaincu qu’il n’a jamais reçu un sou de personne ni avoir tenté d’aider quelqu’un à émigrer vers l’Eldorado. Pourquoi le témoin l’a mis en cause ? Qui est-il ? Avait-il un compte à régler avec lui ? Un tas de question lui martelaient la tête. Il devait passer le mois derrière les murs de la prison. Quand il est libéré, Mohamed a décidé de porter plainte contre Saïd, qui a témoigné contre lui. Le procureur du Roi près le tribunal de 1ère instance de Settat a donné ses instructions pour l’ouverture d’une enquête.
Des investigations ont été menées par la police judiciaire autour de lui et il s’est avéré que Said est un parjure qui a accordé de faux témoignages en faveur de celui qui paie bien et contre n’importe quelle victime. L’enquête policière a révélé qu’il a accordé ses faux témoignages à plusieurs personnes contre d’autres et ce contre des sommes d’argent ne dépassant pas mille dirhams. L’enquête a dévoilé qu’il s’est contenté quelques fois d’un sac en jute de blé.
Après avoir recueilli tous les renseignements qui concernent Saïd, quarante-deux ans, père de trois enfants, les policiers n’ont pas hésité de l’épingler et de le conduire devant leur chef. “Certes, j’ai témoigné en faveur de plusieurs personnes contre des sommes d’argent“, déclare-t-il devant la police. Et il a précisé qu’à propos de l’affaire des deux frères, Mohamed et Mourad, il a été engagé par le plaignant pour témoigner devant les gendarmes et devant le tribunal qu’ils ont reçu 60 mille dirhams auprès du plaignant et ce contre une somme de 600 dirhams. Seulement, il a renoncé à ses déclarations consignées dans le procès-verbal quand il a été traduit devant la justice. Il lui a précisé qu’il n’a jamais donné un faux témoignage contre personne. “Certes, ils ont reçu les 60 mille dirhams pour l’aider à émigrer clandestinement“, précise-t-il devant le tribunal. Et d’ajouter qu’il ne se souvient pas du nombre de fois qu’il avait accordé un témoignage devant la police, les gendarmes et la justice. “elles sont nombreuses“, précise-t-il. Est-il un témoin oculaire à chaque fois qu’un incident aurait eu lieu ? lui a demandé le tribunal.
Il n’avait pas de réponse. Entre temps, le président de tribunal lui a dévoilé un document qu’il avait signé après avoir avoué avoir reçu une somme d’argent contre un témoignage. Il a nié. Après les délibérations, le tribunal a condamné Saïd à trois ans de prison ferme, assorti d’une amende de 500 dirhams, de dommages et intérêt au profit du plaignant de l’ordre de 10 mille dirhams et de la dégradation civique durant cinq ans.

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