La Cour d’appel de Tunis a confirmé, samedi, le verdict prononcé en première instance condamnant l’ancien président du mouvement islamiste tunisien Ennahda (interdit), Sadok Chourou, à un an de prison ferme pour le maintien d’une association non autorisée, a-t-on appris de source judiciaire. L’un de ses avocats, Me Samir Ben Amor, a qualifié le jugement d’injuste et oppressif. Docteur en sciences physiques, M. Chourou, 61 ans, avait été arrêté début décembre dernier moins d’un mois après sa libération conditionnelle au terme de 18 ans de réclusion. Selon un communiqué des autorités transmis à l’Associated Press, il est accusé d’avoir repris ses activités depuis sa libération, en tant qu’ancien responsable de la branche armée du mouvement «Ennahda» non autorisé, en parlant en son nom, en intensifiant les contacts avec ses partisans et en tenant des réunions avec eux.
Le communiqué classe «Ennahda» comme une organisation extrémiste qui prône l’atteinte aux biens et aux personnes pour réaliser ses desseins. Ces accusations se fondent sur des déclarations faites à la chaîne de télévision «Al Hiwar», émettant à partir de Londres et au site électronique «Islamonline», dans lesquelles il évoquait la situation politique en Tunisie et les actes de tortures qu’il affirme avoir subi pendant son incarcération. Devant la Cour, le dirigeant islamiste a nié les griefs qui lui étaient faits, faisant valoir qu’il était jugé pour ses opinions. Il a déclaré s’être vu interdire une réception pour fêter sa libération et assuré qu’il n’était nullement dans ses intentions d’entreprendre la restructuration du mouvement dissous. Il a revendiqué son droit à l’expression, en se disant néanmoins attaché à l’idéologie du mouvement islamiste dont il a souhaité la légalisation pour participer à la vie politique. La loi tunisienne interdit la création de partis sur des bases confessionnelles. En avançant que les affaires religieuses sont du ressort de l’Etat. Les avocats de Sadok Chourou ont dénoncé un procès politique. Ils estiment que les accusations retenues contre leur client n’avaient aucun fondement juridique. M. Chourou avait été condamné en 1992, en même temps que des centaines de militants et dirigeants d’Ennahda, à la prison à perpétuité. Ils étaient accusés des délits liés à leur appartenance à ce mouvement visant à changer la nature du régime par la force.