Société

UGTM : Le jeu de l’exclusion

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Les choses dégénèrent à l’Union générale des travailleurs marocains (UGTM). En l’espace de 24 heures, la guerre de tranchées est devenue une confrontation ouverte, par communiqués et exclusions interposés entre le clan Afilal et les amis de Chabat.
Abderrazzak Afilal, le secrétaire général et inamovible patron de l’UGTM, a convoqué, mercredi 27 juillet, une réunion où il a été décidé d’expulser par moins de quatre membres sur les 14 que compte encore cette instance de décision dont les travaux sont gelés depuis près de trois ans. Les personnes virées ne sont pas n’importe qui non plus. Il s’agit du maire PI de Fès Hamid Chabat, Mohamed Benjelloun Andaloussi, Mohamed Larbi Kabbaj et Titna Mohamed Alaoui. Ces derniers, pour rappel, sont à la tête de la fronde menée contre Abderrazzak Afilal accusé de mauvaise gestion financière et administrative, mais surtout de n’en faire qu’à sa tête en distribuant responsabilités et privilèges sans en référer aux instances de décision de la Centrale syndicale.
Hamid Chabat et ses amis réagissent, le lendemain jeudi 28 juillet, de manière pareille en émettant un communiqué où ils décident d’exclure Afilal. Selon ce communiqué, réplique à un autre communiqué d’Afilal, c’est Mohamed Larbi Kabbaj qui présidera aux destinées de l’UGTM en attendant le 6 août prochain. Cette décision est qualifiée de «légale» vu qu’elle émane du (vrai) bureau exécutif où 13 membres ont fait bloc derrière le maire de Fès. Cette instance compte actuellement 14 membres vu que trois ont changé, depuis, de syndicat. Virés par ou à cause d’Afilal, affirment des sources au sein de l’UGTM. C’est le samedi 6 août que devra se réunir le comité central de l’UGTM qui devra trancher quant au devenir de l’éternel patron de la Centrale syndicale proche du PI, à en croire le communiqué du «clan Chabat». En fait, en prenant la décision de virer ses quatre détracteurs, Afilal ne fait qu’anticiper les choses, vu que ces derniers préparaient une réunion du comité central pour la semaine prochaine. Réunion où le seul point à l’ordre du jour est justement de geler les activités de Abderrazzak Afilal, sinon de mettre fin, et pour de bon, à son long mandat à la tête de l’UGTM.
Réagissant, non sans humour, à son éviction, Hamid Chabat déclare à ALM que la chose «relève plutôt de la psychiatrie !». Afilal, pour le maire de Fès, estime en finir ainsi avec ses éventuels successeurs à la tête de l’UGTM, mais c’est « une décision tirée par les cheveux », ajoute-t-il.Pour Hamid Chabat, Afilal ne peut réunir une dizaine de personnes, dont sa femme et son fils, et décider ainsi de virer des responsables du syndicat. Une telle décision, même dans le cas d’un militant de base, revient selon les règlements de l’UGTM à un comité de discipline qui se réunit, auditionne le syndicaliste concerné avant d’établir un rapport à l’attention du comité central. Et c’est finalement à cette instance que revient de donner suite ou non à la demande de radiation de tel ou tel autre syndicaliste. Chabat et la majorité des membres du bureau exécutif, eux, tiennent toujours à clarifier les choses. Le rendez-vous du 6 août est maintenu, à moins d’un nouveau rebondissement. Ce jour-là, c’est le comité central qui sera amené à trancher quant à l’avenir de Abderrazzak Afilal même si, de l’aveu même de Chabat, il ne sera pas exigé du patron de l’UGTM de partir (l’article 17 du règlement de l’UGTM le prévoit à la majorité des 124 membres). « Nous sommes pour qu’il reste malgré son état de santé, mais qu’il laisse d’autres travailler comme le font MM. Amaoui et Benseddik », affirme Chabat qui ajoute que déjà la situation de la Centrale, sur l’échiquier syndical national, n’a rien de rassurant. Les rivaux d’Afilal lui reprochent le fait qu’aujourd’hui l’UGTM arrive en cinquième position derrière d’autres syndicats nationaux. Anecdote, entre autres, Titna Mohamed Alaoui vient d’être viré pour la sixième fois ! Lors des cinq autres «débarquements», il a toujours été «amnistié» par Afilal. Contacté à plusieurs reprises par ALM pour avoir sa version, M. Afilal semble avoir boudé le bouton «Ok» de son téléphone. La situation empire ainsi à l’UGTM. La semaine dernière, c’est Abbas El Fassi qui a été appelé à intervenir pour calmer le jeu au sein de la Centrale. Sauf que le chef de file istiqlalien lui-même est en conflit ouvert avec Afilal. Le premier accuse le deuxième de mauvaise gestion des affaires de l’UGTM, le deuxième lui renvoie ses critiques en l’accusant de s’être écarté, dans la gestion du Parti de l’Istiqlal, des principes du fondateur Allal El Fassi.
Les choses se compliquent également davantage quand on sait qu’un autre enjeu, plus grand encore, est pris en compte. Abbas El Fassi chercherait à modifier les statuts du parti de  l’Istiqlal pour pouvoir briguer un troisième mandat. Abdelhamid Aouad, lui, entre en scène avec une campagne avant terme où il compte énormément sur l’apport de Abderrazzak Afilal. On prête, en plus, à ce dernier l’attention de «léguer» l’UGTM à son fils Rachid. Desseins qui butent toujours sur des écueils nommés Chabat et compagnie. Ces mêmes que M. Afilal taxe de personnes sans réelles assises au sein de l’UGTM, et moins au sein du PI.L’on en saura encore plus avec la réunion du comité central convoquée pour le 6 août prochain. A moins que la crise ne soit contournée, pour le moment, comme c’est arrivé à maintes reprises. Mais, à y voir de près dans les rebondissements du jeudi 28 juillet, cela relèverait du miracle.

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