Société

Un amour destructeur

Deux policiers escortent Saïda. Ils sont cloués près d’elle. Qui sait? Elle pourrait commettre une autre folie. Ses parents et ses six frères et soeurs occupent avec l’assistance les sièges de la salle d’audience n°7 à la Cour d’Appel de Casablanca, attendent qu’elle dise quelque chose, qu’elle essaye de se disculper. Malheureusement, elle est restée muette. Les larmes aux yeux, sa mère se souvient de ce jour en 1974, qui a vu la naissance de Saïda. C’était un jour particulier pour elle à Douar Darsa, Commune Ouled Ali, Caïdat Mellila, préfecture de Ben Slimane. Elle se rappelle également de ce jour noir de 1989, lorsqu’elle n’a plus les moyens pour l’aider à poursuivre ses études, alors qu’elle se préparait à passer son bac. Un arrêt dur pour Saïda qui rêvait de devenir, au moins fonctionnaire dans une administration. Deux ans plus tard, Saïda prend une décision : reprendre ses études dans le privé. Mais il lui fallait de l’argent. Saïda quitte son douar natal, se rend à Ben Slimane, s’inscrit dans une école d’informatique pour des cours du soir et entame un travail, comme domestique, chez une famille occupant un appartement au quartier des Jardins, Bd Moulay Driss. L’unique fils de cette famille, Karim, né en 1971, commence à lui exprimer son amour. Il poursuit ses études à l’Institut Moulay Rachid pour la Formation des Cadres à Rabat. Mais il passe chaque week-end au domicile parental. C’était un week-end de 1993, les parents de Karim étaient en voyage. La nuit, Saïda fut surprise, car Karim est sur son lit. Depuis, ils ne cessent de se rencontrer la nuit, elle perd sa virginité. De fil en aiguille, elle tombe enceinte, avorte à Mohammédia et reprend ses nuits blanches avec son amant. Seulement cette fois, elle prend des pillules contraceptives. La domestique décroche un diplôme en informatique, trouve un emploi à la perception de Ben- Slimane et loue une chambre. Au contraire, Karim devient malheureux. Un accident de la circulation l’empêche de poursuivre ses études. Et pourtant Saïda l’aime encore. Ils se rencontrent fréquemment chez elle. Quelques mois plus tard, il ne lui rend plus visite. Elle lui téléphone : sans réponse. Elle essaie de l’oublier. Un autre jeune a fait sa connaissance et la demande en mariage. Elle accepte. Le lendemain, elle se rétracte. Sa virginité perdue l’y oblige. Déprimée, elle tente de se suicider une fois, essaie d’empoisonner son fiancé avec de l’acide mélangé à une boisson gazeuse une autre fois. Lundi 27 octobre 7h du matin, Saïda quitte son douar natal à destination de Ben Slimane. Sans savoir pourquoi, elle reprend le même taxi pour descendre juste à côté de la ferme de son oncle. Elle savait que personne n’était à la maison. Le gardien non plus, il est au souk hebdomadaire, Tnine Toualaâ. Elle escalade le mur et entre. À ce moment, elle se rend compte de la présence d’une voisine, Malika portant sa fillette, Raja, âgée de deux ans. Elle lui demande de la laisser avec elle. Elle joue avec elle, la dorlote. Midi sonne. Saïda s’excite. Elle prend Raja par la main, se dirige vers un puits et la jette dedans. Elle ne savait plus ce qu’elle faisait. Raja est décédée.

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