Casablanca. Rachid était encore chez lui, en ce matin du samedi 14 août. Il n’a pas encore pris son petit-déjeuner quand quelqu’un a frappé à la porte. Qui peut-ce bien être ?, se demande-t-il en mettant la main sur la poignée de la porte pour ouvrir. Il ne s’attendait pas à le revoir après une absence qui a duré plusieurs mois. Il l’a accueilli chaleureusement et l’a invité à prendre le petit-déjeuner avec lui. Plein de joie, Abdelfettah a accepté l’invitation et l’a rejoint à la table pour engager une conversation. Chacun d’eux a raconté ce qu’il avait réalisé dernièrement. “Moi, j’ai ouvert un local pour préparer et vendre des crêpes, des beignets et du thé…“, a expliqué Abdelfettah à Rachid.
Ce dernier lui a fait remarquer qu’il semblait s’agir d’un commerce pouvant rapporter gros. Il lui a affirmé qu’il avait, certes, remarqué plusieurs locaux semblables surtout dans les quartiers populaires. Et Abdelfettah lui a demandé de l’accompagner au local en question pour le visiter. Les deux cousins quittent la maison à destination du boulevard Al Fouarate, au Hay Mohammadi, où se trouve le local commercial. Une fois arrivés, Abdelfettah a commencé à expliquer à Rachid les réparations et réformes qu’il allait entreprendre. Il lui a expliqué également qu’une jeune fille allait s’occuper de la préparation des crêpes et du thé, ajoutant qu’un jeune homme allait veiller sur le local, car, lui-même, ne pouvait s’en occuper à plein temps. Abdelfettah lui a affirmé qu’il avait d’autres projets qui lui prennent tout son temps. Soudain, une fille et un jeune homme sont arrivés pour se joindre à eux. “Voici la fille qui va préparer les crêpes et le jeune homme qui s’occupera de la gérance“, lui explique-t-il.
Les deux jeunes ont salué Rachid, avant d’entrer à l’intérieur du local. Les deux cousins ont continué à converser jusque vers midi. Quelques instants plus tard, Abdelfettah a invité son cousin à déjeuner chez lui, dans son appartement situé non loin de son local commercial.
Les deux cousins prenaient le déjeuner quand quelqu’un a frappé à la porte. Abdelfettah a ouvert pour trouver devant lui la fille qui allait travailler chez lui. Elle est entrée sans attendre la permission de son employeur et s’est assise près de Rachid. Un comportement incompréhensible pour ce dernier qui est resté bouche-bée. Il a tenté de s’éloigner d’elle. Mais en vain. Elle s’est collée à lui au moment où Abdelfettah est sorti. Où était-il allé ? Rachid n’en savait rien. Il est resté face-à-face avec la jeune fille. Cette dernière a enlevé son tee-shirt. “Il fait chaud“, dit-elle à Rachid. Stupéfait, ce dernier a écarquillé ses yeux sans dire un mot. “Approche-toi de moi !“, lui demande-t-elle sans pudeur. Rachid s’est contenté de la scruter. La situation le dépassait. Il n’aurait jamais pu s’imaginer vivre pareille situation. Sa langue s’est enfin déliée et il lui a demandé de s’éloigner de lui, lui affirmant qu’il n’avait aucune intention de céder à ses avances, surtout qu’elle semble avoir une relation avec son cousin, qu’il ne peut en aucun cas trahir. Quelques minutes après, Abdelfettah a ouvert la porte pour surprendre son employée, sans tee-schirt collée à Rachid. “Qu’est ce que vous faites ? N’as-tu pas honte de me trahir chez moi ? Et toi, la prostituée, tu t’es livrée à lui en une seconde ? “, leur a-t-il lancé d’un ton nerveux. Rachid a essayé de lui expliquer qu’il ne l’avait pas touchée. Mais en vain. Il semble qu’Abdelfettah n’ait plus aucun contrôle surses nerfs. Il a continué à les insulter. Un instant plus tard, il s’est rendu dans la cuisine pour en revenir avec un couteau, une feuille et un stylo à bille à la main. “Tu vas écrire ce que je vais te dicter“, lui ordonne-t-il. Voulant opposer une résistance, Rachid a remarqué la présence d’une autre personne cagoulée, tenant une corde à la main. L’homme lui a ligoté les mains et les pieds et lui a mis un ruban sur la bouche pour l’empêcher de crier. Il l’a menacé de l’égorger s’il refusait d’écrire et s’il pensait alerter la police. Rachid a fini par obtempérer. Il a écrit avoir emprunté une somme de 115.000 dirhams de chez Abdelfettah pour financer un groupe des membres de la Salafiya Jihadia. Après quoi, il l’a relâché vers 18h. Sans craindre les menaces d’Abdelfettah, Rachid s’est rendu aussitôt chez la police pour déposer plainte.
Abdelfettah a été arrêté et a avoué avoir commis son crime, d’une par,t parce qu’il a besoin d’argent et d’autre part parce qu’il avait l’intention d’obliger ses oncles à rendre à son père l’argent qu’ils lui avaient extorqué.
Abdelfettah et ses deux complices, la fille et le jeune homme, doivent comparaître, 6 octobre prochain, devant la chambre criminelle près la cour d’appel de Casablanca.