L’entretien accordé par le Premier ministre, Driss Jettou, au quotidien espagnol El Pais est en soi-même un grand message à destination du gouvernement espagnol. Outre les idées et éclaircissements apportés par le chef de la Primature sur des questions d’intérêt bilatéral, il y a lieu de signaler que l’entretien, publié par le quotidien madrilène dimanche, est le premier qu’il accorde depuis sa nomination à la tête du gouvernement marocain.
A travers ses réponses, Driss Jettou a insisté sur la volonté marocaine de regarder vers l’avenir et de surpasser la crise qui a marqué les relations entre les deux pays durant plus d’une année. Pour le Premier ministre marocain, le geste de S.M. le Roi d’autoriser les pêcheurs galiciens affectés par le naufrage du pétrolier le « Prestige », d’accéder aux eaux territoriales marocaines « participe d’une démarche de solidarité avec les populations touchées par cette catastrophe et ses multiples impacts socio-économiques ». La décision royale « est tout à fait naturelle, car mue par des considérations de solidarité et de bon voisinage entre deux peuples amis et, à plusieurs titres, proches », a-t-il indiqué. « Si ce devoir de solidarité, tout à fait naturel, à l’égard d’un pays et d’un peuple amis, fournit l’opportunité de contribuer à la détente de nos rapports, nous en serions naturellement heureux », a ajouté le Premier ministre.
Pour bâtir des relations saines et durables basées sur le bon voisinage et l’amitié, les deux pays sont appelés à remédier à toutes les entraves qui freinent le développement de leur coopération. Pour ce faire, il est indispensable d’identifier tous ces obstacles. Ainsi, M. Jettou s’est dit satisfait de la décision du Maroc et de l’Espagne de « procéder à un inventaire des différentes questions qui nous séparent et d’établir une plate-forme d’entente pour résoudre les problèmes, rétablir la confiance et mieux gérer nos nuances, si elles subsistent ».
Concernant l’évolution des rapports du Maroc avec ses partenaires traditionnels, le Premier ministre a récusé la logique « d’équilibres ou de compétitions ».
« Le Maroc est un pays ouvert, un partenaire de tous et notre souhait, réel et sincère, est de voir les relations maroco-espagnoles atteindre les meilleurs niveaux, dans la qualité et la diversité, d’autant plus qu’un formidable potentiel existe. Il est de notre devoir et de notre responsabilité de l’exploiter ensemble », a-t-il affirmé.
Pour ce qui est des raisons invoquées par le Maroc au moment du rappel de l’ambassadeur marocain à Madrid, le chef du gouvernement marocain a mis cette situation en rapport avec « un certain nombre de dossiers fondamentaux pour le Maroc ainsi que de positions ne s’inscrivant pas dans l’esprit du « traité d’amitié, de coopération et de bon voisinage ».
Enfin, il est à signaler que le Maroc a multiplié les signaux en direction de l’Espagne dans le sens de la normalisation des relations ; ce qui devrait inciter le gouvernement présidé par José Maria Aznar à oeuvrer dans le même sens pour que les deux pays puissent recouvrer des liens amicaux, et regarder ensemble vers l’avenir.