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Un endroit historique qui fait la fierté de Casablanca: Habous, voyage au temple de la tradition

© D.R

A Casablanca, véritable vitrine moderne du Maroc, il existe un quartier où le temps semble s’être arrêté. Au quartier Habous, l’histoire de la ville blanche se lit sur les murs des petites bâtisses et des ruelles étroites datant de la fin du 19ème siècle. Construit sur le modèle architectural des anciennes médinas de Fès et de Marrakech, le quartier est aujourd’hui l’un des rares endroits historiques qui font la fierté d’une ville jeune comme Casablanca.

Le quartier est aussi l’endroit tout indiqué pour les amateurs des traditions ancestrales. Si l’endroit ne désemplit pas toute l’année, pendant le mois sacré les boutiques des habits traditionnels attirent une importante clientèle. «Ramadan est synonyme d’une haute saison», lance Rachid, propriétaire d’une boutique spécialisée dans la vente d’habits traditionnels de tous genres.

Dans sa famille, on est commerçant de père en fils. «J’ai découvert le métier très jeune avec l’aide de mon père et mon oncle. Aujourd’hui, j’ai repris le flambeau», ajoute Rachid. Pour ce dernier, les habits traditionnels restent indémodables même si leur utilisation dépend principalement des occasions spéciales et fêtes religieuses. C’est la raison pour laquelle les commerçants du quartier mettent les bouchées doubles durant le mois de Ramadan. Les préparatifs ont commencé pour certains des mois à l’avance.

Des préparatifs qui dépendent principalement des capacités financières du vendeur et surtout sa clientèle. «Il existe une catégorie d’habitués qui sont en fait des amateurs de tenues traditionnelles. Ceux-là sont très exigeants sur la qualité du produit», explique Ahmed. La quarantaine bien entamée, lui aussi découvre cette vocation très tôt. «Lorsque j’ai décidé d’arrêter les études, c’est mon oncle qui m’a appris les ficelles du métier.

J’en ai fait une carrière et je gère actuellement ma propre boutique», dit-il. «Bien évidemment, la demande est plus importante durant le mois sacré mais le plus gros de notre chiffre d’affaires se fait sur les commandes de notre clientèle fidèle», poursuit-il tout en répondant aux sollicitations des clients. Véritables passionnés, les deux commerçants font la différence entre deux principales catégories de tenues traditionnelles. Il y a tout d’abord des habits fabriqués dans des ateliers où les machines à coudre ont remplacé les aiguilles des artisans.

Des pièces qui sont fabriquées à partir de tissus industriels acquis majoritairement en Chine. Il existerait même des usines de textile qui se sont reconverties dans la fabrication de tenues traditionnelles à la chaîne. «Ce genre de produits est proposé à des prix très abordables. Ils sont plébiscités surtout par une clientèle qui ne veut pas trop investir dans des habits traditionnels. Les tarifs démarrent généralement à 100 dirhams et dépassent rarement les 200 ou 300 dirhams», affirme Rachid.

De fil en aiguille

La deuxième catégorie de tenues nécessite plus de moyens et parfois même énormément de moyens. Pour Ahmed, cette catégorie englobe les vraies tenues traditionnelles. «Une djellaba, une gandoura ou un caftan doivent traverser non pas une seule mais plusieurs étapes. Cela commence tout d’abord par le choix du tissu», indique- t-il. Pour les hommes, les étoffes les plus recherchées sont «chaâra», «sousdi», «mlifa» ou encore «al haba». Véritables héritages ancestraux, toutes ces étoffes sont tissées à la main par des maîtres «daraz» (artisans tisseurs). Ils proviennent des villes comme Fès, Ouezzane, Bzou ou encore de la région des Doukkalas. «Le coupon est proposé à 500 DH ou 700 dh pour cette catégorie de tissus alors que pour d’autres pièces de grande renommée, la facture peut grimper à 3.000 dirhams et plus», explique Ahmed. Et de poursuivre: «Ce genre de produit est choisi par une clientèle peu nombreuse bien sûr mais qui n’hésite pas à investir des sommes importantes. Cela ne veut pas dire pour autant que tous ces clients appartiennent à une classe sociale aisée».

Après le choix du tissu commence l’étape du choix de la coupe, du style de la couture ainsi que des matériaux à utiliser. Très délicats, certains tissus nécessitent autant de délicatesse dans les différentes étapes de la couture. Alors que les couturiers à Casablanca sont de plus en plus débordés et très chers, les commerçants du quartier du Habous n’hésitent pas à solliciter d’autres «maalems» à des centaines de kilomètres. C’est ce qu’on appelle dans le jargon du domaine aller «au point source», notamment à Fès ou à El Jadida. D’autres mettent le cap sur Azemmour ou encore Chichaoua. Pour une tenue de trois pièces, il faut compter un minimum de 1.500 dirhams. Mais les tarifs dépendent aussi de la nature de la commande et du style de couture choisi. Il ne reste alors qu’à croiser les doigts pour que la commande soit prête dans les délais. Une pièce faite à la main peut nécessiter un travail de deux semaines au minimum.

C’est la raison pour laquelle les commandes ne sont plus acceptées pendant le Ramadan sauf pour quelques fidèles clients qui se comptent sur le bout des doigts. Des clients qui ne sont pas nécessairement tous Marocains. Car au Habous, il y a également des étrangers essentiellement des libyens, des Algériens et dans une moindre mesure des clients des pays du Golfe. Attirés par la bonne renommée de l’artisanat marocain à l’échelle internationale, ce sont surtout des grossistes qui font le déplacement au Maroc. Une catégorie de clientèle très attendue avec des dizaines de commandes et surtout un paiement qui se fait en dollar.
 

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