Jamal est-il coupable ou non d’avoir abusé d’un enfant de quatre ans? C’est la question à laquelle le juge d’instruction près la Cour d’appel de Settat doit répondre avant de le traduire devant la Chambre criminelle. Comment est-il mouillé dans une telle affaire de pédophilie ? C’était un jour de la première semaine de décembre dernier quand Mohamed a remarqué que son petit enfant, âgé de quatre ans, n’est pas retourné à temps chez lui. Qu’est-ce qu’il lui est arrivé ? Son père et sa mère se sont rendus à l’école privée pour le chercher. Ils ne l’y trouvent pas. «Il est sorti comme les autres enfants vers 17h», leur apprend le gardien de l’école. A-t-il été fauché par un chauffard ? A-t-il été enlevé par une bande qui leur demandera une rançon ? Tourmentés, Mohamed et son épouse courent à droite et à gauche en quête de leur unique enfant ; ils frappent à toutes les portes. Mais en vain. «Nous n’avons pas quelqu’un qui porte ce nom». C’est la réponse qu’ils reçoivent sans cesse. Désespérés, ils retournent chez eux souhaitant qu’ils l’y retrouvent. Effectivement, leur enfant est arrivé depuis quelques minutes. Sa mère fond en larmes, l’embrasse affectivement, et le prend dans ses bras. L’enfant n’arrête pas de pleurer. Son père le scrute de loin, le dévisage, il remarque qu’il est inquièt, traumatisé. “Que t’est-il arrivé ? Où as-tu été après ta sortie de l’école ?” lui a-t-il demandé. Les larmes aux yeux, l’enfant avoue tout à son père. Quand il est sorti de l’école, un jeune homme s’est présenté devant lui. «Tu es l’enfant de Mohamed?», lui demande-t-il. Avec innocence, l’enfant a répondu positivement. Le jeune homme l’a sollicité de l’accompagner chez son père. «Il est chez moi et il m’a demandé de te rejoindre pour t’emmener», lui a-t-il expliqué. Plein de joie, l’enfant met sa main dans la sienne et l’accompagne. Il ne pensait qu’à son père. Le jeune homme le conduit tout en rigolant avec lui. A mi-chemin, il lui achète un gâteau. L’enfant le mange avec un grand appétit. Une fois arrivé à la maison du jeune homme, l’enfant y rentre en courant en quête de son père. Le jeune homme le suit à pas lents après avoir verrouillé la porte. Les regards hagards, l’enfant retourne vers le jeune homme, lui demande: “Où est mon père ?“. Le jeune homme lui donne une raclée, lui tient la main et le conduit vers la chambre à coucher. Il le met sur le lit et lui ôte le pantalon et déboutonne le sien. L’enfant commence à pleurer. Le jeune homme lui donne une gifle. L’enfant tente de ne plus pleurer. Mais en vain. Aussitôt, le jeune homme le met à plat ventre et commence à abuser de lui. Un premier coup puis un second avant de le relâcher. Il le tient par la main et le conduit jusqu’à près de chez lui avant de rebrousser chemin. Quand l’enfant termine l’histoire, son père n’a pu garder son sang-froid, il a décidé d’aller chercher le violeur. Son épouse l’a calmé et lui a demandé d’aller chez le médecin puis d’alerter la police. Une solution très raisonnable. Un certificat médical attestant que l’enfant a été violé à la main, le père a accompagné son enfant chez la police. Une enquête a été lancée et le jeune homme a été arrêté. Il s’agit de Jamal, âgé de trente-six ans, marchand de produits cosmétiques à Berrechid. “Je ne connais pas cet enfant “, déclare-t-il à la police. Il a nié avoir croisé l’enfant ou avoir la moindre connaissance de son père. Ce serait un coup monté par l’une de mes clientes, affirme-t-il aux enquêteurs. Une thèse qui a été rejetée par la police et le parquet général près la Cour d’appel de Settat qui l’a gardé en détention.