Le parquet militaire de Vladivostok en Russie a requis, vendredi une peine de neuf ans de prison contre Grigori Pasko, jugé pour «haute trahison» et «espionnage» pour avoir réalisé des reportages sur les rejets chimiques et nucléaires de l’armée russe en mer du Japon. Le procureur militaire, le colonel Alexandre Kondakov, a affirmé lors du procès à huis-clos qu’il avait requis une peine modérée au regard des accusations, reconnaissant que la faute de Pasko n’avait pas nui gravement à l’Etat Russe. Grigori Pasko, journaliste militaire au journal de la flotte du Pacifique, avait fourni en 1997 des reportages à des médias japonais sur le déversement en mer du Japon de déchets radioactifs et chimiques par la Marine russe. Renvoyé de l’armée en juillet de cette année, il travaille aujourd’hui comme journaliste pour le bi-hebdomadaire russe «Novaïa Gazeta» et radio Svoboda, antenne russe de radio Free Europe. Le procureur a admis que neuf des dix documents remis par Pasko aux médias japonais ne contenaient aucun secret d’Etat. Le dixième document, décrivant une base militaire où étaient stockés des déchets radioactifs a en revanche été retenu contre lui. Les avocats de Pasko ont mis en évidence plusieurs violations de procédure et falsification de documents pendant l’enquête et l’instruction. Après avoir passé deux ans en prison, Pasko avait été condamné à trois ans de prison en juillet 1999 pour « abus de pouvoir », puis libéré aux termes d’une amnistie votée par le Parlement. Les charges d’espionnage et de haute trahison n’avaient pas été retenues contre lui. Le journaliste et le parquet avaient fait appel, et la section militaire de la cour suprême russe avait annulé en novembre 2000 le verdict et renvoyé l’affaire devant les tribunaux. L’actuel procès s’est ouvert en mars, mais a déjà été ajourné plusieurs fois.