Société

Un gang sous les verrous

Lundi 18 mars 2002. Un peu avant cinq heures du matin. Les éléments d’une brigade de la Gendarmerie Royale de Ben Yakhlef, province de Ben Slimane, montent à bord de leurs Jeeps. Depuis quelques semaines, ils ne dorment plus que trois à quatre heures par jour. Parce qu’ils sont déterminés à mettre un terme définitif aux activités des éléments d’une bande qui sème la terreur dans cette région, surtout celle d’Al Mansouria.
Des dizaines de locaux à usage d’habitation et à usage commercial ont été cambriolés depuis trois ans. Et sans qu’on puisse jamais arriver à mettre le grappin sur les cambrioleurs. Les enquêteurs ne sont pourtant jamais restés les bras croisés. Ils ont mené des investigations, collecté des témoignages, mobilisé les indicateurs. En vain. Ces cambrioleurs sont, sans doute, des professionnels, qui ne se dévoilent pas facilement. «…Il ne faut pas baisser les bras…On doit les arrêter le plus tôt possible…», dit le chef de la brigade à son adjoint. Ce dernier garde le mutisme, signe de son approbation. «…On doit effectuer une opération de ratissage pour les mettre hors d’état de nuire…Et l’on doit jeter notre dévolu sur les repris de justice…Car ceux qui ont perpétré ces cambriolages sans que l’on sache qui ils sont durant tout ce temps ne peuvent être que des professionnels…», ajoute le chef. La tâche des enquêteurs est loin d’être simple. Les plaintes pleuvent encore sur leurs bureaux : «…La maison n°…a été dévalisée après effraction…», «…Le cabanon de la plage Attilal a été cambriolé…un appareil de télévision, une parabole, un démodulateur et d’autres objets ont disparu…». Les habitants de la région ne savent quoi faire, craignant d’être les prochaines victimes.
Les enquêteurs se font bien du souci pour l’état de sécurité à Al Mansouria, Makzaz et autres douars de la région. Dimanche 17 mars 2002. Trois cabanons à la plage Attilal ont été cambriolés. Le nombre des locaux cambriolés arrivent à une centaine. «…Nous ne rentrerons dans nos bureaux qu’une fois qu’on aura mis la main sur au moins un élément de la bande…», décide le chef de la brigade. Le lendemain. Cinq heures du matin. Les éléments de la brigade sont au douar Makzaz. Les habitants restent bouche-bée devant cette descente matinale, ils ne savent pas ce qui se passe. Ils se contentent d’échanger des regards interrogatifs. Les enquêteurs sillonnent les ruelles du douar, demandant à quelques uns leurs cartes d’identité nationale. C’est à ce moment-là que Mohamed emprunte le chemin à destination du domicile de sa tante. Il séjourne chez elle depuis le divorce de ses parents. C’est un repris de justice qui a purgé en 2001, une peine de six mois de prison ferme. «…Ta carte d’identité nationale !»…, lui demande le chef de la brigade. Mohamed n’a jamais de papier sur lui. Il est abandonné par ses parents, par la société, il est resté sans boulot depuis son bas âge, sans scolarisation. Il est livré à sa tante et à son sort. Perturbé, Mohamed garde le mutisme. «Que faisais-tu à cette heure-ci en dehors de chez toi?», lui demande un élément de la brigade. «Rien, rien…», balbutie-t-il. Les éléments de la brigade l’emmènent avec eux. Ils ne l’arrêtent pas encore, attendent de l’interroger pour décider. D’une question à l’autre, Mohamed se trouve encerclé et finit par s’écrouler : «…Oui, oui, chef, nous sommes six et nous cambriolons les locaux à usage commercial et à usage d’habitation…Nous en avons cambriolé une centaine…Je ne peux pas les énumérer…», déclare-t-il aux enquêteurs.
Ces derniers n’ont pas perdu de temps pour mettre le grappin sur quatre autres mis en cause la bande. Un seul est encore en fuite. Les cinq éléments de la bande ont été traduits devant la Chambre Criminelle près la Cour d’Appel de Casablanca et attendent actuellement leur jugement. Peuvent-ils attendre un job et leur intégration dans la société après leur libération ? C’est ce qui importe et non pas le châtiment.

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