Société

Un passeport pour la prison

© D.R

«Je n’ai jamais pensé tuer quelqu’un M. le Président », balbutie Rachid sur un ton plein de regret. En fait, ce n’est pas le regret qui intéressait les juges de la chambre criminelle près la Cour d’appel d’Oujda, mais l’aveu ou la disculpation du mis en cause. A-t-il commis l’acte criminel ou pas ? L’a-t-il commis volontairement avec préméditation et guet-apens ou involontairement ? Avait-il seulement l’intention de maltraiter sa victime ou bien de la liquider sans pitié ?
"Je n’étais pas conscient, j’étais sous l’effet de la drogue M. le Président", a ajouté Rachid qui semble être conscient de la gravité de son crime. Mais trop tard. Ni son regret ni sa conscience ne peuvent lui pardonner son crime qui a bouleversé toute une famille et la région de Taourirt. C’est là que le crime a été commis par Rachid. Il s’agit d’un jeune de vingt deux ans qui a quitté précocement les bancs de l’école et s’est livré à la délinquance. Certes, la mauvaise fréquentation était la raison de sa conduite débaucheuse, mais la négligence familiale y’était pour quelque chose.
Surtout que son père était un alcoolique. Sa mère ne pouvait assumer entièrement la responsabilité de ses trois frères et deux sœurs sans avoir un père qui veillait également sur eux, sur leurs études.
Rachid qui s’est retrouvé loin du contrôle parental est devenu, dans un laps de temps très réduit, après avoir quitté l’école, esclave des comprimés psychotropes et du haschich. Et depuis, son parcours a commencé à prendre une nouvelle tournure.
Un chemin dangereux qui le mènera au bord du gouffre.
"Je n’ai pas d’antécédent judiciaire M. le Président…", affirme-t-il aux juges comme s’il les suppliait d’avoir pitié de lui. Quel pêché a commis ce ressortissant marocain en France en retraite pour qu’il soit tué par  Rachid ? Rien.
Ce résident en France depuis les années soixante, père de huit enfants, n’a jamais oublié sa mère-patrie. Il revenait chaque été au Maroc pour y passer les vacances. La dernière fois, son épouse et ses enfants sont retournés en France, tandis que lui est resté à Oujda. En fait, Abderrahmane est retraité et n’est pas obligé de les accompagner.
Seulement, il n’a pas pensé une seconde qu’il ne va plus revoir son épouse et ses huit enfants qui l’attendaient de l’autre côté de la Méditerranée.
En apprenant la nouvelle, sa famille ne savait plus quoi faire. 
Quand Rachid, demeurant dans le même quartier que Abderrahmane, a appris que la famille de ce dernier est retournée en France et qu’il est resté seul, une idée satanique a commencé à germer dans sa tête.
Laquelle ? Il a pensé cambrioler sa demeure la nuit. Il a pensé qu’il avait des sommes d’argent et des objets précieux, fruits de longues années de labeur en France.
Le jour "J" est arrivé. La nuit est le meilleur moment pour passer à l’acte. Dans une heure tardive, Rachid est arrivé à s’introduire dans la maison d’Abderrahmane sans faire de bruit. Seulement, il a remarqué un bout de lumière dans une pièce de la maison. N’est-il pas encore endormi ?
À pas de loup, Rachid est rentré à la chambre à coucher. Il a surpris Abderrahmane en train de dîner. En voulant demander secours, Rachid s’est jeté sur lui en le menaçant avec un couteau.
Après quoi, il lui a ligoté les mains et les pieds. Puis il a commencé à fouiller l’armoire, le tiroir et tous les autres coins de la maison. Quand Abderrahmane a lancé un cri de secours, Rachid lui a mis un oreiller sur son visage. Au bout de quelques secondes, ses soupirs ont commencé à se ralentir. Il s’agitait violemment sans cesse. Un moment plus tard, il a arrêté de bouger. Il est mort. En cherchant à droite et à gauche, le meurtrier n’a mis la main que sur une bagatelle de 2500 dirhams. Une somme qu’il a gaspillée à Oujda en compagnie de deux autres amis en s’enivrant et en passant des nuits avec des filles de joie. Pas moins de quelques jours, Rachid et ses deux amis ont été arrêtés. Ces derniers ont affirmé à la cour ne pas avoir la moindre idée sur le crime. Pourtant, Rachid a avoué qu’il avait raconté son meurtre à ses amis.
Après les délibérations, la cour a rendu son jugement en condamnant Rachid à 30 ans de réclusion criminelle. Alors que ses deux amis, ils ont été condamnés respectivement à 4 et 2 ans de prison ferme.

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