« Maman, je veux te dire une chose, mon père m’a fait des choses bizarres près du phare, balbutie Salma à sa mère. -Qu’est ce qu’il t’a fait ? Lui demande la mère, affolée. -Il a…Il a…Il a abusé de moi ma mère, répond la fille d’un ton hésitant. » La mère n’a pu croire ce qu’elle entend, ne contrôle plus ses comportements, la gifle violemment. Salma décide de tenir sa langue derrière ses dents. À qui doit-elle s’adresser? Sa mère la voilà qu’elle ne veut pas la croire. Sa soeur? Elle n’a qu’un seul printemps. Son père? C’est la cause de tout son malheur, sa tristesse, sa vie pleine d’amertume. Février 1996. Abdeslam vient d’être libéré de la prison. Il a purgé une peine d’emprisonnement ferme de deux ans pour tentative de vol qualifié. Ce n’est pas la première fois pour lui. Il avait déjà deux autres antécédents judiciaires; une première, en 1983, lui a coûté trois ans de prison ferme pour corruption et une deuxième, en 1988, lui a valu deux ans de prison pour complicité au vol qualifié et faux. Seulement cette fois, il n’est plus le père qu’il était, il n’a plus de frontière entre le licite et l’illicite, entre l’interdit et le permis. « Viens Salma avec moi faire un tour près du phare » dit Abdeslam à sa fille. Comblée de joie, agréable, Salma l’accompagne. Ils n’ont marché que quelques mètres depuis leur quartier, Loubila, pour arriver au phare d’Al Hank, Casablanca. Là, il n’y avait personne sauf eux. Il s’asseoit près une falaise, tire Salma, l’embrasse bouche-à-bouche, la caresse, lui touche les petits seins, les fesses, sa partie intime, la mis sur son sexe. Salma tente de s’échapper. En vain. Il arrive à son orgasme. Salma le voit éjaculer, elle pleure, sanglote. Il le calme : »ce n’est rien ma petite, il est normal, tu es ma fille, ne pleure pas » lui demande sans vergogne. Retournant à la maison. La mère remarque que sa fille est déprimée. Elle l’interroge. Elle lui confie son malheur. La mère ne la croit pas, la gifle, la traite de »Bent Lahram », de « Maskhouta ». Salma se renferme dans le mutisme. Le malheur, la souffrance, le chagrin ne causent que la solitude. Salma ne parle à personne, ni à sa mère, ni à ses amies de l’école, ni à ses voisines du quartier. Elle devient l’esclave des désirs extravagants de son père. La mère remarque que sa fille maigrie d’un jour à l’autre et d’une année à l’autre. Mais il ne veut pas croire. Cinq ans sont passés. Salma atteint ses dix-sept printemps. Elle ne veut plus entrer à la maison en existence du père, ne veut plus s’approcher de lui. Le père ne satisfait plus ses soifs incestueuses. Il vire ses yeux ves sa benjamine, Hasna, douze ans. Une fois, deux fois. Hasna réagit, confie à sa mère les dérives du père. Enfin la mère croit que son époux est incestueux. Elle le reproche, l’injurie, le maltraite. En vain. Il ne peut plus brider ses attraits pour ses filles. La mère dépose plainte. Les éléments de la brigade de la moralité publique près la police judiciaire de Casablanca l’ont arrêté. Abdeslam sera châtié. Seulement ce châtiment ne peut annihiler le cauchemar qui hante le sommeil de Salma et Hasna.