Aides aux éleveurs, annulation de dettes, subventions aux fourrages, encadrement technique…
Elevage
Le ministre de l’agriculture vient de dévoiler les détails d’un plan d’action destiné à reconstituer le cheptel national à travers des mesures au profit des éleveurs marocains. Eclairages.
Le Maroc déploie de gros moyens pour la reconstitution du cheptel national suite aux Orientations Royales au cours du dernier Conseil des ministres. Le Souverain avait alors interrogé le ministre de l’agriculture sur les effets des dernières précipitations sur la campagne agricole, le couvert végétal et l’état du cheptel national. Le ministre avait affirmé que ces précipitations ont eu des répercussions favorables sur les céréales, les cultures de saison et les pâturages, contribuant à une amélioration notable de l’alimentation animale. SM le Roi avait enjoint le gouvernement de conduire l’opération de reconstitution du cheptel avec rigueur, en confiant l’encadrement des aides à des commissions supervisées par les autorités locales, selon des critères équitables et objectifs. Le gouvernement vient de dévoiler jeudi les axes de son plan d’action.
Dans ce sens, le ministre de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Ahmed El Bouari, vient de dévoiler au cours du point de presse hebdomadaire à l’issue du Conseil de gouvernement, les contours du dispositif qui sera mis en place. «En exécution des Hautes Orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, lors du Conseil des ministres tenu le lundi 12 mai 2025 à Rabat, le gouvernement entend lancer un programme visant à soutenir les éleveurs, à améliorer leurs conditions et à reconstituer le cheptel national de manière durable», a déclaré le ministre précisant que dans ce contexte, Sa Majesté a émis ses directives, «pour veiller à la réussite du processus de reconstitution du cheptel à tous les niveaux, avec tout le professionnalisme et selon des normes objectives, et confier l’encadrement du processus de gestion du soutien à des comités supervisés par les autorités locales».
Selon M. El Bouari, une circulaire conjointe sera également publiée, mettant clairement en évidence les rôles des différentes parties prenantes dans ce processus. La même source précise que ce programme, qui s’ajoute aux mesures gouvernementales prises, vise à valoriser l’impact positif des récentes précipitations, en offrant des conditions favorables à la restructuration du cheptel national. Concrètement, ce nouveau programme repose sur 5 axes fondamentaux. Le premier axe concerne le rééchelonnement des dettes des éleveurs en réduisant l’impact de l’accumulation de dettes sur environ 50.000 éleveurs avec un budget qui va atteindre 700 millions de dirhams, pris en charge par le budget de l’Etat.

Dans le détail, il est question d’annuler 50% des dettes (capital et intérêts) dont la valeur est inférieure à 100.000 dirhams, sachant que les petits éleveurs représentent 75% du total des bénéficiaires. Il s’agit également de l’annulation de 25% des dettes (capital et intérêts) dont la valeur est comprise entre 100.000 et 200.000 dirhams. Cette catégorie représente 11% du total des bénéficiaires. Enfin, les dettes des agriculteurs seront également rééchelonnées et les intérêts résultant de retards de paiement seront exonérés pour les prêts dont la valeur dépasse 200.000 dirhams. Le deuxième axe concerne le soutien aux fourrages en subventionnant le prix de vente de 7 millions de quintaux d’orge, pour que le prix de vente soit plafonné à 1,5 dirhams/kg. Il sera procédé à la subvention du prix de vente de 7 millions de quintaux des aliments composés destinés aux ovins et caprins, pour que le prix de vente soit fixé à deux (2) dirhams au kilogramme.
Environ 2,5 milliards de dirhams seront alloués à la mise en œuvre de cette mesure. Le troisième axe concerne le lancement du processus de recensement du cheptel femelle en vue de suivre le processus de prévention de l’abattage des femelles pour préserver le cheptel national. Le but est d’atteindre plus de 8 millions de têtes de femelles ovines et caprines au cours du mois de mai 2026. A la même date, un soutien direct sera accordé aux éleveurs à hauteur de 400 dirhams pour chaque tête de femelle numérotée et préservée de l’abattage.
Le quatrième axe concerne le lancement d’une campagne de traitement préventif avec l’objectif affiché de protéger au cours de cette année 17 millions de têtes d’ovins et de caprins contre des maladies résultant des répercussions de la sécheresse, pour un coût financier pouvant atteindre 150 millions de dirhams. Le cinquième axe vise à organiser un processus de formation technique des éleveurs pour améliorer les races par la création de plateformes d’insémination artificielle sans oublier l’accompagnement technique pour augmenter la productivité, pour un coût financier pouvant atteindre 50 millions de dirhams.
D’ici fin 2025, le coût de ces mesures atteindra environ 3 milliards de dirhams. Il est également prévu l’allocation de 3,2 milliards de dirhams au cours de l’année 2026, pour le financement du soutien direct qui sera apporté aux éleveurs qui se sont engagés avec succès dans la préservation du cheptel femelle pour assurer la pérennité du cheptel national. A noter que le ministère de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts avait tenu en août 2024 à Rabat deux réunions de travail, respectivement avec les interprofessions de la filière viandes rouges et de la filière lait. La réunion a porté sur la situation actuelle des filières animales, notamment la filière des viandes rouges et la filière lait à la lumière des défis auxquels le secteur de l’élevage est confronté, en raison des années successives de sécheresse.
Ont pris part à la réunion, le président de l’Association nationale des ovins et caprins (ANOC), l’Association nationale des producteurs de viandes rouges (ANPVR), le président de la Fédération interprofessionnelle de la filière laitière (Maroc Lait), le président du directoire du Crédit Agricole du Maroc, des professionnels et des représentants de Chambres régionales de l’agriculture, en présence de hauts responsables du ministère. La réunion s’inscrivait dans le cadre du processus d’accompagnement des fédérations interprofessionnelles agricoles pour la protection des acquis, le développement des filières agricoles et le renforcement de la résilience du secteur dans le cadre de la stratégie Génération Green (voir encadré).
Filières des viandes rouges et lait
Défis
Les participants aux réunions avaient échangé autour de la situation du secteur et des filières viandes rouges et lait et les défis auxquels elles sont confrontées dans le contexte difficile de sécheresse. Les discussions avaient porté sur la situation du cheptel national, le prix des animaux et des viandes rouges et les différentes questions liées aux importations, ainsi que les mesures d’appui proposées pour sauvegarder les activités liées à ces deux filières et l’approvisionnement normal du marché national en viandes rouges et en lait, compte tenu de leur importance socio-économique et leur contribution à la sécurité alimentaire du pays. Les parties avaient convenu d’un certain nombre de mesures pour sauvegarder les acquis liés au développement de ces deux filières. Il s’agit notamment de la poursuite de l’appui à l’aliment de bétail au profit des éleveurs des bovins et ovins et des aliments composés pour bovins d’engraissement et ovins, l’appui à l’importation des aliments destinés à l’alimentation animale, la préparation d’une loi sur l’élevage, le développement des cultures fourragères résilientes, notamment le sorgho, la réglementation de l’insémination artificielle, l’importation et la vente des semences, le développement de la production de races mixtes plus productives, la protection des femelles ovines et bovines et la mise en place d’un cadre réglementaire pour les unités d’engraissement des bovins et ovins. Le ministère et l’ensemble de ses services et établissements restent mobilisés et pleinement engagés à côté des professionnels pour assurer un approvisionnement normal et régulier du marché et pour assurer l’atteinte des objectifs de développement de ces deux filières dans le cadre des contrats programmes de déclinaison de la stratégie Génération Green.