Société

Une infidélité mortelle

© D.R

Menotté, Nour-Eddine fixait ses yeux par terre. Il n’a pas osé regarder les badauds qui venaient près de lui, ce dernier vendredi du mois de juillet, au quartier Essaâda à El Jadida où il avait loué un studio à 175 dirhams par jour. Vêtu d’un tee-shirt noir et d’un pantalon bleu, il s’approchait lentement de sa demeure entouré de trois policiers. Étranger au quartier, personne ne le connaissait.
Les habitants ne savaient pas ce qu’il avait perpétré. Pire, plusieurs d’entre eux ne l’avaient jamais vu au point qu’ils s’interrogeaient et sur lui et sur son crime. Sans lever les yeux, Nour-Eddine gravissait les marches de la maison vers le premier étage. La porte du studio était fermée et l’un des policiers l’a ouverte avec une serrure. Nour-Eddine y est rentré pour se diriger  instantanément vers la seule chambre qui s’y trouve, à côté d’une cuisine et une douche. Il leur a indiqué des draps enroulés et déposés près du lit. En se pliant, un policier s’est préoccupé de les défaire. Qu’est-ce qu’il y a dedans au juste ? En dénichant, le policier a découvert un grand sac en plastique bleu renfermant quelque chose : le corps d’une femme aux mains et pieds ligotés, criblé de coups de couteau au-dessous de son dos et au niveau de son cou. "C’est le corps de ma bien-aimée…C’est moi qui l’ai tuée", a avoué, avec regret, Nour-Eddine, qui s’est fondu en larmes.
À bord d’un fourgon mortuaire, le corps de la jeune femme a été évacué vers la morgue. Qui sont-ils ? Comment et pourquoi l’a-t-il tuée ?
Natif de Khémisset en 1973, Nour-Eddine a accompagné sa famille à la région de Moulay Abdellah Amghar, province d’El Jadida pour s’y installer. C’est là que son père, agent de service à la même commune, a pris sa retraite après avoir déployé tous ses efforts pour que ses enfants arrivent à réaliser leurs rêves. Ainsi pour Nour-Eddine qui a été toujours encouragé par son père pour poursuivre ses études afin de décrocher au moins une licence. De l’école centrale à Moulay Abdellah Amghar au lycée Abou Chouaïb Doukkali, en passant par le collège Trayi, Nour-Eddine était un brillant élève qui a décroché son Bac pour s’inscrire à la Faculté d’El Jadida. Seulement, il n’a pas pu poursuivre ses études.
C’est ainsi qu’il a cherché un emploi et a été embauché dans une société de transport en commun. Chauffeur de son état, il a entretenu une relation amoureuse avec une receveuse. Il s’agit de Nadia, âgée de 22 ans. Épouse d’un marin exerçant au sud du pays et mère d’un enfant, elle partageait de temps en temps son lit avec Nour-Eddine. Au bout d’une année, la relation s’est consolidée au point que ce dernier a commencé à l’inciter à demander le divorce. Un amour fou le possédait. Il ne pensait qu’à elle à chaque instant au point qu’il a tatoué la première lettre de son prénom, N, sur son bras droit. Pour Nadia, il ne s’agissait que de bons moments qu’elle passait avec lui en attendant le retour de son mari comme une femme fidèle.
Dernièrement, Nour-Eddine a été obsédé par des soupçons. Il se méfiait des comportements de son amante. Elle recevait à chaque instant des appels téléphoniques. Elle riait et plaisantait avec son interlocuteur devant les yeux de Nour-Eddine. Le trompait-elle ? s’interrogeait-il, sans se rendre compte qu’elle trompait son époux avec lui. Qui trompe qui ? Peu importe pour lui, qui ne pensait qu’à sa relation avec elle qui, selon lui, a commencé à se dégrader de jour en jour. "Il faut trancher définitivement cette situation" a-t-il pensé. Comment ? C’est ainsi qu’il a décidé de passer ensemble quelques jours à la ville d’El Jadida et de louer un studio au quartier Essaâda. Vendredi 29 juillet. Vers 2h du matin, Nour-Eddine, ivre, et Nadia sont rentrés au studio. Ils se sont jetés sur le lit. Un instant plus tard, Nadia a commencé à le séduire, mais Nour-Eddine était plongé dans un profond sommeil. Vers 6h du matin, elle l’a réveillé pour lui demander de partir. Encore sous l’effet de l’alcool, il l’a menacée de la maltraiter. Nadia lui a confirmé ne pas avoir l’intention de rester avec lui; Nour-Eddine a commencé à lui reprocher ses conversations téléphoniques avec un inconnu. "Même mon mari ne reproche jamais mes comportements, pourquoi toi alors ?", s’est-elle adressée à lui sur un ton nerveux. Cette seule phrase l’a poussé à sortir de ses gonds. Aussitôt, Nour-Eddine a saisi un couteau et lui a asséné sauvagement des coups mortels.
Il lui a ligoté ensuite les mains et les pieds avant de la mettre dans un grand sachet en plastique bleu enroulé dans des draps. Il a lavé la chambre, a mis les vêtements maculés de sang dans un sachet et s’est dépêché sur la plage de Moulay Abdellah pour les jeter à la mer. En retournant au studio, il a commencé à penser au moyen par lequel il doit se débarrasser du cadavre. Il a pensé avoir la possibilité de le transporter jusqu’à la plage, loin de 200 mètres du lieu de crime.
Seulement, il n’a pas osé le faire. Par crainte ? Nour-Eddine n’avait pas de réponse. Mais il avait le courage de se présenter le même jour, dans l’après-midi, devant les éléments de la Gendarmerie royale à Moulay Abdellah Amghar. Ces derniers l’ont confié aux éléments de la police judiciaire qu’il l’ont mis enfin entre les mains de la justice d’El Jadida. Et le mari de Nadia? Il a enfin découvert qu’il n’était qu’un cocu.

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