Société

Une instance de l’Islam en France

Le ministre français de l’intérieur Nicolas Sarkozy a annoncé lundi soir qu’un accord avait été signé par trois grandes fédérations musulmanes de France en vue de créer dans le pays une instance représentative de l’islam, deuxième religion de France. Lundi matin, les trois grandes tendances des musulmans de France la mosquée de Paris, la fédération nationale des musulmans de France (FNMF) et l’union des organisations islamiques de France (UOIF) avaient signé le même document. C’est ce qu’a déclaré M. Sarkozy sur la chaîne publique France 2. Et d’ajouter que «avant la fin de l’année, on crée les conditions de l’émergence du statut d’un organisme du culte musulman». Le ministre français de l’Intérieur a ainsi annoncé la conclusion de la consultation sur l’islam, engagée il y a près de trois ans par son prédécesseur Jean-pierre Chevènement.
Cette instance de l’islam sera désignée «pour partie par l’élection, pour partie par cooptation», qu’elle comprendra des femmes, que «tout le monde sera représenté» et que «aucune intervention étrangère» ne sera acceptée, a confirmé M. Sarkozy. «La signature d’un document qui permettra l’organisation du culte musulman se fera conformément aux règles de la république» a ajouté le ministre français. Ce dernier avait déjà eu l’occasion de s’exprimer dans ce sens à plusieurs reprises, notamment lors d’une visite à la mosquée de Paris en octobre dernier.
La signature d’un accord mosquée de Paris-FNMF-UOIF, dont il n’a pas révélé la teneur, est considérée comme une surprise par les observateurs, tant les relations entre ces trois organisations s’étaient dégradées ces dernières semaines. L’UOIF, notamment, proche du courant des frères musulmans, appréciait mal la préférence affichée du ministre pour la mosquée de Paris, tandis que le recteur de la mosquée, Dalil Aboubakr, ne manquait pas une occasion de dénoncer le «fondamentalisme» de l’UOIF. Les cinq grandes mosquées régionales qui participent à la consultation (Lyon, Marseille, Mantes-la-jolie, Evry, St-Denis de la réunion) aux côtés des fédérations se sont senties flouées par cet accord.
Le recteur de la mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, s’est fait leur porte-parole dès lundi soir pour dénoncer à l’AFP «un marché de dupes». «Nous avons été sacrifiés pour permettre à M. Sarkozy d’aller vite », a-t-il déclaré. Selon M. Kabtane, le ministre a rencontré «secrètement» ces derniers jours la FNMF, la mosquée de Paris et l’UOIF afin de «conclure un marchandage sur les postes attribués à chacun dans le futur conseil», alors que la prochaine réunion de la consultation était prévue le 12 novembre. Lors de son passage à la télé, M. Sarkozy a confirmé l’importance qu’il attachait à la conclusion de ce dossier de l’intégration de la communauté des musulmans de France, «sans doute l’une des questions les plus difficiles» en raison des «peurs» qu’elle provoque de part et d’autre. «L’islam, a-t-il souligné, est la deuxième religion de France en nombre de pratiquants», soit 4 à 5 millions, loin devant les protestants (800.000). «Ce qu’il faut craindre, c’est l’islam dévoyé, l’islam des garages, l’islam des caves, l’islam souterrain, ce n’est pas l’islam au grand jour des mosquées». «Nos compatriotes de confession musulmane ont le droit de vivre leur foi comme les catholiques, comme les juifs, comme les protestants», a conclu le ministre français de l’Intérieur.

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