Société

Une nouvelle vie pour Maroc Soir

Dans l’article-communiqué publié en Une par Le Matin du Sahara, dans son édition de jeudi, l’information sur cette acquisition est présentée comme «un tournant majeur dans le monde des médias au Maroc». Sans sacrifier à cette pompe inhérente aux effets d’annonce, la nouvelle constitue, effectivement, un tournant décisif dans l’itinéraire d’une entreprise, Maroc Soir, qui constitue un pôle important dans le paysage médiatique marocain, mais qui souffre, eu égard à la genèse de sa création et à la nature de son évolution, d’un grave problème d’identité et d’une grande opacité quant à son management et à ses perspectives de développement. Héritier de la presse Mas qui se faisait le porte-parole des autorités et du lobby du protectorat dans son titre phare «Le Petit Marocain», le groupe, sous l’impulsion de Moulay Ahmed Alaoui, plusieurs fois ministre et homme très influent durant quatre décennies après l’indépendance, est devenu, pour l’ensemble de la classe politique nationale et des observateurs étrangers, le porte-parole officieux du pourvoir. Mais depuis quelques années, le groupe, malgré une réussite commerciale incontestable, quoique entachée par l’opacité qui plane sur son mode de gestion, est entré dans une phase de doute et de soubresauts reflétés par le malaise de l’ensemble de son personnel et des missions successives qui ont été confiées à diverses personnalités de premier ordre pour se pencher au chevet du groupe et faire des propositions pour assainir sa situation. Ce furent ainsi et successivement Mohamed Karim Lamrani ancien Premier ministre et plus récemment, Driss Jettou, l’actuel ministre de l’Intérieur qui ont eu à prendre en charge le dossier Maroc Soir. La nomination de Hicham Sen-oussi comme directeur général du groupe, en remplacement de Abdelhafid Rouissi est intervenue justement à la suite de ces diverses consultations, avec comme principale mission la restructuration du groupe et la favorisation de l’arrivée, dans son capital, de nouveaux investisseurs et partenaires. Avec l’entrée sur scène de Finance.Com et de Othman Benjelloun, un capitaine de l’industrie et de la finance dont l’itinéraire est jalonné de réussites exceptionnelles, les perspectives de développement du groupe sont incontestables et le dossier Maroc Soir gagne assurément en lisibilité et en clarté, même si, jusqu’à présent une grande discrétion est observée sur la valeur de la transaction, sur la nature et le calendrier des diverses restructurations et opérations de développement annoncées. Il demeure cependant incontournable, pour assurer une mise à niveau du groupe, de régler, d’abord, la délicate question des ressources humaines en son sein, en procédant soit à un programme de recyclage du personnel de la maison via des plans de formation et de redéploiement nécessairement longs et coûteux, soit à un plan social draconien qui rencontrera naturellement beaucoup de résistances. Il faudra également, pour les nouveaux investisseurs, prendre en charge le lourd contentieux de l’endettement que certaines sources proches du dossier situent à environ un milliard de dirhams. Mais au-delà des conséquences de cette acquisition sur la vie du groupe, un certain nombre de constats et de leçons sont, d’ores et déjà, à ébaucher concernant la nouvelle donne que cette opération entraîne pour le secteur des médias en général et de la presse écrite en particulier, dans notre pays. L’arrivée dans le secteur d’un poids lourd de la finance et de l’industrie invite toutes les entreprises de presse à renouveler leur stratégie, notamment en s’assurant un niveau de capitalisation conséquent et un mode de gestion transparent qui fera de l’entreprise de presse une entreprise normale comme toutes les autres structures productives, dans le pays. Pour notre part, à ALM, la société anonyme éditrice du quotidien «Aujourd’hui Le Maroc», ces choix stratégiques font partie des principes fondateurs de l’entreprise. Nous souhaitons que le développement du groupe Maroc Soir se fasse sur des bases commerciales dûment assumées et espérons que le principe de l’égalité de l’accès au marché de la publicité sera respecté conformément aux règles déontologiques et confraternelles pour lesquelles nous oeuvrons tous.

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