Trois associations non-gouvernementales (ong) marocaines de défense des droits de l’Homme ont organisé samedi un «pèlerinage» vers l’ancien bagne de Kelaât M’gouna où des Marocains ont croupi pendant les «années de plomb».
Mille personnes environ, militants, membres de familles de disparus, rescapés, venus de tout le pays – dont environ 200 en «caravane» d’autocars au départ de Rabat et Casablanca – se sont retrouvés à la tombée de la nuit devant le bagne fortifié qui surplombe Kelaât M’gouna, dans la vallée du Dadès.
La «caravane pour la vérité» a été organisé conjointement par le Forum vérité et justice (FVJ), l’Association marocaine pour la défense des droits humains (AMDH) et l’Organisation marocaine des droits de l’Homme (OMDH).
D’anciens détenus du Centre de Kelaât M’gouna, tel le groupe de Abdennaceur Bnouhachem «disparu» au total pendant près de neuf ans, ont participé au rassemblement et ont pris la parole pour dire leur émotion, devant les murs aveugles et l’imposant portail métallique du fortin en pisé rose.
Les autorités marocaines avaient manifestement décidé de laisser se dérouler ce pèlerinage en évitant tout incident.
Le Président de l’AMDH, Abdelhamid Amine, a reconnu ce progrès et indiqué à la presse étrangère que les autorités, d’abord très réticentes à l’annonce du projet, avaient tenté d’en dissuader les organisateurs avant de se montrer assez coopératives – allant jusqu’à fournir l’éclairage et certaines facilités sur le site. «C’est bien, mais cela ne suffit pas», a aussitôt ajouté M. Amine, rappelant les principales exigences des associations présentes, à savoir l’établissement de la vérité complète sur les crimes et violations graves des droits de l’homme commis pendant les années noires, la restitution des corps des disparus aux familles, l’indemnisation de toutes les victimes et la présentation des excuses officielles de l’Etat. Les trois ONG marocaines avaient organisé des rassemblements similaires devant les centres secrets de détention de Tazmamart, Derb Moulay Chérif (à Casablanca) et Dar El Mokri (à Rabat).