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Urgences médicales : La thérapie choc du CESE

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Le conseil qui a présenté mercredi son avis appelle à lever les barrières financières à l’accès aux soins

Avis
Le Conseil Économique, Social et Environnemental s’est autosaisi de la filière de prise en charge des urgences médicales. Il a présenté une série de recommandation permettant de remédier à ses dysfonctionnements actuels et d’offrir des soins sûrs, en temps opportun, efficaces, équitables et centrés sur le patient. Les détails !

«Les différents plans et stratégies mis en œuvre par les pouvoirs publics durant ces 20 dernières années n’ont pas substantiellement amélioré la qualité de prise en charge des urgences médicales». C’est ce qu’a indiqué Ahmed Reda Chami, président du Conseil économique, social et environnemental, mercredi 21 juin, à Rabat, lors de la présentation de l’avis sous le thème «Comment remédier à la situation préoccupante de la filière de prise en charge des urgences médicales au Maroc?». Selon M. Chami, la filière des urgences médicales n’a pas bénéficié des moyens humains et organisationnels nécessaires et suffisants. Il a souligné que la condition socio-économique et la situation géographique de la personne concernée continuent à déterminer son parcours et non uniquement sa situation médicale. Il a également indiqué que les 4 maillons de cette chaîne présentent des insuffisances à des degrés divers, ce qui impacte inéluctablement et souvent négativement les parcours des patients. Partant du diagnostic, le CESE préconise la nécessité de disposer d’une filière de prise en charge des urgences médicales délivrant des soins sûrs, en temps opportun, efficaces, efficients, équitables et centrés sur le patient.

Intégrer le secteur privé dans l’offre de soins
Le CESE recommande d’améliorer l’organisation territoriale. Ceci à travers la mise en place des filières de soins d’urgences médicales dans chaque région, adaptées aux spécificités populationnelles et géographiques du territoire, avec l’implication de tous les acteurs des territoires. Il appelle à intégrer dans le même cadre le secteur privé dans l’offre de soins et l’inciter à investir dans les infrastructures et le transport sanitaire tout en facilitant l’accès au foncier dans le cadre de négociations de partenariats gagnant-gagnant, définir une tarification des prestations justes et donner aux entreprises de transport la visibilité financière nécessaire à long terme, compte tenu de la lourdeur des investissements et des coûts de maintenance. Le conseil recommande de mieux appréhender les besoins des populations des régions, en mettant en place des systèmes d’information digitalisés et interconnectés concernant l’activité et l’épidémiologie régionale.

Renforcer et développer la régulation préhospitalière
Le CESE appelle à responsabiliser le citoyen à travers l’information, le civisme, l’éducation aux gestes de premiers secours et la sensibilisation aux spécificités des services des urgences. Il recommande d’informer, sensibiliser et former la population sur une conduite standardisée et systématique à tenir en cas d’urgence et sur les gestes de premiers secours. De même, il préconise à former les enfants et les citoyens au secours et vulgariser les gestes de premiers secours (massage cardiaque externe, position latérale stable, libération des voies aériennes…). Dans le même cadre, il préconise d’imposer aux administrations et aux établissements accueillant du public l’obligation de mise en place des équipements de premiers secours, notamment les défibrillateurs et mettre en place une application numérique permettant de les géolocaliser. «Il convient de s’assurer que des personnes bien identifiées soient formées à l’utilisation adéquate, en cas d’urgence, desdits équipements et développer les actions de volontariat auprès de la Protection civile».

Renforcer le champ d’action des SAMU régionaux
Le CESE recommande également de doter le SAMU de moyens logistiques, humains et financiers, étendre sa mission et son champ d’intervention pour inclure les secours sur la voie publique, en étroite coordination avec la protection civile, et rendre possible le transfert des patients vers les établissements du secteur privé. «Le SAMU devrait constituer l’interlocuteur unique de toute personne en situation d’urgence médicale pour l’orienter vers le circuit médical, public ou privé, le plus proche et le mieux adapté». De plus, il conseille de renforcer le rôle de la «médecine de ville». Cela à travers l’intégration des médecins généralistes privés et des centres de santé dans la régulation des urgences.
Dans le même volet, il recommande de renforcer la protection civile et sa collaboration avec le SAMU et les territoires, les capacités logistiques et humaines de la Protection civile et augmenter les budgets qui lui sont alloués. Il appelle à améliorer la couverture territoriale de la Protection civile en créant plus de centres de secours afin de limiter les délais d’intervention. Le Conseil appelle à renforcer la coopération et la contractualisation entre le SAMU, la Protection civile, les CHU et hôpitaux provinciaux, les cliniques privées et les collectivités territoriales en matière d’organisation du ramassage, de transport, de formation, de simulations de catastrophes, d’élaboration et de mise en œuvre de projets d’infrastructures de secours.

Création d’un fonds de garantie
Le CESE recommande de lever les barrières financières à l’accès aux soins. Il appelle à mener dans ce cadre une réflexion multipartite sur l’opportunité de création d’un fonds de garantie dédié à la prise en charge médicale urgente dans le secteur privé à but lucratif et à but non lucratif.
Il préconise d’élargir le mode tiers-payant aux soins ambulatoires de manière à éviter à l’assuré d’avancer la totalité des frais y afférents, d’introduire le transport médical dans la nomenclature des actes professionnels et le TNR.

Valoriser les ressources humaines
Le CESE recommande de développer et valoriser les ressources humaines affectées aux services des Urgences. Il préconise une série de mesures dont le renforcement de la formation de base et la formation continue, promouvoir la formation spécialisée en urgentologie de manière générale et les praticiens actuels ayant toujours le statut de généralistes malgré leurs années d’expériences aux Urgences au statut de spécialistes selon des modalités qu’il conviendra de définir.
Il préconise également d’autres démarches, à savoir la révision du cadre juridique, réglementaire et indemnitaire pour les gardes et astreintes, reconnaitre la pénibilité du travail et de l’exposition aux risques psychosociaux des soignants dans les services d’urgence en veillant à mettre en place des leviers de motivation (revalorisations salariales, indemnisations spéciales, etc.) et encadrer juridiquement les nouvelles pratiques telles, la téléconsultation, le télé conseil et la téléexpertise.

Améliorer les prestations des services dans les secteurs privé et public
Le CESE appelle à élaborer des cahiers des charges qui constitueraient un référentiel normatif opposable aux secteurs public et privé concernant les bâtiments, les équipements, les personnels et l’organisation des services hospitaliers d’urgence. Il souligne à mettre à niveau progressivement, sur les plans architectural et organisationnel, l’ensemble des services d’urgences, publics et privés, selon ces cahiers des charges, puis assurer un contrôle de conformité à travers une procédure d’homologation. Il incite les dirigeants d’établissements de soins à s’inscrire dans une démarche d’accréditation par des organismes d’évaluation indépendants. De même, il encourage à développer au sein de chaque région les filières d’urgences spécialisées qui permettent une prise en charge rapide et optimale des patients polytraumatisés, des grands brûlés, des nouveau-nés, des patients atteints d’accidents cérébrovasculaires ou cardiaques.

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