Le Parti de l’Istiqlal est aujourd’hui fort de 60 députés et arrive en deuxième position derrière l’UMP (Union des Mouvances Populaires, 69 députés). Pourtant, les élections du 27 septembre 1997 n’ont donné au parti de Abbas El Fassi que 48 sièges, le plaçant ainsi derrière l’USFP avec 56 élus. Le parti d’El Yazghi perdra quelques places à l’occasion des divers scrutins partiels comme ce sera le cas, à Salé, pour l’ex-ministre Nasser Hajji.
Les 12 députés de plus, l’Istiqlal ira les «débaucher» chez d’autres partis. Chose qui n’a pas été sans lui attirer plusieurs critiques, surtout que les amis de Abdelhamid Aouad ne rechignaient pas à faire dans le «moralisme» comme le relève un député de l’actuelle majorité. Les derniers à rejoindre le groupe istiqlalien à la première Chambre ne sont autres que les Kiouh (père et fils) qui ont claqué la porte du PND en 2004, mais aussi Bouchaïb Jermouni (élu initialement sous l’étiquette FFD) et Abdessalam Elkhebbaz, ex-MDS, ex-PPS (ex-président de groupe !) et ex-UD. L’ex-administrateur de l’Intérieur devenu homme d’affaires et député de Had Kourt-Jorf Elmelha (région de Sidi Kacem) a finalement émergé sur la liste du PI. Pour clore la liste, c’est Mohamed Benzeroual, député de Mechraâ Belksiri, qui figure à la place n°60 de la liste de l’Istiqlal après avoir «fait» le MDS, le MNP et l’UD.
Le groupe USFP, lui, accueille un nouvel arrivant en la personne de Hassan Derham, l’homme d’affaires du Sahara auparavant RNI puis MP. Les socialistes affirment que le processus de rapprochement était en cours depuis longtemps.
Le groupe de l’Alliance socialiste a «perdu» Miloud Chaâbi après une année de «cohabitation» et se maintient à 20 députés, soit le strict minimum pour constituer un groupe que préside Abdennebi Saligane. La seule « conquête» de ce groupe aura été le député Abdelkader El Aâssouli, élu initialement sous l’étiquette du CNI (Congrès National Ittihadi) et qui a fait l’objet de pression de la part de ses amis pour refuser le poste.
Le groupe constitutionnel démocratique (UC et PND) est arrivé depuis 2002 à passer de 22 à 27 députés, alors que le FFD de Thami Khiari figure toujours parmi les principales victimes de la transhumance lors de l’actuelle législature. De 15 à l’issue du scrutin de septembre 2002, ils ne sont plus, aujourd’hui, que 8 députés. Le responsable ? le FFD montre toujours du doigt l’UD (Union démocratique) et son chef en particulier, Bouazza Ikken qui se distingue par des arguments solides et irrésistibles. Toutefois, le principal perdant jusque-là n’est autre que Mahmoud Archane et son MDS (Mouvement démocratique et social). Lors de la sixième législature, ce parti comptait 37 députés. En septembre 2002, il a réussi à en faire élire sept seulement. Et, actuellement, ce parti n’a plus de traces à la première Chambre. Tout simplement. Même pas un seul représentant comme c’est le cas pour l’AL (Alliance des Libertés).
Autre fait notoire, en septembre 2002, ils étaient trois députés à être sans étiquette politique. Aujourd’hui, ils sont au nombre de six : Miloud Chaâbi, l’ex-UMP Slimane Derham, l’ex-MDS Chaoui Belaâssal, Brahim Mazouz, Mohamed Benaâtiya et l’ex-MDS Abdelaziz Chahoui.
Pour un observateur de la chose parlementaire, le phénomène de la transhumance sous la coupole enlève toute crédibilité à la politique et à ses acteurs. Mais menace aussi la stabilité de tout gouvernement et, partant, la stabilité politique de tout le pays. Des contacts officieux ont bien eu lieu avec le Conseil constitutionnel, mais ce dernier aurait refusé de se prononcer pour sauvegarder la «liberté de choix». Celle des électeurs en tout cas n’est pas du tout respecté. Actuellement, il est question d’y remédier à l’occasion de l’élaboration du code électoral promis avant le scrutin de 2007. Et éventuellement une révision du règlement interne de la première chambre.