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Vers une meilleure visibilité institutionnelle des douars

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Invisibles sur le paysage institutionnel, les douars jouent pourtant un rôle important dans la préservation du patrimoine matériel et immatériel en plus de leur impact socio-éonomique. Par ailleurs, les douars évoluent différemment selon la région où au sein même d’une même région. Afin de comprendre les différentes tendances qui animent la vie dans ces entités et leur donner une visibilité sur la scène institutionnelle, l’initiative citoyenne OTED a organisé une rencontre intitulée : «Les douars entre patrimoine socioculturel et dilution institutionnelle ».

L’initiative citoyenne OTED (O’Territorial Empowerment and Developpment) a organisé récemment une rencontre axée sur la thématique centrale «Les douars entre patrimoine socioculturel et dilution institutionnelle». Ce débat s’inscrit dans le cadre du cycle de discussions intitulé «Parlons Territoires». Présentée sous forme de webinaire, cette session a examiné le rôle crucial des douars au Maroc, tout en explorant les défis auxquels ils font face dans le contexte institutionnel actuel. Unités de base de l’organisation socio-économique et territoriale du Royaume dans les zones rurales et périurbaines, les douars ont toujours joué un rôle important. On compte environ 42.000 douars au Maroc où vivent près de la moitié des citoyens du monde rural reliant ainsi des millions de personnes. D’ailleurs, le récent séisme qui a frappé la région d’Al Haouz a mis en exergue les différents rôles joués par le douar et ses habitants dans le développement et dans la préservation du patrimoine. Toutefois, les douars ne disposent pas d’une reconnaissance institutionnelle. Ce webinaire a été l’occasion de s’interroger sur la place qu’ont les douars dans l’organisation territoriale, la nécessité de leur revitalisation comme vecteur de développement socio-économique, la protection du patrimoine comme base de cette revitalisation, l’intégration de ces unités dans l’organisation territoriale du Maroc. Les experts invités par l’OTED ont mis en avant les leviers à actionner pour préserver le douar et faire progresser ses habitants tout en jouant son rôle social et culturel. «Nous avons une organisation territoriale qui n’a de sens que d’un point de vue gestionnaire», affirme Samira Mizbar, socio-économiste, docteur en dynamiques comparées des sociétés en développement, notant que beaucoup de ces entités (douars et ksours) sont en déclin. «Systématiquement ce sont des espaces qui sont perçus négativement, toujours arriérés, et qui sont les antithèses de la modernité (…) Si on veut avancer et mettre en place des processus de développement c’est quasiment impossible dès lors que l’on considère que ces espaces ne sont pas aptes à évoluer», relève l’experte. Pour sa part Mohamed Tozy, professeur des universités, directeur délégué à la recherche à Science Po Aix, a mis l’accent sur le douar en tant que lieu de vie avec une forme de gestion et d’autogestion par les populations. Il a ainsi braqué les projecteurs sur la possibilité de construire un dispositif de représentation politique des douars. Selon M. Tozy, « il y a un lien politique à établir entre la commune et les douars et pourquoi pas faire coïncider le douar à une circonscription électorale, à savoir avoir un représentant du douar au sein de la commune» relevant que l’utilité de le faire réside dans le fait que c’est à ce niveau que se construit l’information territoriale. De son côté Mohamed Mahdi, professeur de sociologie rurale, membre de l’association Targa Aide et du CRESC, a mis en exergue les dynamiques actuelles qui régissent les douars et les différences entre ces entités d’une région à une autre et au sein d’une même région. Activités agricoles, transferts des MRE, immigration, sont des facteurs clés des évolutions de ces espaces territoriaux. Il a mis en exergue les douars qui deviennent des lieux de vie et ceux qui sont des référents identitaires et non des espaces de production.

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