Des barrages de police installés à l’entrée des principales villes du pays, des agents en uniforme assurant la protection de certains lieux sensibles, et la multiplication des voitures d’intervention patrouillant dans les zones à haut risque, tel est le dispositif de sécurité mis en place par les services de sécurité marocains depuis quelques jours. Ce déploiement des agents de la police rappelle le dispositif de sécurité installé au lendemain des attentats terroristes du 16 mai à Casablanca, ce qui incite le citoyen à se demander sur les raisons ayant dicté cette alerte soudaine. Pour certains, il s’agit de l’existence de menaces d’attentats que les autorités policières préfèrent ne pas révéler au grand public, alors que pour d’autres, les barrages de la police auraient été installés afin d’appréhender certains terroristes de la Salafiya Jihadia activement recherchés depuis le 16 mai et qui demeurent toujours en cavale. Selon des sources des services de sécurité, ces mesures sont ordinaires et auraient été prises à l’approche du nouvel an. « Généralement, le taux de criminalité augmente pendant quelques jours avant le nouvel an et les appels reçus sur le 19 augmentent sensiblement en cette période, surtout la nuit, ce qui nous amène à mettre en place un dispositif spécialement établi pour cette période afin d’assurer une intervention immédiate dès la réception d’un appel de détresse », explique un officier de police. Toutefois, le déploiement des agents de police avec une augmentation de leur nombre habituel devant les représentations diplomatiques étrangères notamment américaines, britanniques et espagnoles, ainsi que dans les environs des lieux fréquentés par les étrangers ou les citoyens marocains de confession juive, suppose l’existence d’une alerte sur l’existence d’un risque d’actes terroristes. Une supposition tout à fait logique compte tenu des derniers développements dans le domaine de la lutte antiterroriste au niveau international. À ce niveau, il y a lieu de signaler que les autorités américaines ont relevé dimanche dernier leur niveau d’alerte aux attentats au « jaune », ce qui correspond à un risque « élevé », à l' »orange », soit un « fort » risque. Une décision qui a été annoncée par le secrétaire à la Sécurité intérieure, Tom Ridge. Les Etats-Unis, qui se trouvaient en alerte jaune depuis le 30 mai dernier, ont pris cette décision suite à ce qu’ils ont appelé « un regain d’activités des organisations terroristes notamment en Arabie saoudite et au Maroc ». Il est à préciser que le passage d’un échelon à un autre se fait suite à des informations des services du renseignement sur l’éventualité d’attentats terroristes visant les Etats-Unis ou ses intérêts à travers le monde. Alertée sur l’existence de telles menaces, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) aurait déclenché le dispositif d’exception afin de doubler la vigilance de ses services. Rappelons qu’à l’instar de ses homologues occidentales, la police nationale a créé un système d’alerte nationale spécialement conçu pour des situations de haut risque et comptant plusieurs niveaux d’alerte. L’existence d’un tel dispositif préconçu permet à la DGSN de mobiliser efficacement ses ressources à n’importe quel moment avec une rapidité remarquable. Mais, il faut avouer que cette efficacité est essentiellement due à l’élément humain puisque les moyens techniques dont dispose la Direction générale de la sûreté nationale demeurent très limités par rapport à ses besoins. Ce manque de moyens est compensé par l’effort des éléments de la police qui font un travail extraordinaire malgré toutes les contraintes.