Société

Violée sous les yeux de son fiancé

Pour Hassan et Rachida, l’amour n’est pas un vain mot. C’est un engagement jusqu’à la fin de leur vie sur terre. « Et même au-delà de notre existence sur terre, ma bien-aimée », lui murmure-t-il, à chaque promenade qu’ils font près de la rivière Kikate à Kasbat-Tadla. Elle a vingt-sept ans, il en a trente. Les habitants du quartier sont au courant de leur relation amoureuse. Elle ne date pas d’hier, puisque cela fait dix années qu’ils sont épris l’un de l’autre. Un grand amour, marqué par le respect et le sens du sacrifice.
Hassan est actuellement à la recherche d’un emploi. Il a, comme on dit communément, un « niveau bac » et un diplôme en informatique. Et il n’a jamais pensé se joindre aux jeunes diplômés-chômeurs devant le siège du Parlement pour réclamer un job. En attendant, il ne reste pas les mains croisées. Il a envoyé des demandes à différents établissements et entreprises et il attend sa chance avec espoir. « Je n’aime pas et je ne veux pas rejoindre ma famille en Allemagne…Je suis très à l’aise ici…Je n’ai pas besoin d’argent, mais je veux trouver un boulot pour vivre chez moi sans recourir à ma famille… », répète-t-il toujours à sa douce amie. C’est leur seul point de discordance.
Rachida n’a jamais été d’accord pour vivre à Kasbat-Tadla. « Je ne sais pas pourquoi tu veux rester ici… Je peux t’assurer que si d’autres jeunes avaient eu les mêmes opportunités, eh bien ils ne les auraient pas ratées ! Pourquoi ne veux-tu pas rejoindre tes deux frères et soeurs et ton père et rester ici près de ta mère ?… Tu es vraiment fou… », lui reproche-t-elle à chaque fois qu’ils abordent le sujet.
Rachida rêve d’une belle vie, tranquille, honnête, digne, calme, aisée. Elle espère fuir du jour au lendemain l’indigence de sa famille. Elle souffre depuis son enfance de la pauvreté au point qu’elle la considère comme une malédiction, une peste qui ravage sa vie. Elle comptait sur ses études pour en guérir, mais elle n’a pu dépasser le niveau de la neuvième année de l’enseignement fondamental. Et faute de moyens, elle n’a pu accéder aux écoles privées. Elle était au seuil du désespoir. Heureusement, Hassan était là, n’hésitant pas une seconde à l’aider, à la soutenir, à la réconforter. Il n’a jamais pensé à l’abandonner à son propre sort. Il l’aime vraiment. Elle, également, puisqu’elle s’est donnée à lui âme, coeur et corps. « Que vais-je faire maintenant ? Que dire à mes parents ? Fais quelque chose pour me tranquilliser, Hassan… C’est parce que je t’aime que je me suis donnée à toi pour faire de mon corps tout ce que tu veux !… ». « Moi aussi je t’aime et je ne t’abandonnerai jamais… Pour te rassurer, je te dis tout de suite que je vais aller en compagnie de ma mère chez toi pour demander ta main à tes parents… ».
Les fiançailles ont eu lieu. Rachida et Hassan sont fous de joie. Ils se sentent comme mariés, comme s’ils allaient vivre tout de suite sous le même toit.
Les filles du quartier parlent d’elle, de sa chance d’avoir un fiancé comme Hassan, toujours élégant, beau, diplômé et n’ayant pas besoin d’argent. Les garçons voient les choses autrement ; ils envient Hassan d’avoir une fille comme Rachida, belle, d’allure toujours plus jeune que son âge, des traits harmonieux, une taille svelte.
La beauté de Rachida séduit tous les jeunes du quartier. Et parmi ceux qui la croisent quelque part, il y en a qui gardent une rancune contre Hassan parce qu’il a réussi à s’accaparer de cette « pomme ». Saïd, dix-huit ans, Abdelkader, vingt ans, Bouchaïb et Ahmed, vingt-quatre ans, tous sans profession.
«Il ne doit pas manger cette pomme tout seul», dit l’un d’eux.
«On doit tous la manger…», réplique un autre. Les quatre amis connaissent les jours, les heures et le lieu des rencontres du jeune couple.
Un vendredi, vers 16H, les quatre jeunes occupent un banc au parc du 20 août. Ils guettent Hassan qui attend la venue de sa fiancée. Elle arrive, l’embrasse et les deux tourtereaux s’en vont. Immédiatement pris en filature par le quatuor. Les deux amoureux s’arrêtent dans un beau lieu, plein d’arbres, près de la rivière Kikate. Ils sont assis tranquillement, conversent, s’embrassent, dégustent des gâteaux. Ils se tiennent à l’écart des autres couples qui fréquentent ces lieux près de la rivière. Le quatuor les guette toujours. Les deux amoureux ne se rendent compte de rien, ne remarquent rien, ils s’embrassent, ils ne sont plus dans ce monde. Tout-à-coup, une pluie de coups de pieds et de poings s’abat sur leurs têtes. Quand Hassan reprend connaissance, ses pieds et ses mains sont ligotés et sa bouche bâillonnée. Sa fiancée est en train de se faire violer à tour de rôle par les quatre voyous, devant ses yeux. Une fois leur instinct sauvage repu, les quatre malfrats rebroussent chemin en criant de joie, laissant les deux amoureux sous le choc. Rachida pleure et Hassan ne sait pas quoi faire. Ils se mettent debout, l’un soutenant l’autre. Ils déposent plainte. Les quatre violeurs sont arrêtés.
L’amour de Hassan et Rachida résistera-t-il à cette terrible épreuve ? Et pourront-ils continuer leur chemin sans être hantés par la terrible scène dont la jeune femme a été la victime?

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