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Violences faites aux femmes : La société civile se mobilise pour la campagne des 16 jours d’activisme

© D.R

Les violences faites aux femmes ont pris une dimension dangereuse avec la crise actuelle.

Exacerbés par l’impact de la Covid-19, ces actes sont souvent motivés par l’insécurité économique et la pression de l’isolement social. Avec ce contexte de la pandémie, les femmes et les filles sont victimes d’abus qui s’exercent aussi dans le milieu familial. C’est dans ce sens que Policy center for the New South a organisé le 8 décembre 2020 une rencontre à distance réunissant experts et acteurs de la société civile en parallèle avec la campagne internationale des seize jours d’activisme contre la violence basée sur le genre (qui se déroule du 25 novembre au 10 décembre).

Sensibiliser les plus concernés et renforcer le dispositif de protection

«Beaucoup de femmes et de filles ne sont pas conscientes des violences faites à leur encontre. Et donc dans le cadre de Global Shapers, on les met dans des situations de jeu de rôle pour les sensibiliser à ces questions», relève Amina Achour, membre de Global Shapers, mettant l’accent sur les différents aspects de ces abus qui se manifestent sur les plans psychologique, économique et social. Intervenant lors de ce webinaire, Abdelatif Mounir, directeur exécutif au sein du Conseil national des droits de l’Homme, a rappelé que les comportements violents subis par les femmes sont des violations des droits de l’Homme citant les différents traités internationaux définissant ce fléau qu’il qualifie de «structurel».
Partant de là, la lutte contre les violences faites aux femmes doit être renforcée sur le plan législatif et au niveau national, beaucoup d’efforts ont été faits à ce niveau, notamment sur les plans juridique et institutionnel. L’expert évoque entre autres les structures créées en faveur des droits des femmes et les dispositions de la Constitution qui consacrent cette question.

Une priorité politique

De son côté, Nezha Chekrouni, ex-ministre déléguée auprès du ministre de l’emploi, de la formation professionnelle, du développement social et de la solidarité, chargée de la condition féminine, de la protection de la famille et de l’enfance, a souligné le fait que l’approche genre prend tout son sens dans ce contexte particulier de la Covid-19. Elle a expliqué que la confrontation homme-femme prend ses racines dans une construction sociale et culturelle qui nourrit l’inégalité entre les hommes et les femmes dans la société marocaine. A cela s’ajoutent de nouveaux aspects des violences faites aux femmes qui sont apparus avec les réseaux sociaux et le développement d’Internet. Par conséquent, la cyberviolence contre les femmes est de plus en plus répandue. «Les plateformes numériques sont devenues un espace qui contient des violences d’un autre type et il est important d’en comprendre les différentes facettes». Par ailleurs, elle a indiqué que globalement les violences contre les femmes sont un véritable obstacle contre le développement durable et la paix au sein d’une société expliquant qu’il est temps d’intégrer cette question centrale au cœur de l’agenda politique et lui accorder la priorité qu’elle mérite.

Pour Nezha Chekrouni, toute la société doit être mobilisée pour contrer ce fléau parce que les répercussions de ces abus touchent la société dans son ensemble, nuisent au projet de société que nous voulons et entravent la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). «La pandémie de Covid-19 a fait réaliser au monde entier que la société de demain ne va pas ressembler à la société d’avant et donc nous sommes devant une opportunité unique à saisir pour avancer», relève l’ex-ministre. Pour rappel, bien avant que le monde ne soit frappé par cette pandémie, la violence contre les femmes et les filles avait atteint des niveaux élevés.

Dans le monde, 243 millions de femmes et de filles ont été maltraitées par leur partenaire au cours de l’année écoulée. Moins de 40% des femmes victimes de violence le signalent ou demandent de l’aide. Alors que les pays mettent en œuvre des mesures pour freiner la propagation du coronavirus, la violence à l’égard des femmes, en particulier la violence domestique, s’est intensifiée – dans certains pays, les appels aux lignes d’assistance ont été multipliés par cinq. Dans certaines situations, les survivants ont du mal à demander de l’aide et à obtenir un soutien.

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8 personnalités racontent en vidéos des histoires de violences poignantes

Huit personnalités marocaines du cinéma, de la télévision, de la radio et du Web participent à la campagne mondiale de lutte contre la violence faite aux filles et aux femmes qui court jusqu’au 10 décembre corroborée par une série de vidéos de sensibilisation. Des histoires poignantes racontées dans ces vidéos sur les violences physiques, psychiques, sexuelles et économiques de plusieurs régions du Maroc, Fatima Tihihit a tenu à raconter son histoire personnelle. Ces vidéos diffusées sur les réseaux sociaux sont le résultat de la collaboration entre l’Union européenne au Maroc, ONU Femmes et le Comité diversité et parité de 2M en partenariat avec les ambassades de l’UE au Maroc et Hit Radio. «L’UE et le Maroc sont engagés ensemble dans la lutte contre la violence faite aux femmes à travers de nombreux appuis en cours avec le programme Moussawat mais aussi dans les appuis à l’éducation, à la santé, à la protection sociale, à la justice et à la société civile», expliquent les initiateurs de ce projet. Notons que la dernière enquête de prévalence de la violence à l’encontre des filles et des femmes menée au Maroc en 2019 (Haut-Commissariat au Plan) fait savoir que 57% de femmes âgées de 15 à 74 ans ont subi au moins un acte de violence, dont 46,1% dans le contexte conjugal. Moins de 10% ont porté plainte et plus de 58% des femmes et 57% des hommes affirment ne pas être au courant de l’existence de la loi contre les violences faites aux femmes (loi 103-13 adoptée en 2018).

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