C’est une politique de rupture que le nouveau gouvernement espagnol, conduit par José Luis Zapatero, compte mettre en oeuvre dans les relations de l’Espagne avec le Maroc. C’est ce que le président du gouvernement espagnol a annoncé, jeudi 15 avril dans son discours d’investiture devant les députés. “Le Maroc exige et mérite une attention préférentielle et des relations qui visent une entente profonde“, a-t-il déclaré, proclamant son intention de réserver au Royaume du Maroc sa première visite officielle à l’étranger.
Ce n’est pas juste une profession de foi, c’est une conviction chez le chef du parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) qui, dès le lendemain de sa victoire aux législatives du 14 mars, a mis l’accent sur l’importance, pour son futur gouvernement d’entretenir de bonnes relations avec son voisin du sud. Des relations mises à mal sous le précédent exécutif du Parti Popular (PP) de José Maria Aznar, chassé du temple du pouvoir à cause de sa mauvaise gestion des attentats du 11 mars. Avec le nouveau locataire du Palais de La Moncloa , l’espoir est réel de reconstruire une nouvelle page dans la coopération entre les deux pays qui peuvent dépasser les divergences qui les opposent par le dialogue et la négociation.
La gouvernance, c’est le style. Il y a bel et bien un style Zapatero. C’est un homme qui teint ses promesses. L’une d’elles est la parité homme-femmes. Elle est respectée dans son cabinet qui compte autant d’hommes que de femmes (16 membres au total).
Derrière la froideur apparente de M. Zapatero, se profile un personnage au tempérament déterminé. Il sait ce qu’il veut et l’atteindra à sa manière. Par une approche soft sans caractère spectaculaire où tout ce qu’il entreprendra sera animé d’un désir de changement. Ce socialiste bon chic bon genre saura, à n’en point douter, redonner un nouveau souffle à la proximité maroco-espagnole. D’ores et déjà, le nouveau gouvernement étudie la possibilité de créer un conseil de culte musulman à l’instar de celui créé il y a quelques mois en France. Dans un pays qui compte 260.000 musulmans de nationalité espagnole et 230.000 immigrés de la même religion , il est important de mettre en place une telle institution dont l’objectif est de promouvoir un islam tolérant et serein.
Les attentats de Madrid ont montré que l’Espagne abrite des extrémistes à la solde de Al Qaïda. Aussi est-il temps pour les autorités de ce pays, au-delà de ce projet de conseil, de se débarrasser de leurs vieux réflexes sur lesquels elles se sont recroquevillées pour élaborer une politique volontariste d’intégration de ses immigrés. Celle-ci devrait offrir à cette communauté de plus en plus nombreuse un cadre adéquat où ses membres peuvent s’épanouir en toute liberté avec le sentiment d’être considérés non pas comme des gens de seconde zone mais comme des citoyens à part entière. En un mot, Madrid doit pouvoir créer son propre modèle en la matière. Il y va de son avenir en tant que terre d’immigration.