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5ème FIFM, hymne au cinéma d’auteur

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Encore une fois, un beau constat se dégage à travers la sélection de films présentés au 5ème Festival international du film de Marrakech. Comme les quatre éditions précédentes, celle d’aujourd’hui fait valoir un choix courageux, puisque réfractaire à la sacro-sainte logique du marché, respectueux puisqu’il ne traite pas le produit cinématographique comme une « marchandise », et humaniste puisqu’il favorise un cinéma d’auteur qui, au nom de l’idéal humain, cultive des valeurs, contrairement à un certain cinéma commercial rampant et dangereusement dévastateur. Comme nous le confirme le Kirghize Ernest Abdyshaparov, réalisateur du film « Saratan » (en compétition), en disant : « Il y a aujourd’hui un conflit non équilibré entre un cinéma d’auteur en difficulté et un cinéma commercial en train de gagner ».  «Opter aujourd’hui pour un cinéma d’auteur » reviendrait à « faire acte de résistance », nous a dit ce cinéaste, saluant par la même occasion le Festival de Marrakech qui s’inscrit dans une dimension purement artistique.
En effet, d’après la programmation, on constate que la tendance prédominante est plutôt aux films à thèse. « C.R.A.Z.Y », film du Québécois Jean-Marc Vallée, nous brosse un tableau sombre d’une société à la dérive, à travers le portrait accablant d’une famille en proie à la drogue, à l’alcool, à l’homosexualité…
La question de l’éducation est remise en question, autant que d’autres comme un certain messianisme religieux vendu par les marchands d’illusions comme une recette-miracle pour résoudre des problèmes sociaux chroniques.
Même son de cloche chez Juan Vicente Cordoba, réalisateur du film « A Golpes » dans lequel il met l’Espagne contemporaine face à ses démons : chômage des jeunes, précarité, délinquance, vol, viol, avec en prime un regard sur les immigrés maghrébins en Espagne, confrontés, outre le racisme, à un quotidien de plus en plus difficile.
Nous découvrons, à travers ce film, un autre visage de l’Espagne d’aujourd’hui, que le grand réalisateur J. C Cordoba a eu le courage et le risque de démasquer avec un réalisme décapant.
Dans ce même esprit, il faut saluer la profondeur avec laquelle le réalisateur José Alcala a restitué, à travers son long-métrage « Alex», la question épineuse du concubinage en France. « Alex », une jeune femme indépendante, prétend pouvoir fréquenter les hommes tout en s’assurant la garde de son enfant (Xavier), ce qui fait planer un point d’interrogation sur la « nature » de l’éducation que cette femme veut donner à son fils. 
Loin de l’Europe, Ernest Andyshaparov nous invite à un voyage sur les cimes du Kirghizistan, pour découvrir le quotidien de villageois qui ont perdu l’espoir de voir venir des jours meilleurs. Avec une simplicité troublante, le réalisateur veut rappeler au monde que, loin du faste de la civilisation moderne, il y a des gens en difficulté à qui on ne pense pas encore et que la société contemporaine a le devoir, voire l’obligation, de les aider…
Les autres films en compétition ont un point commun avec les précédents, en ce sens qu’ils restent tous engagés à démasquer une société mondiale contemporaine en mal de repères, et de valeurs. S’il faudra désigner un vainqueur de la prestigieuse Etoile d’Or du 5ème FIFM, il n’en reste pas moins que la réelle consécration sera celle d’un cinéma d’auteur qui reste notre dernier rempart contre un cinéma-bulldozer qui, au nom du Dieu-Finance, veut lamentablement ignorer que le cinéma, un art comme les autres, est d’abord une question de valeurs et de principes.
Entre « Hollywood » et « Bollywood », un autre conflit vient livrer bataille à Marrakech. En mettant encore une fois le cinéma indien sur le podium, le FIFM favorise certes un cinéma très populaire au Maroc mais confirme également et surtout un cinéma qui a su cultiver, plusieurs décennies durant, des sentiments très nobles portés par des choix esthétiques pointus et originaux. A travers les deux hommages rendus au réalisateur Chopra et au comédien Saïf Khan, c’est tout le cinéma indien qui est mis à l’honneur.  L’Espagne, invitée d’honneur du 5ème FIFM, est également au cœur de l’événement.
Par l’hommage qui lui sera rendu ce jeudi, il s’agit de consacrer le choix d’une cinématographie espagnole contemporaine populaire et proche des préoccupations actuelles.

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