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5ème FIFM : la course vers le grand sacre

© D.R

La projection du long-métrage «El Ayel», dimanche matin au Palais des congrès, a marqué le début de la compétition du 5ème Festival international du film de Marrakech. Le public, principalement marocain, s’est rué vers la «Salle des ministres» (Palais des congrès), pour assister à la projection en avant-première de ce film mais aussi et surtout évaluer ses chances de remporter la prestigieuse Etoile d’Or du 5ème FIFM. L’attente d’un tel sacre s’est accrue le soir, lors d’une seconde projection à 21 heures au cinéma Le Colisée qui a drainé une foule impressionnante de cinéphiles. Mais voilà, la crainte exprimée après la projection du film dimanche matin est montée d’un cran le soir de la même journée. Ici ou là, les cinéphiles ont émis des doutes sur l’éventualité d’un sacre. «Alors qu’on s’attendait à voir un long-métrage de fiction, on a été surpris d’assister à un film-documentaire», reproche un observateur, d’un ton ironique empreint de dépit. En effet, le réalisateur de «Si Moh Pas-de-chance», Moumen Smihi, a exploité à fond les ressorts techniques utilisés dans le documentaire.
Censé reconstituer l’histoire de Tanger à l’époque de la mythique zone internationale (années cinquante), à travers le regard d’un garçon (Mohamed-Larbi Salmi), le réalisateur, doublé de narrateur, nous a servi en voix-off et à grand renfort de plans fixes un film statique.
«Une suite de plans fixes, sans mouvements de caméras», reproche Mohamed Soukri, critique de cinéma. Le traveling, semble-t-il, n’a pas été utilisé pour donner du mouvement à un film qui ne manque pourtant pas d’atouts pour réussir le pari, notamment ce choix esthétique de Tanger-ville internationale qui n’a hélas pas été pertinemment exploitée. «Au lieu de redécouvrir une ville en plein essor à son époque internationale, on s’est retrouvé devant une ville-fantôme, dont les rues sont sales, ce qui amène à s’interroger si le réalisateur ne s’est-il carrément pas trompé d’époque», regrette-t-on. Film critique de la vision orthodoxe de l’Islam, il a cultivé à l’égard de la femme marocaine des paradoxes inextricables : on se demande si, dans les années cinquante, les mamans tangéroises portant le «niqab» (tissant recouvrant le visage) pouvaient se permettre de voir dans les salles de cinéma des films aussi osés. Témoin la séquence prise à la salle du cinéma Vox de Tanger et montrant des filles légèrement habillées, aux côtés de femmes recouvertes des pieds à la tête ( !), en train de voir des scènes de la danseuse du ventre égyptienne «Chadia». Plus encore, on a dû mal à imaginer comment l’épouse de l’imam Abdeslam Begdouri (Saïd Amel), interprétée par Bahija El Hachami, peut se permettre de faire la prière la tête presque nue. Sur le choix topographique, il y a également à redire. Comment une école française, baptisée du nom de «Marshan», peut-elle autoriser que ses façades portent à l’époque des inscriptions en arabe ? Le réalisateur aurait pu tout simplement cacher ces inscriptions pour donner à son film un minimum de vraisemblance.
Dans le cas de Moumen Smihi, qui a fait ses preuves dans le film-documentaire, cette lacune est principalement incompréhensible. «El Ayel» (Le gosse de Tanger) est certes ponctué de quelques belles images, traversé par des hors-champs magnifiques, notamment ces vues panoramiques prises sur le cap Spartel, ouvrant sur la Méditerranée et sur une ville qui a su ensorceler la fine fleur des artistes et écrivains internationaux : Tennesse Williams, Greta Garbo, Kerouac, Delacroix, Matisse, etc. Cet aspect, aussi important  soit-il, n’a malheureusement pas été montré dans le film.
Le réalisateur, paraît-il, est resté emprisonné dans un seul a-priori dénonciateur. Maladies, circoncision, orthodoxie musulmane, jansénisme des Européens… ont été les maîtres-mots du  film. Ce qui a porté plus d’un à se demander si cet a-priori n’aurait-il pas été avantagé pour «faire plaisir» aux producteurs étrangers du film, au détriment de Tanger.
Mais passons, «El Ayel» a laissé une impression principalement négative au sein du public. «C.R.A.Z.Y», film du Québecois Jean-Marc Vallé, a laissé des échos plutôt positifs. Dans ce film, le réalisateur traite du quotidien d’une simple famille pour ressortir des sentiments de filiation et de paternité extraordinaires. L’accueil favorable réservé à ce film confirme la percée que connaît actuellement le cinéma québecois.

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