Spécial

« A l horizon 2020, le Maroc récoltera les fruits du Plan Maroc Vert »

© D.R

ALM : Comment se présente le secteur de l’élevage au Maroc ? 

Dr Belkassem Hamdoun : Au Maroc, le secteur de l’élevage occupe une place primordiale dans l’agriculture malgré de multiples défis liés principalement aux conditions climatiques, à l’augmentation des prix des matières premières destinées à l’alimentation animale et au coût et à la difficulté relative à l’introduction des nouvelles technologies. L’élevage bovin, en particulier, est un secteur stratégique de la politique agricole marocaine, notamment pour ses rôles de création d’emploi et de richesse tout en participant à la sécurité alimentaire (fournisseur de protéines animales) et à la stabilité socio-économique en limitant l’exode rural. Il n’y a pas longtemps l’élevage bovin était presque en totalité extensif. Les animaux dont le but est la transformation de l’alimentation végétale en viande et lait étaient élevés sur des parcours où l’herbe est rare pendant une bonne partie de l’année. 

 

Quelles sont les raisons derrière l’évolution que connaît le secteur ? 

Effectivement, ces dernières décennies, l’amélioration de l’élevage bovin a été menée sur deux axes principaux. Il s’agit de l’amélioration génétique du troupeau pour augmenter ses performances et ceci par l’importation d’animaux de race pure ou le croisement et la généralisation de l’insémination artificielle. Le deuxième axe c’est celui de l’alimentation : une vache qui peut donner 10 à 12.000 litres de lait par an ou un taureau qui peut donner 5 à 600 kg de viande ont besoin d’une alimentation riche et équilibrée. Les parcours les plus riches ne peuvent permettre de telles performances. L’amélioration des deux filières lait et viande a été menée en parallèle. Les races laitières pures ou croisées donnent en plus du lait des veaux très performants à l’engraissement. Selon les statistiques de 2010, l’effectif du cheptel bovin compte plus de 2,9 millions de têtes générant une production de 2,23 millions de tonnes de lait (soit 82% de plus par rapport à 2005) et 436 mille tonnes de viande (soit 18% de plus par rapport à 2005). C’est une production qui couvre la totalité de la demande nationale. Sur les 35 milliards DH du chiffre d’affaires généré par le secteur de l’élevage toutes filières confondues, en amont et en aval, 52% sont générés par l’élevage bovin (15% par la filière laitière et 37% par les viandes rouges). Il offre aussi plus d’un million d’emplois.

 

Et qu’en est-il des entraves qui freinent ces deux filières liées à l’élevage bovin? 

Malgré les progrès enregistrés durant les dernières années grâce notamment aux mesures d’encouragement et d’accompagnement apportées par le Plan Maroc Vert, et en dépit du savoir-faire acquis par les exploitants et de la diversité des ressources génétiques et l’adaptation des races aux conditions de l’environnement, le secteur continue de se heurter à un certain nombre de contraintes qui limitent son développement. Il y a l’augmentation des coûts de revient liée principalement à la flambée des prix des matières premières sur le marché international, en plus des changements climatiques caractérisés par des périodes de disette et de sécheresse fréquentes et successives. Il y a aussi le nombre élevé de petits et moyens éleveurs qui complique les opérations d’encadrement, de vulgarisation et d’introduction des nouvelles technologies. A cela, il faut ajouter qu’il faut maîtriser les maladies et leur impact sur la reproduction et la production de lait et de viande. 

 

Quelle est la place des produits pharmaceutiques à usage vétérinaire dans le secteur ?

Le chiffre d’affaires de la pharmacie vétérinaire est de 600 millions DH, ce qui représente 10% du chiffre d’affaires de la pharmacie humaine. Il y a donc une industrie pharmaceutique vétérinaire qui se développe au Maroc. Aujourd’hui, elle produit 40% du médicament vétérinaire. L’enregistrement du médicament vétérinaire obéit à la même procédure rigoureuse que celui du médicament humain. Les dossiers d’enregistrement sont instruits par une commission mixte agriculture-santé publique. Il y a un contrôle rigoureux de la part des autorités de tutelle (agriculture et santé publique) sur tout le circuit du médicament vétérinaire depuis la fabrication locale ou à l’étranger jusqu’à l’administration à l’animal. 

 

Quelles sont les maladies qui affectent le plus la race bovine au Maroc ? 

En plus des pathologies courantes (mammites, métrites, pathologies du pied, maladies néonatales, bronchopneumonies enzootiques, etc.), des pathologies infectieuses de groupe telles que la brucellose, la tuberculose, les protozooses sanguines, les maladies virales (IBR,BVD…) continuent de pénaliser les performances de production du cheptel bovin et d’entraver son développement. La fréquence de ces entités pathologiques est directement influencée par les conditions d’élevage et la gestion sanitaire des étables qui ne se limitent pas au seul traitement des animaux malades. Elle est aussi fondée sur des actions préventives sanitaires (biosécurité, hygiène, management, traitement antiparasitaire) et médicales (vaccination, assainissement…). Le rôle du vétérinaire sanitaire dans la lutte contre ces maladies est incontournable. Son intervention pour traiter ou prévenir passe par l’établissement du diagnostic, le traitement et/ou l’élaboration d’un programme de prophylaxie sanitaire et médicale. 

 

Quelles sont vos perspectives pour le secteur ? 

A l’horizon 2020, le Maroc récoltera sans doute les fruits du Plan Maroc Vert. Ce projet ambitieux constitue une véritable feuille de route pour le développement durable de l’élevage bovin. En effet, les objectifs fixés à court et à moyen termes prévoient une augmentation agressive des productions pour répondre aux besoins en lait, en viandes et leurs dérivés. Ceci impose à nos élevages modernisation et intensification et à nos éleveurs plus de technicité, de savoir-faire et de compétitivité. Le vétérinaire, en assurant conseil technique à l’éleveur et bien-être à l’animal, en sécurisant les productions bovines dans leurs aspects les plus exigeants, agit en qualité de médecin et d’agent de développement de l’élevage. En effet, le Plan Maroc Vert a fixé des objectifs basés sur l’augmentation de l’offre en volume et l’amélioration de la qualité en préconisant des programmes et des actions adaptées à chaque filière. Il y a ainsi l’augmentation de la production laitière de 2,3 milliards de litres en 2011 à 5 milliards en 2020 et l’augmentation de la production de viande de 436 mille tonnes en 2010 à 450.000 tonnes en 2014 et 500.000 tonnes en 2020. En parallèle, ces denrées doivent rester accessibles au consommateur (coût de revient et distribution), leur qualité sanitaire doit être assurée et leurs coûts de production doivent garantir un bénéfice pour l’éleveur et les différents intervenants du secteur.

Articles similaires

SociétéSpécialUne

Plus de 28.000 nouveaux inscrits en 2022-2023 : De plus en plus d’étudiants dans le privé

L’enseignement supérieur privé au Maroc attire des milliers de jeunes chaque année.

SociétéSpécial

Enseignement supérieur privé : CDG Invest entre dans le capital du Groupe Atlantique

CDG Invest a réalisé une prise de participation de 20% via son...

SpécialUne

Forum académique Maroc-Espagne : Un partenariat tourné vers la recherche et l’innovation

Les présidents des universités marocaines et espagnoles se sont réunis, mercredi à...

FormationSpécialUne

Excelia Business School : Lancement du Doctorate in Business Administration à la rentrée 2024

Excelia Business School lance son Doctorate in Business Administration en septembre 2024....

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux