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Abdellatif Kabbaj : «La baisse des nuitées est attribuable au marché français»

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ALM : Au niveau du flux touristique, Marrakech enregistre depuis quelques temps une baisse très nette aussi bien en arrivées, qu’en nuitées. Des indicateurs qui semblent virer au rouge pour une destination aussi prisée que la ville ocre. En tant que président du CRT de Marrakech, à quoi est due cette situation?
Abdellatif Kabbaj : Je tiens à rappeler que Marrakech a bouclé l’année 2007 avec une légère augmentation en arrivées (+4%) et en nuitées (+5%), alors que pour les 5 premiers mois nous avons constaté un inversement des tendances  avec -4% en arrivées et -8% en nuitées, cette baisse est essentiellement attribuable au marché français (-14%) qui constitue notre principal marché fournisseur (62% de part de marché) qui s’explique entre autre par le recul du Tour opérating  mais aussi par des baisses significatives au niveau d’autres marchés tel que le marché britannique (-13%) en raison de problèmes liés à l’aérien (nouvelle taxe aéroportuaire; disparition des vols réguliers..). De manière beaucoup plus globale, et en plus des raisons que je viens de citer, il faut dire aussi que nous nous trouvons dans une situation de grande mutation au niveau de l’aérien car l’Open sky qui reste une action importante pour le Maroc, a eu comme seul résultat la multiplication des low cost ce qui a eu pour conséquence un désengagement des charters et des vols réguliers entraînant ainsi une baisse des nuitées hôtelières.  Cette baisse est enregistrée au niveau national et ne touche pas que Marrakech, elle concerne essentiellement les nuitées hôtelières et de manière moindre la destination (décalage entre trafic aéroport et flux touristiques). A tout ça s’ajoute la crise économique mondiale qui a touché le pouvoir d’achat des touristes.

L’ONMT avait débloqué une enveloppe de 45 millions  DH en faveur du CRT dans le but de créer une plate-forme et une centrale de réservation. Où en est ce dossier?
Votre question est pertinente, et je vous remercie de l’avoir posée, car cela me permet de faire un flash back  pour placer la question dans son contexte. Cela remonte au début de l’été 2007 lorsque le CRT avait fait part de ses inquiétudes sur un inversement prévisible de la tendance en se basant notamment sur l’état des réservations et des rapports d’organismes spécialisés. Plusieurs réunions ont eu lieu durant l’été  2007 entre l’ONMT et le CRT, à l’issue de ces réunions il a été convenu que l’ONMT puisse prendre les mesures nécessaires pour la mise en place d’une plat-forme Internet en débloquant les fonds nécessaires. Malheureusement ce projet n’a pas vu le jour avec le départ du directeur de l’ONMT en espérant que le nouveau directeur général M. Addou puisse réactiver ce projet qui reste nécessaire pour booster les ventes on line.

L’année 2008 affiche une forte baisse sur tous les marchés, notamment – 14% pour le marché français. Quelles seraient les démarches à entreprendre pour venir à bout de cette crise?
D’abord nous allons entamer les démarches nécessaires avec le nouveau directeur de l’ONMT pour que Marrakech puisse reprendre sa place de leadership en bénéficiant de l’effort promotionnel qu’elle mérite, car nous avons constaté dernièrement l’absence de toute promotion sur le marché français notamment en faveur de Marrakech car nous pensons que la première destination touristique du Royaume doit toujours faire l’objet de promotion continue. Parallèlement nous nous sommes inscrits dans une démarche qui vise le développement de nouveaux produits tels que : tourisme de famille, tourisme de congrès par le lancement de MCCB (Marrakech Congress & Convention Bureau).

Qu’en est-il du dossier partenariat?
Notre priorité pour l’année 2008 est de faire la promotion auprès des réseaux de vente (associations professionnelles des TO et distributeurs) par exemple : AITO (association britannique des TO indépendant), Hays Travel (important réseau de vente) mais notre souci majeur reste l’handicap de l’aérien qui a été d’ailleurs la raison de l’annulation de la convention de Hays Travel (offre trop chère de la RAM). Nous avons besoin de plus de sièges d’avion, à des tarifs compétitifs et en vol régulier et direct.

Où en êtes-vous avec les marchés émetteurs et comptez-vous vous ouvrir sur d’autres marchés?
Marrakech reste dépendante du marché français à hauteur de 62% mais des changements ont été opérés sur le mix clientèle, par exemple le marché britannique est passé de 5% (en 2005) de part marché à 11% durant ces dernières années, le marché interne qui représente 12% de PDM et reste  appelé à connaître une croissance importante. Ceci dit qu’il faut rappeler que les marchés allemand, italien et espagnol constituent des marchés potentiellement importants et qui pourraient connaître une amélioration en mettant les moyens de promotion et de communication nécessaires, en ciblant les niches (tourisme d’affaires, Bien-être, Golf, tourisme de montagne, Seniors…).  Beaucoup de pays de l’Est (Pologne, Russie…) s’intéressent à Marrakech mais il n’y a pas de liaisons aériennes.

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