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Akesbi ou l’amour du ballon rond

© D.R

L’homme est resté ce jeune attaquant qui a fait vibrer des milliers de fans, à l’intérieur, comme à l’extérieur du Maroc. Son charme toucherait toute personne qui prendrait le temps d’écouter son histoire, qui pourrait à elle seule remplir plusieurs pages de l’Histoire du football national. Le sourire toujours aux coins des lèvres, les yeux pétillant de cet éclat de malice, mélangé de timidité, qui est le propre de personnes, grandes par leur talent, mais qui se confondent en modestie. Ses 67 ans n’ont pas laissé beaucoup de traces sur son corps de grand sportif qu’il a toujours été, même après avoir décroché ses godasses il y a de cela une trentaine d’années déjà. Une blessure avait en 1970 mis fin à l’une des plus belles carrières de football national qu’était celle de Hassan Akesbi, puisque c’est de lui qu’il s’agit. Une double fracture contactée à la jambe lors d’une rencontre opposant son club le FUS au MAS avait alors privé ce joueur de prendre part à la Coupe du monde, organisée la même année au Mexique. Cela s’est passé durant le mois de Ramadan. Le Maroc allait participer à cette grandiose manifestation pour la première fois de son histoire. Hassan Akesbi était sur la liste des joueurs sélectionnés pour prendre part à cette extraordinaire aventure. « Mais le sort en a voulu autrement », s’exclame l’ancien fussiste avec une pointe d’amertume dans la voix. Ce dernier n’allait jamais réussir à se remettre de cette blessure. Malgré les soins qu’il a reçus, il n’a jamais pu reprendre le chemin des terrains de football par la suite. En tant que joueur bien sûr. «La fracture a en quelque sorte poussé à prendre ma retraite. Mais comme je ne pouvais vivre sans football, le reste s’est vite décidé. Je me suis rendu à Paris pour préparer un diplôme d’entraîneur », explique-t-il. Sous sa houlette, plusieurs formations ont défilé notamment le FUS, l’ASS, le HUSA, la RSS entre autres. Il a également pris en main les destinées de l’équipe nationale juniors, vers la fin des années soixante-dix. « J’ai vu grandir de petits bouts de joueurs qui ont régalé le public marocain par la suite : Baddou Zaki, Rachid Taoussi, Mohamed Timoumi, Abdellatif Laalou… », se souvient-il le sourire aux lèvres. Un sourire qui ne l’a pas quitté alors qu’il évoquait ses débuts. C’est qu’entre Hassan Akesbi et le ballon rond se sont tissés des liens tellement forts qui ne se sont jamais rompus. Des liens qui durent depuis l’âge de huit ans. Le petit garçon, un ballon de chiffon au pied, était alors très connu dans les rues du quartier Saniat El Baroud à Tanger, sa ville natale. «A l’époque, mes amis et moi jouions pieds nus de peur d’abîmer nos chaussures», se rappelle-t-il. Et même sans godasses, son talent ne pouvait passer inaperçu. Des clubs espagnols ont vite fait de le contacter, mais ils ont eu droit à une fin de non-recevoir. La scolarité du petit garçon passait avant tout. A l’époque, il comptait parmi ses professeurs l’érudit Abdellah Guennoun en personne. Mais l’attrait du ballon rond se faisant de plus en plus pressant, allait avoir le dessus. Agé de 14 ans à peine, le jeune Akesbi signait son premier contrat avec un club de tanger, alors zone internationale, et ce « sans l’autorisation de son père », précise-t-il. « Nous sommes dans les années cinquante. Mon père, que Dieu ait son âme en sa sainte miséricorde, aurait préféré que je devienne médecin, avocat ou ingénieur. Les mentalités de l’époque ne concevaient pas qu’on puisse choir à faire carrière dans le football». Quelques mois plus tard, «ce que je croyais être la chance de ma vie» s’est présenté. Un match à Cadix où les responsables de plusieurs grands clubs espagnols, dont le FC Barcelone, devraient être présents. « Au port, alors que je m’apprêtais de prendre le bateau, ma mère est apparue et m’a formellement interdit de partir avec le reste de l’équipe ». c’était une grande déception pour l’adolescent qu’il était à l’époque, et qui l’a longtemps éloigné des terrains de football. Ce n’est qu’après la mort de son père en 1951 que sa vraie chance allait se présenter. Quittant Tanger, il débarque à Rabat, et plus précisément au lycée Moulay Youssef pour terminer ses études. Contacté par Mokhtar Yazidi, un dirigeant du FUS mais surtout un « amoureux de Tanger », il intègre les rangs du club rbati dans le courant de la saison 1951-1952. c’est là que le jeune mais non moins talentueux joueur tangérois, fraîchement débarqué dans la capitale, allait faire l’une des rencontres qui l’a marqué à jamais, celle du prince Moulay Abdellah. «C’était un grand homme, de surcroît un grand amateur de football», se souvient Hassan Akesbi du défunt prince. De cette époque avec le club rbati, l’attaquant, qui s’est forgé une réputation de chasseur de but garde de très bons souvenirs, comme ceux de sa première sélection en équipe nationale. C’était en 1952, année durant laquelle le jeune Akesbi intégrait une équipe de rêve, avec ses Chtouki, Bachir, Mustapha Bettach, Mustapha Belahsen, pour ne citer que ceux-là. Avec le Fus, il allait étrenner également son premier trophée de meilleur buteur du championnat en 1953. Durant cette saison, il avait marqué une vingtaine de buts, qui lui a valu une prime de 70.000 francs, décernée par le Petit Marocain, «grand quotidien de l’époque coloniale», précise l’ancien fussiste avec fierté. Mais c’est de sa «période pro», comme il lui plaît de l’appeler, qu’il aime le plus parler, surtout de son passage à Nîmes Olympique, club qu’il intègre lors de la saison 1954-1955. C’est dans cette ville du sud de la France qu’il allait vivre de grandes émotions, personnelles d’abord puisque c’est durant ces sept années qu’a durées son passage dans la région qu’il a formé sa petite famille, et professionnelle avec de nombreux titres. En 1961, il change de club. Direction Reims pour 60 millions de francs. « La somme peut paraître dérisoire actuellement. Mais à l’époque, Nîmes Olympique avait construit tout un stade avec». La ville de Nîmes n’a d’ailleurs jamais oublié ce que Hassan Akesbi lui a offert. Il y a deux années, une manifestation a été organisée à son honneur, et durant laquelle il a été décoré par le maire. De Reims, où il a passé 3 années, il sera prêté à l’AS Monaco, qui visait alors pour le titre de champion de France. Le club monégasque s’est d’ailleurs offert kles services du Marocain à cet effet. Malheureusement, le titre lui échappa vers les dernières journées. Une année après (1964), son retour au FUS a mis fin à sa carrière professionnelle, surtout que ses contacts avec plusieurs clubs espagnols qui désiraient le recruter n’ont abouti à rien.

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