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Bouteflika : Une imposture algérienne (5)

Qui mieux, en effet, que ce Bouteflika, merveilleusement bicéphale, civil avec de parfaits états de service d’auxiliaire militaire, pouvait le mieux convenir aux généraux pour succéder à Liamine Zeroual en 1999 ? Tout a été dit sur ce mystérieux choix sauf, peut-être, l’essentiel : les généraux ont opté pour un « des leurs ». Il suffisait de refaire avec Bouteflika en 1999 ce que Boumediène et l’état-major avaient fait avec Ben Bella en 1962: se fabriquer un président parmi la fratrie naturelle. Un militaire à l’apparence civile, un civil à l’âme militaire.
Un profil parfait pour l’avocat dont la hiérarchie militaire, accusée de tous les crimes de la terre en cette année 1998, avait un pressant besoin : il avait le talent de communicateur pour plaider leur cause sans être tenté de les trahir en raison, justement, de cette relation intime qui en faisait un « filleul de l’Armée ». Toute la thèse du « moins mauvais des candidats» tient dans ce calcul clanique. « Il faut connaître la psychologie des militaires : depuis la mort de Boumediène, ils sont dans une quête obsessionnelle d’échapper au diktat d’un chef trop puissant, de vouloir continuer le régime de Boumediène sans Boumediène, soutient Sid-Ahmed Ghozali, ancien Premier ministre sous Chadli et Boudiaf. Ils se sont arrangés pour manager les civils comme des devantures. L’essentiel c’est qu’eux restent les chefs. » Khaled Nezzar et Chérif Belkacem confirment que l’option Bouteflika est née d’arrières-pensées claniques, même s’ils préfèrent disculper les chefs militaires en imputant la décision à un « lobby composé d’amis personnels de Bouteflika et à leur avant-garde Belkheir ». « Ces gens voulaient LEUR président pour avoir mainmise sur le pouvoir et l’impunité qui l’accompagne. Ils ont présenté Bouteflika comme la seule personne capable de rétablir l’image du régime à l’étranger. Ils ont plaidé la cause de Bouteflika auprès des décideurs, très réceptifs, car embarrassés par le fameux panel de l’ONU, la commission Soulier, la troïka et toutes ces ONG qui “aboyaient”, accusant l’Armée d’être derrière les massacres de populations », affirme Chérif Belkacem. Ghozali a une thèse complémentaire : « La présence de Larbi Belkheir dans ce lobby est significative. Pour moi, il n’est pas un faiseur de rois ou autre. Larbi Belkheir a agi sur instruction de l’Armée. Pas sur son initiative personnelle.
Les généraux ont été persuadés qu’il allait non seulement rehausser l’image du régime mais, aussi, ramener des milliards de dollars, ce qui n’était pas négligeable en 1998, année très dure. D’où le rôle de Larbi Belkheir, choisi en raison de ses bonnes relations avec les Emirats et l’Arabie saoudite, développées du temps de Chadli. Il était l’homme des Saoudiens.
Les Saoudiens ont certainement été instruits par les Américains pour pousser les Emirats à “placer” Bouteflika. C’est comme cela que cela se passe réellement.

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