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Des TIC à l’état embryonnaire

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Quelle place occupent les technologies de l’information et de la communication au Maroc ? Quel parti tire-t-on des mille et une possibilités qu’elles permettent ? Dans un environnement économique en mal de restructuration et où le maître-mot demeure la mise à niveau, avec l’optimisation des moyens techniques et technologiques que cette expression galvaudée suppose, peut-on parler d’un boom en la matière, en termes de pénétration, mais aussi d’exploitation ? Ce ne sont là que des questions qui se posent d’elles-mêmes et auxquelles les réponses prennent souvent la forme négative, parfois même passive. Et pour cause, l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication demeure en deçà des potentialités réelles. La faute est toujours à autrui. Le temps où ces technologies seront un outil aussi indispensable que populaire au Maroc se fait toujours attendre. Pour se rendre compte du retard pris par le Maroc, quelques chiffres s’imposent. A commencer par le taux de pénétration de l’outil informatique au Maroc, que ce soit au niveau des entreprises, de l’administration ou des menages. A fin 2002, seulement 25% des entreprises déclarées à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) étaient informatisées. Le nombre des entreprises équipées en matériel informatique ne dépasse pas 25.000. A fin 2001, et de tous les fonctionnaires que compte le pays, seulement 2,7% sont informatisés. Le taux d’équipement des ménages se passe, quant à lui, de tout commentaire. Il est de l’ordre de 0,5%. Le chiffre d’affaires global du secteur informatique a été de 5.159 milliards DH en 2002, dont 9% (soit 460 millions DH) à l’export. Plus de la moitié du chiffre d’affaires que génère le secteur est réalisé par la vente de matériel, les ventes en terme de logiciels ne dépassant pas les 9%. Le parc informatique du Maroc est importé dans sa quasi-totalité. Le matériel informatique est revendu via un réseau d’une trentaine de grossistes et revendeurs. La moitié de l’offre en matériel informatique est constituée soit d’assemblages locaux, soit de matériel d’occasion. S’agissant de l’utilisation d’Internet, le Maroc ne compte pas plus de 50.000 abonnés, entreprises et ménages confondus. Cette situation est due principalement à trois facteurs. Il y a d’une part la faible informatisation des entreprises dont 25% seulement sont équipées en matériel informatique ainsi que celle des ménages (moins de 1% contre 23% en France). D’autre part, les coûts élevés des communications et forfaits en dissuadent plus d’un. Un forfait de 25 heures par mois revient à un coût moyen de 12 DH l’heure. A cela s’ajoute la faible pénétration du téléphone fixe. Au niveau des entreprises, 10 à 15% seulement d’entre elles ont accès à Internet en 2003. 5% des entreprises disposent d’un site Internet. La plupart d’entre elles se limitent à une fonction de vitrines, dénuées de tout dynamisme. Le commerce en ligne demeure, quant à lui, très limité du fait du très faible nombre de sites transactionnels mais aussi d’une faible bancarisation de la population (1 million de cartes bancaires en circulation en 2002). La mentalité est par ailleurs peu encline à ce type de transaction. Au niveau des foyers, 35.000 foyers environ sont connectés à Internet, ce qui représenterait 5% des foyers disposant d’une ligne de téléphone fixe connectés. Cette faiblesse est contrebalancée par la fréquentation régulière de cybercafés, qui sont au nombre de 2.500. En total, on compte 800.000 internautes marocains en 2003, soit 2,5% de la population. Les deux principaux fournisseurs d’accès sont Maroc Télécom et Maroc Connect Wanadoo. A eux deux, ces opérateurs détiennent 90% du marché des abonnés. Les autres 10% sont aux mains de petits fournisseurs d’accès. Maroc Télécom détient 70% du marché des abonnés contre 20% pour Maroc Connect Wanadoo, filiale de France Télécoms. Ce rapport est de 95% contre 5% sur le marché des liaisons louées. La différenciation des offres entre les deux fournisseurs d’accès se joue surtout sur le service offert (présence d’une hot line, l’hébergement de sites Web…). Avec des écoles comme l’Ecole Mohammedia des ingénieurs (EMI), l’EMIAE, l’ENSIAS, l’ENIM, l’INPT et Al Akhawayn, qui forment des ingénieurs informaticiens aux compétences pointues, le Maroc n’a rien à envier aux pays développés en matière de ressources humaines opérant dans le secteur. Certaines sociétés de services et d’ingénierie informatique (SSII) commencent même à capitaliser leur propre savoir-faire en développant des logiciels qu’elles commercialisent à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Les ambitions ne manquent pas. Le Maroc, à la lumière de la stratégie e-Maroc, table sur un chiffre d’affaires de l’ordre de 50 milliards DH à fin 2005. L’APEBI estime quant à elle que le C.A du secteur des logiciels devrait s’élever des 441 millions enregistrés en 2002 à 1 milliard DH en 2008.Même si des efforts considérables ont été remarqués pour la promotion des TIC au Maroc, ces chiffres paraissent bien trop ambitieux. Le coût qu’un tel projet suppose d’une part, doublé de la sous-exploitation du parc existant, et le poids de la contre-façon de l’autre (taux de piratage de logiciel de l’ordre de 58%) retardent à plus d’un niveau une évolution qui relève pourtant des fatalités inéluctables.

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